Année politique Suisse 1967 : Economie / Crédit et monnaie / Politique monétaire
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Système monétaire
Les liens étroits que la Suisse entretient avec l'étranger sur le plan financier se sont fait sentir, au cours de l'année, de plusieurs manières, au sujet de la monnaie notamment. Une pénurie croissante d'argent-métal s'est manifestée sur le marché, et les principaux fournisseurs, dont les Etats-Unis, ont cessé leurs ventes. Cela a entraîné aussitôt une vague de spéculation et une hausse des prix. Il s'est agi, pour le Conseil fédéral, d'envisager une adaptation des monnaies divisionnaires à titre d'argent aux nouvelles conditions. Alors qu'auparavant, les propriétés techniques des pièces (alliage, diamètre, poids, etc.) étaient de la compétence des Chambres, le Conseil fédéral a demandé, par une révision de la loi sur la monnaie, de posséder dorénavant ces compétences, qui lui permettraient d'agir rapidement selon l'état du marché. Cette révision a été acceptée par les Chambres sans difficultés, à la session d'automne [14].
La crise latente du système monétaire international n'a pas manqué d'avoir des répercussions en Suisse: celle-ci, malgré la couverture surabondante de sa monnaie en or et en devises, subit le contrecoup des distorsions entraînées par les fluctuations des taux d'échanges; elle est engagée profondément dans le commerce mondial; elle occupe, à l'égard du reste du monde, une position de créancière sans pareille, si l'on tient compte du nombre des habitants [15]; elle a profité aussi du développement du marché européen des dollars, qui florit grâce aux déficits de la balance des paiements des Etats-Unis. La multiplicité de ses relations extérieures constitue la raison pour laquelle la Suisse reste attachée à l'étalon de change-or, au système' instauré par les accords de Bretton Woods, même si elle en reconnaît les insuffisances, et même si elle doit subir, comme les autres pays à balance des paiements excédentaire, les effets inflationnistes des déficits américains. 1967 a vu une tentative réussie d'aménager les statuts du Fonds monétaire international en vue de pallier la pénurie des liquidités internationales qui pourrait se produire. Les membres du Fonds se sont mis d'accord, à la Conférence de Rio de Janeiro, sur une proposition du Club des Dix [16] préconisant la création de droits de tirage spéciaux; la création de nouvelles unités collectives de réserve, préconisée par les Etats-Unis, a été écartée au profit de cette solution qui s'accompagne d'un renforcement de la position politique de la CEE [17]. La Suisse ne fait pas partie du Club des Dix ni du Fonds monétaire, mais elle a approuvé les décisions prises [18]. La question de sa participation s'est d'ailleurs posée à nouveau, du moment que les obstacles existant lors de la conclusion des accords de Bretton Woods semblent avoir disparu [19]. L'évolution de la livre sterling, sa dévaluation le 18 novembre, puis les attaques contre le dollar et la spéculation sur l'or ont amené les autorités moné . taires suisses à agir pour le maintien de la parité or du dollar, en accordant des prêts à la Grande-Bretagne, en participant au pool de l'or des banques centrales, en augmentant le montant des accords de troc de devises destinés à stabiliser les cours, en recommandant enfin aux grandes banques de suspendre le marché à terme de l'or [20]. La pression sur le dollar et sur l'or a crû à la fin de l'année, sans que jamais le franc suisse ne se trouvât directement en danger. Les autorités suisses se sont déclarées opposées à la réévaluation du prix de l'or, qui, selon elles, déclencherait une vague inflationniste; elles n'ont cependant pas pu agir sur les institutions [21].
 
[14] Cf. Message du 25 août 1967 in FF, 1967, II, p. 169 ss.; Bull. stén. CN, 1967, p. 453 ss. et 500; Bull. stén. CE, 1967, p. 302 s. et 318; FF, 1967, II, p. 546 ss.
[15] Sur ce point, voir les indications données par M. Iklé lors d'une conférence le 27 février; cf. NZZ, 977, 7.3.67. L'excédent d'actifs sur l'étranger s'élevait, en 1965, à plus de 43 milliards de francs, dont il faut déduire les quelque 12 milliards de réserves en or et en devises de la Banque nationale.
[16] Décision du Club des Dix à la Conférence de Londres du 26 août; cf. NZZ, 3538, 28.8.67; 3572, 30.8.67; GdL, 200, 28.8.67. Cet accord a eu une portée considérable, du moment qu'il lie les principaux pays industrialisés.
[17] Conférence de Rio, du 25 au 29 septembre; cf. GdL, 288, 30.9.67.
[18] Cf. TdG, 202, 29.8.67; Bund, 240, 3.9.67; NZZ, 2013, 8.5.67.
[19] Cf. M. IKLE, « Die Schweiz im internationalen Währungssystem », in Wirtschaft und Recht, 19/1967, S. 155 ff.
[20] Cf. NZZ, 4253, 10.10.67; 4265, 11.10.67; 4277, 11.10.67; TdG, 241, 14.10.67; JdG, 244, 19.10.67; 269, 17.11.67; GdL, 276, 25.11.67; TdG, 282, 1.12.67; Weltwoche, 1778, 8.12.67; GdL, 294, 16.12.67; TdG, 297, 19.12.67.
[21] Cf. NZZ, 1191, 18.3.67; 2013, 8.5.67; GdL, 285, 6.12.67; NZZ, 5404, 14.12.67; 5557, 27.12.67; 5563, 28.12.67; GdL, 294, 16.12.67.