Année politique Suisse 1967 : Chronique générale / Défense nationale
 
Armement et infrastructures
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Armement
Dans les domaines de l'armement et de l'équipement, il a été beaucoup question du projet de traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Nous en avons souligné l'importance politique ailleurs, mais il convient de rappeler ici que ce traité apporterait une limitation appréciable aux possibilités de défense du pays; cette limitation éventuelle, dont le peuple n'avait pas voulu en son temps, procède certes d'un choix politique que le Conseil fédéral n'a pas encore fait formellement. Toutefois, M. Spühler a déclaré à ce sujet que la Suisse, dans l'état actuel, ne pourrait pas sensiblement améliorer sa défense nationale, en s'équipant d'armes atomiques [20]. L'introduction des avions « Mirage » s'est poursuivie au cours de l'année, sans difficultés majeures, mais avec une certaine lenteur due au manque de personnel qualifié familiarisé avec l'appareillage électronique notamment. La polyvalence prévue initialement a été réduite. Le Conseil fédéral a obtenu des Chambres le crédit nécessaire à l'achat d'un troisième appareil biplace pour l'entraînement des pilotes [21]. L'achat de nouveaux avions a continué de faire l'objet de recherches, portant sur neuf types différents au moyen de techniques comparatives très développées. A ce sujet, l'accent a été mis, dans divers milieux, sur la nécessité de disposer d'avions d'intervention au sol; l'industrie indigène, qui a bénéficié des expériences de la construction sous licence du « Mirage », a souhaité être associée à l'introduction de nouveaux appareils [22]. La modernisation de l'artillerie a été aussi d'actualité; il s'est agi de doter les divisions mécanisées de canons automoteurs plus mobiles, plus puissants et moins vulnérables. Le choix s'est limité entre l'obusier M-109 américain, de 155 mm, blindé, et un obusier suisse à développer sur le châssis du char 1961. M. Celio a annoncé au Conseil national, le 13 décembre, qu'on achèterait le M-109, dont les essais à la troupe étaient satisfaisants et qui était disponible sans délais. La construction d'une nouvelle série de chars blindés a en même temps été décidée, pour remplacer les chasseurs de chars G-13 vieillis et pour assurer la continuité de la production des fabriques fédérales [23]. Enfin, alors que les études sur le choix d'un nouvel uniforme de sortie se poursuivaient, les Chambres ont approuvé l'achat de pèlerines de travail et d'imperméables de sortie pour la troupe [24].
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Places d'armes
Le problème des places d'armes, d'exercice et de tir est resté épineux. Alors que des espaces plus vastes sont nécessaires pour entraîner la troupe et déployer des formations plus grandes dont la conduite doit être exercée sur le terrain, celui-ci se fait plus rare et les collectivités publiques réagissent avec moins de bonne volonté aux propositions fédérales. Des conflits surgissent avec ceux qui défendent les intérêts du tourisme et des activités économiques locales. Le Conseil fédéral, donnant suite au plan publié en 1966, avait demandé 288 millions aux Chambres à la fin de l'année [25]. Les crédits ont été approuvés par les Chambres, non sans que ceux d'entre eux qui étaient destinés à l'aménagement des installations du Lac Noir n'aient donné lieu, du fait des oppositions locales appuyées par le Conseil d'Etat de Fribourg, à des atermoiements [26]. Les projets concernant le Vallon de Nant ont été abandonnés; de même, le Liechtenstein a obtenu que les tirs à balle sur la place du Luzisteig cessent totalement à la fin de 1968 [27]. Une opposition a continué de se manifester à Sierre contre l'installation d'une place d'armes pour l'infanterie [28]. Les places de Brugg et de Bremgarten, à l'étroit, ont éprouvé de la peine à s'agrandir [29]. Une petite question a permis au Conseil fédéral de s'exprimer sur un point souvent controversé, les méthodes d'achat de terrains du DMF [30].
 
[20] Cf. plus haut, p. 36; cf. aussi GdL, 42, 20.2.67; NZZ, 1099, 14.3.67; 1201, 19.3.67; Weltwoche, 1780, 22.12.67; etc.
[21] Cf. V. et VI, rapports sur l'état de l'acquisition des Mirage, in FF, 1967, I, p. 273 ss. et II, p. 52 ss.; NZZ, 655, 16.2.67; 978, 7.3.67; 1017, 9.3.67; 4017, 26.9.67. Les critiques ont encore été nombreuses, influencées en partie par le climat électoral: NZ, 65, 8.2.67; 66, 9.3.67; 77, 16.2.67; 346, 30.7.67; JdG, 34, 10.2.67; 39, 16.2.67; Bund, 58, 11.2.67; GdL, 39, 16.2.67; Vat., 39, 16.2.67; Zürcher Woche, 8, 24.2.67; 9, 3.3.67; 10, 10.3.67. — A la fin de l'année, la construction des 33 appareils du type S était terminée; 22 d'entre eux avaient été remis à la troupe. (FF, 1968, I, p. 212 ss.).
[22] Cf. NZZ, 505, 6.2.67; 2379, 31.5.67; 4420, 20.10.67; Bund, 121, 14.4.67; JdG, 90, 19.4.67; 245, 20.10.67; NZ, 216, 14.5.67; 486, 20.10.67; 524, 12.11.67; TdG, 258, 3.11.67; Zürcher Woche, 44, 3.11.67.
[23] GdL, 265, 13.11.67; 275, 24.11.67; JdG, 162, 14.7.67; Lb, 211, 11.9.67; 228, 30.9.67; Vat., 256, 4.11.67; NZZ, 4834, 13.11.67; NZ, 539, 21.11.67; NZZ, 5390, 13.12.67. — La décision définitive a été prise au début de 1968.
[24] FF, 1966, II, p. 927 ss. et 1967, II, p. 603 ss.; NZZ, 2580, 13.6.67; 2841, 30.6.67; 4054, 28.9.67; JdG, 150, 30.6.67; NZ, 296, 30.6.67.
[25] Cf. APS, 1966, p. 38; FF, 1966, I, p. 761 ss.; 1966, II, p. 869 ss. — Ce message a été complété le 2 mai 1967 par une nouvelle demande de 7 millions, cf. FF, 1967, I, p. 897 ss.
[26] Cf. TdL, 10-14, 10.1-14.1.67; 17, 17.1.67; 18, 18.1.67; JdG, 8, 11.1.67; GdL, 8, 11.1.67; 12, 16.1.67; Lib., 11, 14.1.67; 14, 18.1.67; 15, 19.1.67; 34,10.2.67. — NZZ, 2088, 12.5.67; TdG, 111, 13.5.67; NZZ, 2580, 13.6.67; 3487, 24.8.67; 3617, 2.9.67; 4054, 28.9.67; 4139, 3.10.67. — Voir aussi Lib., 216, 16.9.67 et 220, 21.9.67.
[27] Cf. GdL, 119, 25.5.67 (Nant); NZZ, 554, 10.2.67 (Luzisteig).
[28] NZZ, 1864, 18.4.67; TdG, 134, 10.6.67; TdL, 249, 6.9.67.
[29] Cf. Vat., 66, 20.3.67; 80, 7.4.67.
[30] Cf. PS, 184, 12.8.67; JdG, 187, 12.8.67; Bund, 222, 13.8.67; NZZ, 3357, 13.8.67.