Année politique Suisse 1977 : Enseignement, culture et médias / Médias
Presse
La procédure de consultation engagée en 1975 pour la
révision de la loi sur la liberté de la presse et l'introduction d'un article pour le soutien de la presse dans la Constitution fédérale, a apporté des réponses si contradictoires que le DFJP va entamer une autre procédure
[5]. Lors d'une conférence, Heinrich Oswald, le dirigeant de Ringier, s'est exprimé contre les mesures de soutien étatique à la presse. Il estime que la concentration de la presse ne met pas en danger la pluralité des opinions, car celles-ci sont aujourd'hui moins nombreuses que jadis
[6].
Le
mouvement de concentration dans ce secteur n'a plus provoqué d'aussi grandes vagues qu'en 1976. La fusion des deux grands journaux bâlois a assurément entraîné des problèmes au niveau de la rédaction. Oskar Reck, venu des «Basler Nachrichten», a quitté son poste de rédacteur après quelques mois à peine et a accepté un poste de responsable à la direction régionale de la radio et de la télévision. Les «Berner Nachrichten», nées de la deuxième grande fusion de journaux de 1976, ont rempli les colonnes à la «une» lorsqu'elles ont licencié un rédacteur à cause de ses tendances politiques
[7]. Il a été longtemps question que le «St. Galler Tagblatt» reprenne à son compte le «Luzerner Tagblatt», en difficultés financières. A la demande réitérée d'un groupe de personnes influentes du Parti libéral-démocratique de Lucerne (prd), Publicitas a accepté en tant qu'actionnaire majoritaire de revenir, jusqu'à fin 1978, sur sa décision de vente
[8]. Les organes de presse du parti socialiste sont depuis des années dans une situation difficile: trois rédacteurs ont donné leur congé en 1977 à l'«Ostschweizer AZ» parce qu'ils se sont vus dans l'impossibilité de poursuivre la publication d'un journal de gauche de style populaire. Depuis juillet 1977, ce journal reproduit le contenu rédactionnel du «Badener Tagblatt», de tendance bourgeoise, comme le font déjà d'autres journaux socialistes de Suisse orientale
[9]. Le PSS a fondé lui-même son propre service de presse pour assurer l'information sur ses activités, ses intentions et ses prises de positions
[10].
Dans le Bas-Valais, un essai a été entrepris pour briser le quasi-monopole du «Nouvelliste», de droite conservatrice. Le nouveau «Journal du Valais» dont le nom a été, en vain, attaqué en justice par le «Nouvelliste», est sans liens politiques. Les observateurs neutres de la presse valaisanne mettent fortement en doute le succès durable de ce nouveau venu
[11]. Le journal. le plus ancien du canton du Tessin, la «Gazzetta Ticinese», a reçu le soutien de l'éditeur milanais, I. Montanelli. Le capital-actions de la nouvelle société d'édition est resté toutefois majoritairement en mains tessinoises. L'ancien conseiller fédéral N. Celio siège à la tête du conseil d'administration. Cet organe des radicaux veut se muer en journal d'opinion ouvert et ambitionne d'élargir ainsi son cercle de lecteurs
[12].
La lutte que se livrent les produits de la presse pour obtenir les fàveurs du public et se partager la manne publicitaire a éclaté au grand jour sur la place de Zurich: la «Weltwoche» avait sans autre précaution affirmé en 1976 que le nombre des lecteur de la NZZ était en recul, suivant en cela la prétendue statistique des lecteurs établie par la «SA pour l'étude de moyens publicitaires» (AG für Werbemittelforschung). La NZZ a obtenu par un arrêt de tribunal que la «Weltwoche» rétracte une telle affirmation. Jean Frey, l'éditeur de la feuille d'annonces «Züri-Leu», distribuée gratuitement, a fait faire une étude de marché sur l'efficacité des annonces en ville de Zurich. Il en est résulté que le «Züri-Leu» était le meilleur support publicitaire. Le «Tages-Anzeiger» a déposé plainte et le tribunal de première instance a décidé que la publication de cette étude serait provisoirement suspendue
[13]. La «Tat», transformée en feuille de boulevard paraissant en petit format polychrome, s'est efforcée d'attirer plusieurs fois l'attention sur elle: l'imbroglio financier entre la maison Bally et Werner K. Rey, le jeune et puissant actionnaire, a été présenté avec maints détails. A la suite d'une mesure provisionnelle du tribunal de district de Zurich, la «Tat» a dû publier une mise au point de Rey sans y ajouter de commentaires. C'est la première fois que l'on a intimé l'ordre a un organe de presse d'exposer les thèses adverses sans passer par la procédure judiciaire ordinaire. Les rédacteurs du journal ont alors dénoncé les entraves posées à la presse dans l'exercice de ses fonctions
[14].
