Année politique Suisse 1975 : Eléments du système politique / Elections / Elections fédérales
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Listes et candidats
En dépit du nombre relativement réduit de sièges vacants au Conseil national, le choix des listes et candidats s'était encore étendu. Dans les 20 cantons ayant droit à plus d'un mandat et qui, dès lors, procèdent par la proportionnelle, on dénombrait 170 listes avec 1947 candidats (1971 : dans 19 cantons, 149 listes et 1687 candidats), dont 45 listes avec 1109 candidats dans les seuls Zurich et Berne (1971 : 40 listes avec 918 candidats). Cet accroissement était dû à l'apparition de nouveaux groupements et à l'effort des petits partis soucieux d'élargir leur éventail et de prendre pied dans un plus grand nombre de cantons. Ainsi, les partis de l'extrême-gauche présentaient-ils 270 candidats contre 88 en 1971 et ceux de la nouvelle droite 271 contre 172 [10]. On vit également des partis plus importants participer pour la première fois dans de nouveaux cantons, comme le PDC en Appenzell Rhodes-extérieures, l'UDC à Schwyz, les indépendants en Thurgovie ; en revanche, ils se retiraient de la lutte dans d'autres cantons [11]. Dans les grands cantons, les partis gouvernementaux ne renoncèrent guère à leur pratique, submergeant le marché des candidats de listes régionales [12]. Le nombre des candidats cumulés officiellement était en forte hausse : 82 candidats en bénéficiaient, dont trois seulement appartenaient à un grand parti et sept étaient des anciens [13]. Les socialistes bernois assuraient de cette manière l'élection d'un représentant antiséparatiste du Sud du Jura, cela après la rupture au sein du PS jurassien [14]. La proportion des candidates féminines augmentait légèrement (1971 : 15,8 % ; 1975 : 16,9 %), en partie grâce à une liste purement féminine déposée dans le canton de Zurich par l'ancienne députée indépendante Lydia Benz [15].
Les apparentements de listes ne se distinguaient guère de ceux des précédentes élections au Conseil national. Dans la plupart des cantons qui voyaient s'aligner l'UDC, celle-ci faisait cause commune avec le PRD ; à Berne cependant, pareille alliance était une innovation. Dans les cantons de Zurich et d'Argovie, se répétait la coalition à trois avec le PDC. Comme de coutume dans les cantons romands de tradition protestante, les partis bourgeois pratiquèrent l'apparentement. A l'instar de 1971, le Parti socialiste et le Parti du Travail ne s'apparentaient que dans les cantons de Genève et Vaud ; les socialistes alémaniques et neuchâtelois déclinaient les offres du PdT. Ce dernier renonçait dès lors en Suisse alémanique à se joindre aux formations de la nouvelle gauche ; POCH et Ligue marxiste révolutionnaire s'alliaient en revanche dans divers cantons. Républicains et Action nationale constituaient en certains endroits un bloc tactique, mais moins souvent que quatre ans auparavant. Les conditions particulières du Jura bernois, où dominait la perspective de la constitution d'un nouveau canton, ont entraîné la formation d'apparentements entre le PDC, le PS, les chrétiens-sociaux indépendants et une liste séparatiste du Jura du sud, comprenant aussi des radicaux [16].
 
[10] PdT : 114 candidats dans 10 cantons (1971 : 72 candidats, 6 cantons) ; POCH/PSA : 101 candidats dans 10 cantons (1971: 16 ; 3) ; Ligue marxiste révolutionnaire : 55 candidats dans 11 cantons (pas de participation en 1971) ; AN : 110 candidats dans 10 cantons (1971 : 66 ; 11) ; MNA : 92 candidats dans 7 cantons (1971, les Vigilants genevois inclus : 82 ; 9) ; autres groupements de droite : 69 candidats dans 5 cantons (1971 : 24 ; 1).
[11] Ne se représentèrent pas : le PDC dans le canton de SH, l'UDC au TI et l'AdI dans le canton de SO.
[12] Berne : 13 listes régionales avec 291 candidats (1971 : 15 listes, 328 candidats) ; Zurich : 7 listes régionales avec 245 candidats (1971: 6 listes, 210 candidats) ; Saint-Gall : aucune liste régionale (en 1971 le PRD avait présenté 2 listes). Cf. la critique du professeur E. Gruner in BN, 235, 9.10.75.
[13] En 1975, deux socialistes et un démo-chrétien furent favorisés par le cumul. En 1971, seuls 21 candidats avaient été cumulés dont un socialiste sortant et 20 candidats de petits partis (Gruner/Daetwyler/Zosso, op. cit., p. 201 ; APS, 1971, p. 31).
[14] Bund, 119, 26.5.75. En 1971, seul le séparatiste P. Gassmann fut élu sur la liste du PS jurassien (APS, 1971, p. 28, note 170). Pour la situation de ce parti régional, cf. supra, part. I, 1d (Question jurasienne).
[15] Candidates : Elections au Conseil national 1975, Premier aperçu, p. 29. Zurich : TA, 216, 18.9.75 ; 24 Heures, 238, 14.10.75.
[16] Pour les apparentements, cf. Elections au Conseil national 1975, Premier aperçu, p. 48 ss. Coopération PS-PdT : 24 Heures, 153, 4.7.75 (Vaud) ; VO, 205, 5.9.75 (Genève). Refus du PS et du PdT : VO, 198, 28.8.75 (Neuchâtel) ; !dG (ats), 206, 4.9.75 (cantons alémaniques). I.e POCH proposa des apparentements également aux socialistes (NZZ, sda, 193, 22.8.75). En Argovie, il y eut apparentement entre le PS et le Team 67. Jura : TLM, 180, 29.6.75 ; 249, 6.9.75 ; 252, 9.9.75 ; VO, 209, 10.9.75 ; Tw, 218, 18.9.75.