Année politique Suisse 1970 : Chronique générale / Politique étrangère suisse / Missions traditionnelles
L'ONU a fêté ses vingt-cinq ans en 1970. Des manifestations commémoratives ont eu lieu, à Genève principalement qui en est le siège européen
[106]. La position officielle concernant l'adhésion de la Suisse est demeurée la meme: approche à pas lents
[107]. Entre la politique suisse et celle de Manhattan il y a, a déclaré M. Graber, identité de but — maintien de la paix — mais divergence de moyens — sécurité collective ici, neutralité là
[108]. Au Conseil national, le gouvernement a annoncé, en réponse à une petite question Ziegler (soc., GE), qu'un crédit de 50.000 francs était envisagé en faveur de la campagne d'information, promise dans le rapport de 1969, sur l'entrée éventuelle de la Suisse dans l'Organisation
[109]. Les mass media seront largement utilisés à cette fin et des groupements privés, telle l'Association suisse de politique étrangère, qui s'est montrée très attentive en 1970 au problème de l'adhésion
[110], seront consultés. La nécessité de faire tomber certains préjugés envers l'ONU, objet de méfiance ou d'ignorance dans de très larges couches de la population, s'est confirmée par l'attitude négative des Vigilants qui, à Genève, se sont opposés à l'installation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
[111].
Ayant signé le traité de non-prolifération nucléaire en quatre-vingt-douzième position, le Conseil fédéral a invoqué la raison de l'universalité pour justifier son geste de 1969
[112]. Reste maintenant la phase décisive de la ratification. La démission du commandant de corps P. Gygli du Comité d'action contre le traité n'a pas désarmé ce dernier, ni les autres opposants qui se recrutent essentiellement dans les partis conservateur et radical, ainsi que dans celui des paysans, artisans et bourgeois
[113]. Leurs principaux arguments sont les suivants: absence de sécurité supplémentaire étant donné la possibilité pour tout signataire de dénoncer le traité, inégalité criante entre possesseurs et non-possesseurs de bombes atomiques, transgression de la volonté du peuple qui s'est déjà exprimé sur l'armement nucléaire du pays
[114]. Le traité étant signé pour vingt-cinq ans, il est question d'autre part de le soumettre au référendum facultatif. Une controverse s'est engagée sur ce point capital, le DPF estimant que la clause de dénonciation qu'il contient permet d'éviter la procédure référendaire applicable à tout traité d'une durée de plus de quinze ans
[115].
[106] GdL, 175, 2.4.70; NZ, 276, 21.6.70; NZZ, 281, 21.6.70; 308, 7.7.70; TdG, 156, 7.7.70.
[107] Cf. APS, 1969, p. 40.
[111] TdG, 140, 18.6.70; NZZ. 279, 19.6.70; Weltwoche, 27, 3.7.70.
[112] Cf. APS, 1969, p. 43. Interpellations Rohner (ccs, BE) au CN et Jauslin (rad., BL) au CE: Délib. Ass. féd., 1970, I, p. 50 et 52. Petites questions Etter (PAB, BE) et Keller (rad., TG) et réponse du Conseil fédéral du 18.3.70: NZZ. 130, 19.3.70. Petites questions Fischer (PAB, TG) et Leu (ccs, LU) avec réponse du Conseil fédéral du 23.3.70: NZZ, 138, 24.3.70.
[113] NZZ, 35, 22.1.70; GdL, 18, 23.1.70; Sonntags-Journal, 4, 22./23.1.70.
[114] Bund, 55, 8.3.70; 67, 22.3.70; Vat., 154, 7.7.70. Cf. APS, 1969, p. 43.
[115] JdG, 19, 24./25.1.70; 26, 2.2.70; 29, 5.2.70; VO, 21, 28.1.70; 26, 3.2.70; 54, 7.3.70; Lb, 21, 27.1.70; 28, 4.2.70; 38, 17.2.70; 46, 26.2.70.
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