Année politique Suisse 1978 : Politique sociale / Population et travail
 
Marché du travail
La situation du marché du travail en 1978 ne s'est guère modifiée par rapport à l'année précédente. L'effectif des chômeurs complets, qui avait atteint le point culminant de 15 097 en janvier, a constamment diminué jusqu'en juillet, pour tomber à 7627 et remonter ensuite à 12 997 à la fin de l'année. La moyenne annuelle s'est établie à 10 484 (1977: 12 020). Le classement par groupes de professions révèle que les branches administratives, commerciales et techniques ont été les plus touchées. Comparés à la population active, les taux de chômage les plus élevés ont été enregistrés dans le canton de Bâle-Ville (0,9%), suivi immédiatement par le Tessin (0,8%) et les cantons romands du Valais (0,7%), de Genève 0,7%) et de Fribourg (0,5%). La moyenne nationale est, tout comme en 1977, de 0,4%. En regroupant les chômeurs complets par sexe, on voit que la tendance à l'accroissement de la proportion des femmes, qui se manifeste depuis 1977, s'est poursuivie en 1978. Elle s'est encore accentuée avec l'introduction de l'obligation de s'assurer contre le chômage. Pour sa part, le chômage partiel qui avait touché 3557 travailleurs en juillet, s'est fortement intensifié en fin d'année, atteignant le chiffre record de 16 810 en décembre (1977: 4474). Durant les mêmes mois, le nombre des heures chômées a passé de 110 000 à 670 000 [4].
En cette année 1978, on s'est beaucoup interrogé sur les problèmes relatifs au marché, à l'état et à la sécurité de l'emploi. Certains experts ont constaté qu'au lendemain du départ de dizaines de milliers de travailleurs étrangers, le marché du travail avait tendance à se contracter dans divers secteurs, alors que dans d'autres, le chômage persistait. On déplorait notamment un manque de main-d'oeuvre qui soit disposée à s'acquitter de fâches auxiliaires et une pénurie de cadres moyens. Selon ces mêmes experts, cette situation était due à la conjonction de trois facteurs: un manque de mobilité géographique et professionnelle de la main-d'oeuvre indigène, des remaniements structurels actuellement en cours dans diverses branches de notre économie et l'ampleur des prestations servies par l'assurance-chômage [5]. Ce problème de la mobilité du travail a également été évoqué à l'occasion de la réponse de notre chef de l'économie publique, F. Honegger, à une interpellation du groupe socialiste au Conseil national sur l'«état de l'emploi en Suisse» [6]. De son côté, l'Union syndicale suisse (USS) s'est faite l'avocat d'une politique de l'emploi plus «dynamique», politique qui consisterait à intensifier les efforts de formation et de recyclage des travailleurs, à réduire la durée du travail et à augmenter les congés. En outre, elle a demandé qu'une étude visant à mettre en lumière les répercussions éventuelles des technologies de pointe sur le marché du travail soit entreprise [7]. Pour leur part, les responsables de la Fédération suisse des travailleurs de la métallurgie et de l'horlogerie (FTMH) ont décidé, face à l'évolution inquiétante du chômage partiel en fin d'année, d'adresser au parlement et au Conseil fédéral une pétition implorant ces derniers de décréter des mesures urgentes en matière de sécurité de l'emploi [8]. Ce chômage, bien qu'il n'ait pas globalement augmenté en Suisse en regard de l'année précédente, prend cependant dans les régions romandes et au Tessin des proportions plus importantes qu'en Suisse alémanique. Il en va de même dans l'évolution des offres d'emploi, en régression dans la partie romande et en essor dans les régions alémaniques [9]. C'est justement en vue de sensibiliser les pouvoirs publics sur la menace qui pèse sur des centaines de places de travail dans les cantons francophones, qu'un «Comité pour la défense de l'emploi dans l'industrie horlogère» a organisé une manifestation à Berne [10].
Comme les années précédentes, les difficultés rencontrées par les jeunes en quête de leur premier emploi ont été à nouveau à l'ordre du jour. A cet égard on a pu constater que, si en chiffres absolus, le taux de chômage chez les jeunes était bas (comparativement à certains autres pays européens), il prenait par contre une importance non négligeable en valeur relative. C'est ainsi que les jeunes chômeurs représentaient au début de l'année 1978 un quart du chômage global en Suisse [11]. Le problème de l'insertion des handicapés dans la vie professionnelle a fait l'objet d'une étude d'un groupe de travail dirigé par un sous-directeur de l'OFIAMT. Dans son rapport final, ce groupe a proposé diverses mesures destinées à mieux coordonner les efforts des autorités et des institutions privées, ainsi qu'à intensifier l'information de ceux-ci [12].
 
[4] La Vie économique, 52/197, p. 9 s.; ainsi que VO, 152, 13.7.78; JdG (ats), 10, 13.1.79; 18, 23.1.79.
[5] Pour les milieux patronaux, cette dernière affirmation détermine pour une grande part l'évolution du marché de l'emploi en 1978: RFS, 6, 7.2.78; SAZ, 73/1978, p.233ss. Cf. également les déclarations de F. Honegger: TA, 138,18.6.78 ; NZZ, 159,12.7.78. Voir aussi Le Gutenberg, 16, 20.4.78 ; JdG, 124, 31.5.78 ; 219, 20.9.78; RFS, 38, 19.9.78; NZZ, 278, 29.11.78; Bund, 294, 12.12.78; BaZ, 325, 23.12.78.
[6] BO CN, 1978, p. 1274 ss.: développement de l'interpellation et BO CN, 1978, p. 1302 se.: réponse du conseiller fédéral.
[7] Revue syndicale, 70/1978, p. 257 ss. et SP VPOD, 46, 16.11.78.
[8] SMUV-Zeitung, 45, 46, 48, 49, 8.11-6.12.78.
[9] TLM, 363, 29.12.78; Journal des fonctionnaires fédéraux, 2, 1.2.79.
[10] JdG, 265, 13.11.78.
[11] Les estimations ont été présentées par TLM, 125, 5.5.78. Cf. aussi wf, 2, 9.1.78 ; TLM. 39, 8.2.78 ; BaZ, 88, 1.4.78 ;102,15.4.78 ;170, 20.6.78 et le rapport élaboré par un groupe de travail institué par l'OFIAMT, Les jeunes et le marché de l'emploi, Berne 1978.
[12] Cf. Rapp. gest., 1978, p. 232 s. et les motions Meylan (ps, NE) (BO CE, 1978, p. 401 ss.) et Uchtenhagen (ps, ZH) (Délib. Ass. féd., 1978, VII, p. 56).