Année politique Suisse 1976 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
 
Système des partis
Les partis étaient encore, de manière générale, sous l'influence des élections fédérales de 1975. La plupart d'entre eux se préoccupaient de reviser leur orientation ou leurs structures. Ni les groupes issus de scissions isolées, ni les nouvelles formations n'ont trouvé beaucoup d'adhérents.
Les rapports entre les quatre partis gouvernementaux ont été nettement marqués, durant le premier semestre, par les oppositions surgies à fin 1975, lors des conversations infructueuses sur le contrat de législature [1]. On peut voir un signe de cette tension persistante dans la tentative réussie des milieux bourgeois de Bâle-Ville d'empêcher l'élection de H. Hubacher, président du PSS, au gouvernement cantonal ; l'intéressé y a répliqué en suggérant que son parti cantonal ne collabore plus avec les partis gouvernementaux bourgeois, mais avec l'extrême-gauche [2]. Bien qu'il n'ait fait que reprendre l'exemple donné par ses camarades de Suisse romande, des voix socialistes venant de cantons alémaniques ont très fraîchement réagi aux idées d'union de la gauche ainsi énoncées par le chef du parti suisse [3]. Le rôle de parti-charnière que s'attribue le PDC n'est pas resté incontesté : après la fondation d'un Parti chrétien-social suisse, le service de presse de l'UDC a souligné, en juin, les différences entre les diverses tendances démocrates-chrétiennes, invitant le parti du « centre dynamique » à choisir entre ligne bourgeoise et tendances socialistes. Le secrétaire général du PDC, H. P. Fagagnini, a rejeté pareille alternative et regretté la polarisation croissante des autres partis gouvernementaux. Il a soulevé le problème de la mesure dans laquelle les partis représentés au Conseil fédéral peuvent appliquer une « stratégie double » (entre gouvernement et opposition), sans que soit mise en doute leur aptitude à participer à l'exécutif [4].
Mais, dès le débat du Conseil national sur les Grandes lignes, au mois de mars, les commentateurs ont relevé une certaine solidarité des quatre grands groupes, cela en dépit de l'absence de contrat de législature. Quoique le porte-parole du PS se soit moins étroitement identifié au programme du Conseil fédéral que ses trois partenaires bourgeois, on nota une certaine volonté d'arriver à une entente [5]. La compréhension qu'un échec de la taxe à la valeur ajoutée mettrait en péril la pour-suite des tâches que tous les partis gouvernementaux estiment relever de l'Etat renforça cette disposition. Le vote populaire rejetant la loi sur l'aménagement du territoire y contribua également, les trois grands partis bourgeois ayant été désavoués par une partie importante de leurs électeurs. Les milieux dirigeants des partis gouvernementaux ne sont pas restés insensibles aux appels du Conseil fédéral réclamant un engagement particulier pour garantir les moyens financiers indispensables à la Confédération [6]. Lors de la discussion aux Chambres sur le « paquet fiscal », aucun consensus n'avait pu se dégager dans un premier temps, les socialistes s'étant abstenus au vote. En revanche, un compromis put être réalisé entre les sessions d'automne et d'hiver, à l'occasion des rencontres régulières entre représentants des quatre partis. Cet accord a finalement été sanctionné par le parlement [7].
 
[1] Cf. APS, 1975, p. 18, 173 s.
[2] Basler AZ, 74, 15.4.76. Cf. supra, part. I, 1e (Elections cantonales, exécutif) et H. Hubacher in Profil, 1976, p. 161 ss.
[3] TW, 90, 17.4.76 ; Winterthurer AZ, 91, 21.4.76 ; Basler AZ, 96, 19.5.76.
[4] SVP, Pressedienst, 2.6.76 ; NZZ, 134, 11.6.76 ; Tat, 142, 18.6.76. Cf. aussi Vat., 130, 5.6.76. Sur le Parti chrétien-social, cf. infra, Parti démocrate-chrétien.
[5] Bund, 59, 11.3.76 ; NZ, 79, 11.3.76 ; 24 heures, 59, 11.3.76 ; BZ, 60, 12.3.76 ; NZZ, 67, 20.3.76. Cf. supra, part. I, 1c (Regierung).
[6] Bund, 164, 16.7.76 ; TA, 175, 30.7.76 ; 190, 17.8.76 ; NZ, 273, 2.9.76. Sur la taxe à la valeur ajoutée, cf. supra, part. I, 5 (Finanz- und Steuerpaket) ; sur l'aménagement du territoire, voir part. I, 6c (Raumplanung).
[7] TA, 211, 10.9.76 ; 238, 12.10.76 ; Vat., 211, 10.9.76 ; Ldb, 238, 13.10.76 ; 280, 1.12.76 ; NZZ, 241, 14.10.76 ; BN, 242, 16.10.76 ; 253, 29.10.76 ; TW, 255, 30.10.76.