Année politique Suisse 1977 : Politique sociale / Population et travail
 
Temps de travail
Les efforts en vue de réduire le temps de travail hebdomadaire ont été principalement réalisés par les organisations syndicales, en particulier par l'USS et ses fédérations, qui agirent aussi bien au' niveau contractuel que parlementaire et constitutionnel. Nous avons rendu compte ci-dessus des résultats les plus importants obtenus lors des négociations entre partenaires sociaux [47]; ajoutons qu'à la suite de pourparlers entre le Conseil d'Etat genevois et les organisations de fonctionnaires, la semaine de 42 heures, dont bénéficiaient déjà certaines catégories du personnel, a été étendue à toute la fonction publique dès le 1er juillet 1977. La Ville de Genève fit de même quatre mois plus tard [48]. Cette décision fut accueillie par un tollé des associations patronales cantonales, qui furent en retour vertement critiquées par les syndicats [49]. A mi-février, l'USS a commencé la récolte des signatures pour son initiative en faveur d'une réduction progressive du temps de travail. Elle prévoit une diminution de la durée moyenne de la semaine de travail d'une heure au moins, à l'expiration d'un délai d'une année au plus tard dès son adoption. Ensuite, cette durée sera réduite chaque année d'une heure au moins, jusqu'à ce qu'elle atteigne 40 heures [50]. Juste avant Noël, on apprenait que le rythme de la collecte de signatures était insuffisant: il en manquait 5000 pour que l'initiative puisse être déposée avant Noël, date à laquelle, selon la revision de l'article 121 de la Constitution [51], le nombre de signatures nécessaire doublait [52]. Entre temps, à fin septembre, le Conseil national a débattu de la motion de Ezio Canonica (ps, ZH), analogue à l'initiative de l'USS, dont il est le président. Refusant d'intervenir si profondément dans les relations entre partenaires sociaux, le gouvernement demanda la transformation de la motion en postulat, ce que le.motionnaire accepta, soulignant l'absence d'un bon nombre de ses partisans au moment du vote. Toutefois, les conseillers nationaux Graf (mna, ZH) et Fischer (prd, BE), rappelant l'opposition populaire à cette revendication et la jugeant incompatible avec la situation de l'économie, s'opposèrent à la motion et à sa transformation; malgré l'intervention du socialiste Hubacher (BS), président du PSS, le Conseil national les suivit à une faible majorité [53]. La carence des conseillers socialistes fut commentée avec acidité par l'USS [54]. Le thème de l'allongement de la durée des vacances semble devoir gagner en actualité: le PdT, considérant qu'il est nécessaire d'obtenir quatre semaines de vacances pour tous les travailleurs, a décidé de consulter toutes les forces qui seraient prêtes à lancer avec lui une initiative populaire dans ce sens [55].
 
[47] Cf. supra, Conventions collectives de travail.
[48] TG, 11, 14.1.77; 24 Heures. 17, 21.1.77; TG, 218, 22.9.77 (décision municipale).
[49] Associations patronales: TG, 16, 20.1.77 ; JdG, 21, 26.1.77 ; 22, 27.1.77 ; SA Z. 72/1977, p. 78 s. Syndicats : TG, 25, 31.1.77; 27, 2.2.77; 40, 17.2.77; VO, 25, 1.2.77.
[50] gk, 7, 1.2.77; Revue syndicale, 69/1977, p. 38 ss.; 24 Heures. 258, 5.11.77.
[51] Cf supra, part. 1, lb (Volksrechte).
[52] TA, 229, 22.12.77; TLM. 357, 23.12.77; 358, 24.12.77; NZZ. 284, 3.12.77. En janvier 1978. I'USS décidera d’arrêter la récolte des signatures (gk. 3, 19.1.78).
[53] BO CN, 1977, p. 1058 ss. Une motion Eggli (ps, ZH) demandant l'abaissement du temps de travail des chauffeurs a par contre été acceptée sous forme de postulat (BO CN, 1977, p. 1247).
[54] gk, 31, 22.9.77; 35, 13.10.77 (réponse de H. Hubacher, président du PSS).
[55] VO, 172, 6.8.77. Rappelons qu'une décision similaire avait été prise par le Congrès de Montreux du PSS en 1976: cf. APS, 1976, p. 175.