Année politique Suisse 1977 : Enseignement, culture et médias / Culture, langues, églises
 
Groupes linguistiques
Dans certaines votations populaires (impôt sur la richesse, droits politiques, protection des locataires, avortement), des courants d'opinion différents de ceux de la majorité alémanique se sont exprimés dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Vaud et dans le futur canton du Jura. Au sein des groupes linguistiques, les Romands se sont demandé avec inquiétude s'ils couraient le danger d'être écrasés par la majorité suisse alémanique.
La puissance économique croissante de cette région et la représentation insuffisante des minorités de langue dans certains postes de l'administration fédérale forment à leurs yeux une menace pour l'équilibre national. Le remplacement, par un Suisse alémanique, du chef de l'instruction de l'armée, le commandant de corps Lattion, donna un motif supplémentaire propre à confirmer ce point de vue [17]. Les représentants des trois groupes linguistiques grisons se sont réunis à Coire pour élaborer une charte de la langue grisonne à l'initiative de la «Stapferhaus» de Lenzbourg. Un document fribourgeois rédigé en 1970 a servi d'exemple. La charte précitée doit permettre de maintenir les rapports linguistiques existants, par exemple dans le secteur scolaire. Un inventaire dressé par la Liga Romantscha montre que le romanche est plus répandu qu'on ne le croyait [18].
 
[17] Cf. 24 Heures, 74, 29.3.77. Votations fédérales: 24 Heures, 223, 26.9.77; 283, 5.12.77; Bund, 226, 27.9.77; NZZ, 226, 27.9.77. Administration fédérale, équilibre national: Lib., 176, 30.4.77; Alliance culturelle romande, no 23, novembre 1977, p. 103. ss.; TA, 286, 7.12.77. Lattion: NZZ, 92, 21.4.77; cf. supra, part 1, 3.
[18] Chartes des langues: BüZ, 154, 2.7.77; 255, 28.10.77 (Grisons); APS, 1968, p. 130; 1970, p. 160. (Fribourg). Enquête sur l'emploi de la langue romanche: BüZ, 250, 22.10.77; 256, 29.10.77. Cf. A. Decurtins, «Unsere Rätoromanen sind gefährdet», in TA, 241, 15.10.77; APS, 1976, p. 149. Cf. également sur la germanisation de quelques villages au Tessin: CdT, 64, 18.3.77; LNN, 78, 293, 295, 297, 30.3.-20.12.77.