Année politique Suisse 1973 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
 
Parti radical-démocratique
Parmi les partis gouvernementaux, ce fut au tour du Parti radical-démocratique (PRD) de s'occuper d'une réforme de son programme et de sa structure. Dans un vaste processus de formation de l'opinion, qui, pour la première fois, englobait aussi les sections locales, des principes ont été élaborés visant à donner une nouvelle image de marque du parti. La version adoptée en novembre par l'assemblée des délégués place la liberté de l'homme au centre, tout en soulignant — contrairement au programme de 1959 — sa coresponsabilité dans l'aménagement social. Elle exige une restriction des concentrations économiques et une plus large répartition de la propriété, une propriété qui a des devoirs envers la société, ainsi qu'une participation différenciée des travailleurs au sein de l'exploitation. Elle donne la priorité à la protection du milieu naturel sur une production en constante augmentation. Elle suit ainsi les lignes d'un projet formulé par une commission créée en 1972, qui, cependant exprimait davantage encore une tendance aux réformes sociales [11]. Cette tendance se manifesta notamment dans les thèses d'un groupe de travail sur le droit foncier qui ont suscité un écho mitigé dans les milieux du parti [12]. Un autre groupe de travail s'occupa de la réforme des structures. Ses propositions tendent — à l'instar du PDC — à la constitution d'un parti dit de membres, dont les adhérents auraient l'obligation générale de verser une cotisation, dont les organes centraux seraient renforcés tout comme d'ailleurs serait renforcé le processus interne de formation de l'opinion, et qui finalement porterait une dénomination commune [13].
Dans quelques partis cantonaux, des réformes du même type ont été entreprises. C'est la section valaisanne, sous l'impulsion de son organisation de jeunesse, qui est allée le plus loin, publiant un programme de parti mettant l'accent sur l'équité sociale, réclamant une nouvelle répartition de la puissance politique et économique aussi bien que des revenus et la reconnaissance de certains droits sociaux (santé, formation). Les nouveaux programmes fondamentaux en Argovie et à Bâle-Ville rejoignent davantage les thèses du parti national. Le parti cantonal de Bâle-Ville, le dernier en Suisse alémanique à porter encore la dénominat ón de a radicale » remontant aux premiers temps du système des partis suisses, adapta par la même occasion son nom à celui du parti national (en allemand : Freisinnig-demokratische Partei). La tendance à l'unification de l'organisation du parti se heurta cependant à des résistances : ainsi, à Soleure, on renonça lors de la revision des statuts à donner une définition précise de la qualité de membre [14]. Le particularisme prononcé au sein du Parti radical apparut notamment lors de la votation populaire sur les articles sur l'enseignement ; près de la moitié des partis cantonaux opposèrent un a non » ou la liberté de vote au a oui » recommandé par le comité central du parti national [15].
 
[11] Version définitive : « Le radicalisme aujourd'hui », in Revue politique, 52/1973, p. 163 as. Projet de la commission in NZZ, 89, 23.2.73. Cf. L'activité du Parti radical-démocratique suisse et du Groupe radical-démocratique de l'Assemblée fédérale en 1972/73 (publication no 163 du Secrétariat général du PRDS), p. 6 ss. ; GdL, 33, 9.2.73 ; TG, 33, 9.2.73 ; la tendance réformiste fut soutenue par Paul H. Ehinger, « Liberalismus und Gleichheit », in Schweizer Monatshef te, 53/1973-74, p. 103 ss.
[12] Cf. supra, p. 101.
[13] NZZ, 291, 27.6.73 ; TA, 169, 24.7.73 ; cf. APS, 1970, p. 186 s.
[14] Extraits des programmes in Revue politique, 52/1973, p. 168 ss. Cf. pour le Valais : TLM, 49, 17.2.73 ; pour Bâle-Ville : NZZ, 44, 28.1.73 ; BN, 36, 12.2.73 ; pour Soleure : NZZ, 520, 8.11.73.
[15] Cf. supra, p. 127.