Lors de son assemblée extraordinaire des délégués, la Fédération suisse des journalistes (FSJ) a procédé aux élections, restées en souffrance depuis longtemps, d'un
Conseil de la presse dont les statuts avaient été votés en 1976. Celui-ci est chargé de faire respecter le code d'honneur de la FSJ. Les éditeurs se sont étonnés d'avoir été ignorés pour la mise sur pied de ce conseil. La FSJ a rétorqué que'la possibilité d'établir une représentation paritaire n'était exclue
[15].
[5] Ldb, 111, 14.5.77; BaZ, 218, 10.9.77; cf. APS. 1975, p. 150 s.
[6] BaZ, 92, 5.5.77; Ldb, 105, 7.5.77.
[7] Basler Zeitung: F. Leuzinger / R. Schlumpf, Exekution einer Zeitung, Zur Basler Zeitungs-«Fusion», Basel 1977 : M. Jäggi, So ging die «National-Zeitung» kaputt, Zürich 1978. Cf. NZZ, 21, 22, 30, 91, 119, 26.1.-24.5.77; Leserzeitung, 48, 1.2.77; La Presse suisse, 1977, no 1, p. 6 ss.; APS 1976, p. 151. Berner Nachrichten: Berner Student, 12, 7.12.77; JdG, 292, 14.12.77; APS, 1976, p. 151.
[8] LNN, 152, 185, 196, 258, 4.7.-4.11.77; Vr, 258, 4.11.77. Cf. APS 1974, p. 147.
[9] Vr, 82, 7.4.77; BüZ, 121, 24.5.77; 121, 26.5.77; 266, 10.11.77; TW, 110, 12.5.77; 121, 26.5.77; BaZ, 134, 18.6.77; Zeitdienst, 30/1977, p. 189 s. La presse de gauche: BaZ, 131, 134, 141, 145, 169, 15.6.-23.7.77; NZZ, 172, 5.7.77; Profil, 56/1977, p. 199 ss. Cf. APS, 1973, p. 137 s.
[10] SP-Information, 1, 13.1.77; NZ, 13, 14.1.77; gk, 3, 20.1.77.
[11] TLM, 149, 150, 176, 188, 201, 209, 275, 29.5.-2.10.77; Ww, 30, 27.7.77; Bund, 174, 28.7.77; 24 Heures, 278, 29.11.77; 281, 2.12.77.
[12] Gazzetta ticinese, 15/16, 20/21.1.77; CdT, 16, 21.1.77; JdG, 18, 22.1.77; NZZ, 18, 22.1.77. Cf. R. Burkhard, Die Tessiner Presse — eine publizistikwissenschaftliche Struktur- und Problemanalyse, Zürich 1977.
[13] NZZ/Weltwoche; Ww, 40, 6.10.76; 6, 9.2.77; NZZ, 304, 28.12.76; 32, 8.2.77. Tages-Anzeiger/Züri-Leu: Vr, 191, 11.12.76; 45, 23.2.77; TA, 295, 17.12.76; 300, 23.12.76; 47, 25.2.77. Cf. aussi Focus, 1977, no 82, p. 65.
[14] La presse de boulevard en Suisse: TG, 251/252, 31.10/1.11.77; NZZ, 296, 17.12.77. Tat, nouvelle conception: Tat, 78, 1.4.77; 284, 3.12.77; 77, 4.4.78; TLM, 95, 5.4.77; Berner Student, 4, 27.4.77; Ww, 39, 28.9.77; cf. APS, 1976, p. 151. Bally/Rey: Cf. supra, part. I, 4a. Rey/Tat: Tat, 184-187, 9.8.-12.8.77; voir la presse du 10.8.77; LNN, 187, 13.8.77. Protection de la personnalité: L. A. Minelli, Persönlichkeitsrecht — Persönlichkeitsschutz, Zürich 1977; TA, 211, 10.9.77; APS 1976, p. 16.
[15] NZZ, 234, 6.10.77; 241, 14.10.77; La Presse suisse, 1978, no I, p. 26 s. et 51; cf. APS, 1976, p. 151. «Code d'honneur»: Cf. APS, 1972, p. 139.
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