Année politique Suisse 1973 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
 
Parti socialiste
Le Parti socialiste (PSS) a cherché à marquer davantage ses positions au moyen de nouvelles initiatives populaires. Le congrès qui eut lieu en juin à Bienne fut notamment consacré à l'impôt sur la richesse, postulat de 1968 repris en 1972, ainsi qu'à une refonte du droit foncier pour l'étude de laquelle, en 1972, on n'avait plus trouvé le temps, mais qui avait été soutenue avec fermeté lors d'un congrès, en mars, des représentants socialistes des villes suisses. Dans les deux questions, le comité du parti a été incité à adopter un rythme plus rapide sous l'impulsion de la gauche, soutenue en particulier par les jeunes intellectuels [16]. Ces nouvelles initiatives, cependant — celle sur le système fiscal a déjà été lancée en automne — n'ont pas pu réduire les tensions au sein du parti. C'est à Zurich surtout, ville dont la direction du parti est dominée depuis 1972 par une forte tendance à gauche, que l'affrontement a été orageux, les dissensions éclatèrent notamment avec l'opposition marquée au projet de métro, appuyé pourtant par le parti cantonal, et à la suite de la décision de rendre obligatoires, pour les membres socialistes des autorités, les décisions du parti [17]. Comme ce fut déjà le cas en 1970, et par réaction contre la gauche favorable à la lutte des classes, une ferme prise de position contre l'extrémisme révolutionnaire fut exigée et l'on mit en garde contre le danger d'un noyautage ; on opposa à cet appel la nécessité et la fécondité de l'utopie [18].
Les tensions persistantes ne facilitèrent pas la solution d'une question en suspens depuis 1970, la réforme des structures. Un projet élaboré par les secrétaires des partis cantonaux et qui proposait de restreindre l'assemblée du parti en n'y admettant que les délégués désignés par les organes de district et non des sections locales, n'a pas été agréé par les comités responsables [19]. Les élections au Conseil fédéral provoquèrent une nouvelle épreuve de force. En lieu et place du président du parti, A. Schmid, désigné par le groupe parlementaire et considéré comme conciliateur, c'est W. Ritschard, plus à droite, qui fut élu et qui accepta sa nomination sans hésiter, ce qui déclencha des protestations sur l'aile gauche. Le Parti socialiste subit des revers lors de différentes élections, notamment au profit des partis contre l'emprise étrangère et d'autres formations de création récente [20]. En outre la liquidation de la chaîne « AZ s, à la fin de l'année, porta un coup sensible au parti qui perd ainsi, en Suisse alémanique également, son quotidien interrégional [21].
 
[16] PSS, Congrès extraordinaire 1973, procès-verbal des décisions ; AZ, 127, 4.6.73 ; 7dG, 129, 4.6.73 ; NZZ, 253-255, 4-5.6.73. Cf. supra, p. 72 et 101 ainsi que PSS, Congrès ordinaire 72, procès-verbal des décisions, p. 51 ss. Pour le congrès des représentants des villes, cf. AZ, 77, 2.4.73 ; Ww, 23, 6.6.73.
[17] TA, 239, 15.10.73. Cf. NZ, 435, 25.11.72 et supra, p. 89.
[18] Cf. le débat mené dans la revue Profil, notamment par Otto Lezzi (1973, p. 33 ss. et 265 ss.) et Richard Lienhard (19'73, p. 65 ss. et 297 ss.).
[19] AZ, 119, 23.5.73.
[20] Cf. supra, p. 18 s. (Conseil fédéral) et 27 ss. (élections populaires).
[21] Cf. supra, p. 137 s.