Année politique Suisse 1976 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
 
Parti démocrate-chrétien
Dans son souci de suivre une ligne centriste, le Parti démocrate-chrétien (PDC) a surtout cherché à éviter les écueils se trouvant à sa gauche. Entre l'initiative sur la participation, lancée à l'instigation de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), bénéficiant de la sympathie déclarée de la conférence épiscopale, et le contre-projet de l'Assemblée fédérale issu des milieux radicaux, il a choisi le « double non » en guise de voie médiane. Cela afin de regrouper le parti d'une manière aussi compacte que possible derrière une solution proche de celle présentée initialement par le Conseil fédéral. Ce qui n'empêcha pas le Groupement chrétien-social, qui englobe les partis chrétiens-sociaux et les ailes de même tendance au sein du PDC, de recommander le « oui » à l'initiative [8]. En mai, les groupes indépendants de quatre cantons ont formé le Parti chrétien-social suisse ; son premier président, Adolf Bienz, député au Grand Conseil lucemois, a reproché au PDC de ne pas assez tenir compte des postulats de politique sociale [9]. Cette fondation créa une certaine sensation, mais le nouveau parti ne réussit pas à détacher, même partiellement, l'aile chrétienne-sociale du PDC, qui confirma peu après dans ses nouveaux statuts son caractère de groupement du PDC [10]. Le Parti chrétien-social indépendant du Bas-Valais, fondé en avril seulement, et dont l'objectif était de briser la majorité absolue du PDC dans le canton rhodanien, n'a pu prendre pied lors des élections communales de décembre [11]. Une autre controverse s'est déroulée avec un groupe de démocrates-chrétiens collaborant au sein du mouvement « Chrétiens pour le socialisme » et qui avaient souscrit à l'esquisse d'un programme préconisant la socialisation des moyens de production, le rejet de la paix sociale et de la défense nationale militaire [12]. C'est pourquoi le PDC zurichois a refusé à Marie-Thérèse Larcher, présidente de la Communauté de travail des femmes du PDC et secrétaire générale de l'Union européenne des femmes démocrates-chrétiennes, la reconduction de son mandat au sein de la direction cantonale du parti [13].
En août, le PDC a discuté avec les représentants de la CSC, de l'Association des dirigeants d'entreprises chrétiens, de la Société des étudiants suisses ainsi que d'autres groupes, de la définition d'une « politique chrétienne » et d'un projet de programme fondamental du parti. Celui-ci, par la suite, a été soumis en consultation, sous une forme plus élaborée, aux partis cantonaux et aux organisations proches. Ce projet se distancie aussi bien des modèles socialistes que d'une opposition systématique à tout élargissement des compétences étatiques et approuve une participation des travailleurs en tant que partenaires à l'usine et dans l'entreprise, ainsi qu'un droit social fondamental à l'éducation [14].
 
[8] Cf. supra, part. I, 7a (Participation) et 8b (Eglises). Groupement chrétien-social du PDC : Vat., 44, 23.2.76.
[9] Vat., 121, 25.5.76 ; LNN, 123, 28.5.76 ; NZZ, 124, 29.5.76. Le nouveau parti englobe les partis chrétiens-sociaux indépendants du Jura et du Bas-Valais, le Parti indépendant chrétien-social de FR et le Parti chrétien-social de LU.
[10] Vat., 125, 31.5.76. Le groupement a élu le CN Ziegler (SO) comme président.
[11] Fondation : TLM, 121-123, 30.4-2.5.76. Elections : TLM, 349, 14.12.76.
[12] Für eine offene Kirche, no spécial, 1975. Cf. aussi Vat., 158, 10.7.76 ; 206, 4.9.76 ; A. Eggenspieler, « Ein christlicher Sozialismus ? » in Schweizer Rundschau, 75/1976, no 5, p. 23 ss. Fondé au Chili en 1971, le mouvement s'est répandu en Amérique latine et en Europe occidentale.
[13] TA, 95, 24.4.76 ; 115, 19.5.76 ; NZZ, 148, 28.6.76. Cf. aussi Ostschw., 151, 1.7.76.
[14] Vat., 201, 30.8.76 ; 206, 4.9.76 ; Ostschw. (ddp), 260, 6.11.76.