Année politique Suisse 1976 : Partis, associations et groupes d'interêt / Associations et autres groupes d'interêt
 
Paysans
Au sein de l'Union suisse des paysans (USP), l'opposition interne s'est dirigée, en revanche, contre une politique de défense des intérêts agricoles jugée trop modérée. La direction de l'USP a certes réussi à faire voter l'assemblée des délégués en faveur de la loi sur l'aménagement du territoire, mais une forte minorité et plusieurs associations cantonales ont rejeté le projet, reflétant mieux l'opinion paysanne [16]. La commission de réorganisation de l'USP, créée en 1974, relevant une perte de confiance dans l'organisation professionnelle, a recommandé, dans son projet de statuts, de mieux tenir compte des divers secteurs de la production et de mieux assurer la représentation de la base [17]. Les comités de défense des paysans, se faisant les porte-parole de cette base, ont souligné que les organes de l'USP sont composés à 70 % de fonctionnaires et non de paysans [18]. Au cours du dernier trimestre, l'attitude de l'USP envers les autorités fédérales s'est durcie ; de nouveaux calculs, moins favorables, du revenu agricole l'ont amenée à revendiquer un réajustement des prix et des mesures de protection renforcées contre l'importation de produits agricoles [19].
Les organisations paysannes dissidentes ont continué à pratiquer leur politique de revendications appuyées par l'action directe. L'Union des producteurs suisses (UPS) s'est plainte d'avoir été ignorée lors de la consultation sur la législation agricole, exigeant d'être traitée sur un pied d'égalité avec l'USP [20]. Pour appuyer cette revendication, l'UPS a recueilli les signatures d'adhérents se déclarant prêts à refuser de verser l'impôt de défense nationale et les intérêts hypothécaires [21]. En accord avec les comités paysans de Suisse alémanique, elle a soutenu l'initiative Delafontaine sur le droit foncier qui tend à préserver les intérêts agricoles, tout en se défiant de la loi sur l'aménagement du territoire. D'autre part, des milieux de l'UPS ont exprimé de fortes sympathies pour l'initiative syndicale sur la participation [22]. Après vingt ans de présidence, le Genevois L. Berguer a été remplacé à la tête de l'UPS par le Vaudois P. Tombez [23].
 
[16] USP : 24 heures, 65, 18.3.76. Pour les rejets, cf. GdL, 62, 16.3.76 (Vaud) ; Ostschw., 111, 13.5.76 (Thurgovie) ; Vat., 116, 19.5.76 (Schwyz) et 122, 26.5.76 (Lucerne) ; Bund, 120, 24.5.76 (Berne). Cf. supra, part. I, 6c (Raumplanung).
[17] NZZ (sda), 188, 13.8.76 ; BZ, 189, 14.8.76 ; Informationen SBV, 4, 26.1.77.
[18] Union, 26, 1.9.76 ; 1, 5.1.77 ; BZ, 210, 8.9.76.
[19] 24 heures, 238, 12.10.76 ; 303, 28.12.76. Cf. supra, part. I, 4c (Politique des prix).
[20] Union, 20, 9.6.76 ; Bund, 288, 8.12.76. Cf. aussi supra, part. I, 4c (Régulation des ventes).
[21] Union, 22, 7.7.76 ; 25, 18.8.76 ; 30, 20.10.76. Cf. aussi Union, 16, 5.5.76.
[22] Initiative Delafontaine : Union, 26, 1.9.76 ; cf. supra, part. I, 4c (Structures). Aménagement du territoire : Union, 6, 11.2.76 ; 12, 24.3.76. Participation : Union, 11, 17.3.76 ; cf. Vat. (sda), 52, 3.3.76.
[23] Union, 15, 28.4.76.