Année politique Suisse 1971 : Economie / Agriculture / Politique agricole
print
Revenu
S'agissant dé leur revenu, les agriculteurs ont à nouveau manifesté une certaine mauvaise humeur. La progression continue du renchérissement a permis à certains de leurs défenseurs de faire valoir l'idée d'une indexation systématique, alors qu'elle a incité l'Union suisse des paysans (USP) à réclamer, en début d'année, un relèvement général de 8 % des prix payés aux producteurs. Dans une pétition au Conseil fédéral, le PAB a présenté la même demande. En avril, le gouvernement a partiellement satisfait ces deux dernières revendications en augmentant les prix de base d'environ 6 % en moyenne. Le lait a passé de 58 à 62 centimes le litre; les autres hausses ont porté sur les prix de la viande, des céréales, du colza et de la betterave à sucre. En outre, le contingent laitier a été fixé à 26 millions de quintaux (25,75 auparavant). Ces ajustements ont permis en principe d'augmenter le revenu paysan de 130 millions de francs, dont 50 millions supportés par la Confédération, le reste par les consommateurs qui ont dû payer quatre à cinq centimes plus cher le litre de lait [7]. L'USP a accueilli plutôt avec faveur les améliorations consenties, l'Union centrale des producteurs de lait — qui avait demandé une augmentation de cinq centimes sur le lait — avec réserve, l'Union des producteurs suisses avec mécontentement. Organisation dissidente, cette dernière a menacé de recourir à certains procédés spectaculaires pour faire triompher leurs revendications. A la fin de l'année elle a demandé, par la bouche de l'un de ses représentants, une augmentation de dix centimes sur le prix de base du lait [8].
Préoccupée des conséquences qu'entraînait le renchérissement des produits agricoles, la Fédération suisse des consommateurs a proposé d'adapter leurs prix à ceux du Marché commun et de compenser les pertes des agriculteurs suisses par des subventions directes. Pour étudier ce dernier point, le DFEP a institué une commission d'experts. Quant au premier, il soulève le délicat problème de l'institution éventuelle d'un « volet agricole» entre la Suisse et la CEE. S'il est vrai que les objectifs de la politique agricole sont identiques de part et d'autre, les conditions existantes demeurent fort différentes, non seulement pour ce qui est des structures de coût et de production, mais aussi et surtout en ce qui concerne le système de revenu. L'application pure et simple des prix en vigueur dans la CEE réduirait le revenu net des agriculteurs suisses de 50 % en moyenne. De plus, déclare le Conseil fédéral, elle abaisserait le degré déjà fort bas d'auto-approvisionnement du pays. Toutefois le Conseil fédéral pense que des arrangements sont possibles qui répondraient aux « nécessités d'une solution globale équilibrée et fondée sur la réciprocité » [9]. Des échanges de vues et d'informations ont eu lieu à ce sujet dans le cadre des pourparlers exploratoires de Bruxelles. Une étude, commandée par la CEE, a même été faite à l'Université de Kiel (RFA) sur l'agriculture et la politique agricole suisses [10].
 
[7] Indexation: petite question Clerc (lib., NE) au CE et réponse du CF (NEZ, 159, 12.7.71); congrès du PAI vaudois: NZZ. 89, 23.2.71. USP: NZZ. 30. 20.1.71. PAB: NZZ, 114, 10.3.71. Augmentation de 6 %: JdG, 92, 22.4.71; NZZ, 183, 22.4.71. Cf. infra, p. 183.
[8] USP: NZZ, 184, 22.4.71. Union centrale des producteurs de lait: NZZ, 37, 24.1.71; 184, 22.4.71. Union des producteurs suisses: NZZ, 187, 24.4.71; 599, 23.12.71; GdL, 95, 26.4.71; Tw, 96, 27.4.71.
[9] Fédération suisse des consommateurs: NZZ, 84, 20.2.71. DFEP: NZZ, 127, 17.3.71. Volet agricole (avec citation): FF, 1971, I, p. 68.
[10] Compte rendu, in NZZ, 393, 25.8.71. Négociations avec la CEE: cf. supra, p. 49.