Année politique Suisse 1978 : Politique sociale / Population et travail / Conventions collectives de travail
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Conflits de travail
Sur 12 conflits de travail recensés en 1978 (1977: 16),10 (9 l'année précédente) d'une durée d'un jour au moins ont touché 13 (1977: 54) entreprises et 1240 (1977: 1380) travailleurs. Le nombre de journées perdues s'est élevé à 5317 (1977: 4649) [36]. Au début de l'année, c'est sans conteste la fermeture de l'entreprise Firestone à Pratteln (BL) qui a retenu l'attention des commentateurs et ce, pour deux raisons. Premièrement, cette affaire correspondait à un des plus importants licenciements collectifs survenus en Suisse depuis la récession, puisque environ 600 ouvriers ont été congédiés. Deuxièmement, les autorités fédérales ont jugé l'affaire assez grave pour intervenir directement et proposer avec la collaboration de l'exécutif de Bâle-Campagne un plan de sauvetage à négocier avec la maison-mère à Akron aux Etats-Unis [37]. Malgré une grève du personnel de l'usine et cette intervention fédérale, la direction centrale de Firestone décida de stopper définitivement sa production en Suisse et demanda aux responsables de la gestion à Pratteln de liquider au mieux l'affaire. Un plan social comprenant notamment des engagements juridiques et contractuels en matière de délais de licenciements et d'indemnisations de salaires fut élaboré en collaboration avec les autorités du canton [38]. Présenté au personnel de l'entreprise, il fut sévèrement critiqué et jugé irrecevable par les représentants de la Fédération du textile, de la chimie et du papier (FTCP) et de la FTMH, qui souhaitaient ainsi engager une épreuve de force. C'est en définitive les travailleurs de l'usine eux-mêmes qui dénouèrent la crise en acceptant ce plan social [39].
D'autres conflits ont éclaté un peu partout en Suisse. A Zurich, les rédacteurs de la «Tat» se sont mis en grève à la suite de la décision de leur éditeur de nommer un nouveau rédacteur en chef sans que les employés du journal en aient été informés. A Genève, c'est à la suite d'un licenciement collectif de 300 personnes qu'une occupation d'usine a eu lieu, de même que dans une entreprise fribourgeoise et aux Ateliers du Nord à Chevenez (Jura) [40].
 
[36] La Vie économique, 52/1979, p. 56.
[37] BaZ, 81, 86, 88, 91, 124, 23.3-10.5.78; NZZ. 69, 2.3.78; 106. 10.5.78.
[38] NZZ, 112, 18.5.78; BaZ, 131, 18.5.78; 154, 10.6.78.
[39] SP VPOD, 12, 12.5.78; 16, 18.5.78; 20, 7.8.78 (commentant la position des syndicats). Cf. également BaZ, 159, 190, 193, 199, 206, 15.6-7.8.78,
[40] Conflit de la Tat: NZZ, 221-225, 23.9-28.9.78; Wut, 3-7, 30.9-24.10.78. Groupe Technicair à Genève: 24 Heures, 99, 29.4.78 ; TG, 102, 117, 133, 135, 141, 3.5.-20.6.78; VO, 94, 96, 105, 110, 124, 132, 2.5.-19.6.78. Entreprise fribourgeoise Winkler: TLM, 246, 3.9.78; 272, 29.9.78; 277, 4.10.78; Lib., 302, 29.9.78; 9.11.78. Ateliers du Nord: TLM, 341, 7.12.78; 344, 10.12.78; VO, 276, 9.12.78.