Année politique Suisse 1976 : Economie / Agriculture / Politique agricole
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Politique des prix
La polémique usuelle à propos de la politique des prix se nourrit d'une compréhension différente de son critère principal, la rétribution équitable comparable. Ainsi que l'indique le cinquième rapport sur l'agriculture, l'administration fédérale le considère comme une donnée indicative, qui ne renseigne qu'incomplètement et approximativement sur la situation agricole [11]. Les organisations paysannes, traditionnelles ou dissidentes, accordent à cet indice une valeur beaucoup plus absolue, qui les amène, lorsque le bouclement des comptes atteste que le revenu paritaire n'a pas été atteint, à parler de pertes pour l'agriculture, quand bien même les exploitants réalisent un bénéfice [12]. Cette approche divergente prend un tour conflictuel lors des négociations sur les prix des produits agricoles que l'USP engage chaque année au printemps et à l'automne. On se souvient que l'année précédente, cette organisation avait renoncé, en octobre, à présenter de nouvelles revendications en espérant que sa retenue serait prise en exemple par les autres branches économiques [13]. Considérant qu'il n'en fut rien, « Brugg » présenta à fin février une demande d'augmentation des prix des céréales panifiables, des betteraves sucrières et du colza, renonçant toutefois aux adaptations pour le lait et la viande [14]. Cette modération, critiquée par l’UPS et les Comités paysans de Suisse alémanique, qui avaient présenté en vain leurs propres revendications [15], n'entraîna pas l'adhésion totale de l'exécutif. Le Conseil fédéral n'accorda en effet, en juin, que des augmentations inférieures à celles demandées, avant tout, comme il l'explique dans sa lettre au gouvernement vaudois, en raison de la situation des finances fédérales [16].
Les tractations ont été relancées à l'automne, lorsque le secrétariat paysan s'aperçut que les estimations qu'il avait faites pour 1975 surestimaient largement les revenus de l'agriculture. Alors que ce genre de calcul connaît d'habitude une marge d'erreur de plus ou moins 2 %, l'écart était de 13 % environ. En conséquence, une augmentation linéaire de 5 % du prix des produits agricoles fut exigée. Dans sa réponse provisoire de novembre, le DFEP demande à l’USP de concrétiser sa requête selon les produits et souligne qu'une augmentation au ler janvier 1977 ne saurait entrer en ligne de compte [17].
En matière de commerce agricole extérieur, une autorisation spéciale a été demandée au GATT, afin de pouvoir exporter en dessous du prix prescrit des aliments pour animaux à base de poudre de lait écrémé. Cette mesure a dû être prise vu la surproduction mondiale et la baisse des prix qui en résulta [18].
 
[11] Cf. FF, 1977, I, p. 299, 318 et 319.
[12] Voir par exemple : 24 heures, 238, 12.10.76 ; 303, 28.12.76 ; Le Pays vaudois, 35, 14.10.76 ; Union, 30, 20.10.76 ; 32, 3.11.76.
[13] Cf. APS, 1975, p. 94.
[14] 24 heures, 51, 2.3.76 ; JdG, 52, 3.3.76 ; TG, 52, 3.3.76.
[15] Union, 8, 25.2.76 ; 9, 3.3.76 ; 10, 10.3.76 ; 11, 17.3.76 ; JdG (ats), 65, 18.3.76.
[16] Décision du CF : RO, 1976, p. 1390 ss. Lettre au gouvernement vaudois : TLM (ats), 190, 8.7.76.
[17] 24 heures, 238, 12.10.76 ; TLM (ats), 301, 27.10.76 ; JdG (ats), 269, 17.11.76 ; NZZ, 270, 17.11.76.
[18] Rapp. gest., 1976, p. 249.