Année politique Suisse 1978 : Eléments du système politique / Structures fédéralistes / Question territoriales
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Laufon
Le Laufonnais qui, en 1975, s'était, de même que le Jura-Sud, distancé du futur canton du Jura, a pris une seconde décision préliminaire relative à son destin. En effet, comme le laissait prévoir le nombre élevé de signatures récoltées par les auteurs de l'initiative (qui avait abouti en novembre 1977), une forte majorité s'est dégagée, le 18 juin, en faveur de l'ouverture d'une procédure de rattachement à l'un des trois cantons voisins [40]. Ces derniers avaient fait connaître auparavant les conditions qu'ils posaient à la réalisation d'une telle association. Cela dit, les offres faites par Soleure et Liestal étaient de nature différente à celles proposées par Bâle. Les deux premiers nommés entendaient intégrer ce nouveau territoire au nombre de leurs districts, sans lui accorder, à la longue, un statut particulier [41].
Bien que le Laufonnais ne pourra se séparer de l'Etat de Berne que lorsqu'il aura été formellement admis au sein d'un autre canton, le résultat de la votation du 18 juin a été interprété comme un refus de rester bernois [42]. La commission du district de Laufon a intensifié ses pourparlers avec les trois gouvernements cantonaux intéressés. Afin d'éviter qu'un plébiscite en faveur de l'un des trois voisins ne soit ultérieurement désavoué par les citoyens du canton choisi, on a souhaité, dans le Laufonnais, que les trois partenaires possibles consultent au préalable leur opinion publique sous forme de «votations-tests». Soleure et Bâle-Campagne ont écarté cette procédure, non seulement pour des raisons juridiques, mais encore pour des motifs politiques. Ils semblaient craindre, en effet, des complications en matière de bon voisinage. En revanche, le gouvernement de Bâle-Ville s'est déclaré disposé à soumettre à ses citoyens, en 1979 déjà, la question de principe du rattachement, rattachement lui-même nécessitant une révision constitutionnelle [43]. De leur côté, Soleure et Bâle-Campagne se consacrèrent à des campagnes d'information coordonnées dans le Laufonnais [44]. L'intérêt croissant que ces deux cantons portent aux problèmes du rattachement de cette vallée reflète, de l'avis de plusieurs observateurs, leur souci de préserver une stabilité territoriale dans la Suisse du Nord-Ouest, stabilité qui pourrait être menacée par une tendance expansionniste de Bâle-Ville au détriment de ses voisins [45].
 
[40] Résultat: BaZ, 163, 19.6.78. La majorité a été de 65%, la participation de 79%. Cf. APS, 1977, p. 30. Le PDC recommanda le «oui», le PRD le «non», le PS laissant la liberté de vote (BaZ, 153, 9.6.78). Pour les arguments en faveur de l'initiative, cf. Laufental — Woher? Wohin? Lugano 1978.
[41] Soleure: SZ, 49, 28.2.78; 69, 23.3.78. Bâle-Campagne: BaZ, 62, 4.3.78; 71, 13.3.78; 75, 17.3.78. Bâle-Ville (2e rapport): BaZ, 86, 30.3.78; 99, 12.4.78; 132, 19.5.78. Cf. Bund, 124, 31.5.78.
[42] Presse du 19.6.78; NZZ, 143, 23.6.78.
[43] Soleure et Bâle-Campagne: SZ, 265, 15.11.78; 266, 16.11.78; BaZ, 293, 16.11.78; TA, 267, 16.11.78. Bâle-Ville: BaZ. 304, 29.11.78. La constitution bâloise prévoit deux votations pour toute révision constitutionnelle (principe — texte).
[44] Soleure: SZ, 213, 14.9.78. Bâle-Campagne: BaZ, 299, 23.11.78. Cf. Bund, 300, 22.12.78.
[45] Cf. les paroles révisionnistes de J. Zimmermann au Grand Conseil bâlois (BaZ, 132, 19.5.78), les appréhensions exprimées par le président du gouvernement soleurois (BaZ. 144, 31.5.78) et le refus d'une révision générale des frontières cantonales par les gouvernements de la Suisse du Nord-Ouest (BaZ. 188, 17.7.78) ainsi que 24 Heures, 135, 13.6.78; BaZ, 163, 19.6.78; BüZ, 141, 19.6.78 et LNN, 282, 5.12.78.