Année politique Suisse 1978 : Eléments du système politique / Elections / Elections cantonales
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Jura
Accédant partiellement le 24 septembre à la souveraineté cantonale, le canton du Jura avait à élire encore en novembre ses nouvelles autorités. Par rapport à 1976, année de l'élection à l'Assemblée constituante (AC), un certain nombre de données nouvelles sont apparues: le droit de vote accordé aux jeunes âgés de 18 ans, l'élargissement à 60 sièges pour le parlement (AC: 50 sièges), le fait que plus de la moitié des députés siégeant à l'AC ne se représentaient plus et la disparition de certaines formations marginales comme Jura demain ou Action féminine [10]. Malgré ces éléments, la répartition politique du corps électoral ri'a que très peu varié en regard du scrutin qui s'est déroulé deux ans plus tôt [11]. Le PDC avec 21 sièges demeure le groupe le plus important, suivi par le PRD (14 sièges) qui a profité de nombreuses voix UDC et le PS (11 sièges). Quant au POP, il fait son entrée dans la législature apparenté, il est vrai, à une formation nouvellement constituée: Combat socialiste [12]. En outre, l'impact du Rassemblement jurassien (RJ), quoique toujours présent, n'a pas été aussi déterminant; les principaux leaders n'ont plus fait les scores extraordinaires qu'ils avaient réalisés lors de l'élection de l'AC [13].
Trois paramètres ont conditionné l'élection au système majoritaire du gouvernement: 1) l'intérêt particulier des partis, 2) les exigences régionalistes, 3) l'objectif avoué du RJ de constituer un exécutif «dur» composé uniquement de purs militants de la cause jurassienne dans la perspective des négociations avec Berne et de la réunification avec le Sud [14]. Concrètement toute la campagne électorale s'est articulée autour de ce principe: éviter que le Parti radical orthodoxe occupe un siège au sein de l'organe gouvernemental. Il s'agissait donc de former une liste d'entente entre les partis de la coalition du 23 juin pour la répartition des cinq mandats et l'opposer à une éventuelle candidature du PRD, qui paierait ainsi sa position dans la lutte pour l'indépendance [15]. Cependant, la base du PDC, hostile à l'idée d'une élection bloquée, présentait un troisième candidat favorisant ainsi un premier tour de scrutin ouvert [16]. Au soir du premier vote, seul F. Lachat président de l'AC fut largement plébiscité et ce n'est qu'au terme du second tour que la solidarité séparatiste a finalement triomphé permettant notamment au radical réformiste R. Jardin de combler son retard sur le candidat libéral-radical. Ce gouvernement jeune (moyenne d'âge 39 ans) et plus ou moins homogène (tous les élus étaient membres du comité directeur du RJ) est représentatif de l'orientation centre gauche de la constitution jurassienne [17].
 
[10] Une seule formation nouvelle s'est constituée, Combat socialiste, apparentée du reste pour cette élection au POP: 24Heures, 250, 27.10.78; JdG, 256, 2.11.78. Cf. supra, part. I, 1d (Question jurassienne) ainsi que APS, 1976, p. 25 s.
[11] Pourcentages obtenus par les formations politiques respectivement en 1976 et 1978: PDC 32,2 % — 32,5 %; PRD: 21,4% 23,7%; PS 17,2%— 18,1%; Parti chrétien-social indépendant (PCSI): 13,8%— 13,8%; Parti radical réformiste (PRR): 5,2% — 7,5%; POP 1,1% — POP/Combat socialiste 3,3 %: résultats pour 1976 in La Suisse, 83, 24.3.76.
[12] Presse des 21 et 22.11.78.
[13] R. Béguelin par exemple perd environ 5000 suffrages par rapport à son élection à la Constituante.
[14] 24 Heures, 276, 16.11.78. A propos des exigences régionalistes: l'Ajoie exigeait au moins 2 candidats et les Franches-Montagnes.
[15] Dans l'esprit du RJ cette liste bloquée devait être composée de : 2 PDC -1 PS -1 PCSI -1 PRR : JdG, 142, 21.6.78; 24 Heures, 241, 17.10.78; 268, 17.11.78; TLM, 302, 29.10.78; Lib., 28, 2.11.78.
[16] Les délégués du PDC réunis en Assemblée avaient cependant précisé que le candidat le plus mal placé se désisterait au second tour au profit de l'Entente: 24 Heures (ats-air), 252, 30.10.78; TA, 254, 1.11.78.
[17] Presse du 25 au 27.11.78.