Année politique Suisse 1979 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Hautes écoles
Il faut signaler quelques remous qui ont eu lieu à l'université de Berne. Ils s'inscrivent dans la ligne des
tentatives estudiantines visant à obtenir plus d'audience au sein de l'université. Un des mouvements les plus importants était lié à la nomination d'un professeur de philosophie. La commission de nomination et les étudiants étaient favorables à H. Saner, spécialiste de la pensée contemporaine, mais le conseil de la faculté et le gouvernement lui préférèrent A. Graeser, dont le domaine d'activité est plutôt la philosophie classique. Les étudiants virent dans ce choix des considérations politiques. Une grande partie de la presse les suivit. Pour marquer leur indignation envers une décision qui ne tenait pas compte de leur avis, des «philosophes en colère» organisèrent diverses manifestations. L'organisation des étudiants demanda un droit à la parole effectif lors des nominations. Le gouvernement resta indifférent aux protestations. Le PS et le POCH, soutenant les étudiants, transportèrent ce débat au Grand Conseil. Un des points d'une motion socialiste fut finalement accepté. Il charge le gouvernement de fixer les détails de la procédure de nomination dans une ordonnance
[31].
La réforme du règlement d'examens de la division des sciences économiques souleva également le mécontentement. Le projet de février 1979 prévoit notamment plus de choix pour l'étudiant et plus d'examens intermédiaires. Les étudiants, et une partie des assistants et des enseignants protestèrent contre cette tentative de scolarisation de l'université
[32]. Un groupe de travail présenta une alternative à ce règlement. Comme la faculté refusait d'examiner le projet estudiantin et de créer une commission mixte qui réétudierait la question, les étudiants votèrent massivement la grève. Celle-ci eut lieu fin juin. Ne tenant pas compte de ces remous, le conseil de la faculté approuva, avec quelques modifications, le règlement officiel et le transmit au gouvernement. Après acceptation, il entra en vigueur le ler janvier 1980. Les étudiants organisèrent encore une manifestation en décembre pour réclamer plus de participation au sein de l'université et firent signer une pétition sans ce sens
[33].
L'organisation d'étudiants zurichoise de droit public, déclarée illégale par le Tribunal fédéral fin 1978, continua cependant son office. Cette situation irrita les recourants. Selon eux, le gouvernement aurait dû ordonner la liquidation au moment du jugement. Cependant, certains services et la représentation des étudiants ne seraient plus assurés sans cette société, car l'organisation de gauche n'est pas reconnue par le gouvernement. C'est pourquoi le «Studentenring», d'orientation bourgeoise, demande la mise en place d'une nouvelle association politiquement neutre. Il propose de créer des bases légales pour une participation obligatoire. La Direction de l'instruction publique finit par exiger la dissolution de l'organisation de droit public. Celle-ci cessa son activité en mars
[34].
[31] Bund, 8,11.1.79;9.12.1.79; 31, 7.2.79; 33,9.2.79; 110, 12.5.79; TW, 8,11.1.79; 14,18.1.79; BaZ, 109, 11.5.79. Interventions parlementaires: interpellation Jenzer (ps), interpellation Schneider (poch), postulat Wermuth (ps): Bund, 90. 19.4.79; motion Boehlen (ps): TW, 203. 31.8.79; cf. aussi APS, 1978, p. 142.
[32] Bund, 80, 5.4.79; Bulletin de l'Association suisse des professeurs d'université, 5/1979, no 2, p. 11 ss.
[33] Bund, 94, 24.4.79; 136, 14.6.79; 138, 16.6.79; 142, 21.6.79; 156. 7.7.79; 293, 14.12.79.
[34] TA, 42, 20.2.79; 61. 14.3.79; NZZ, 43, 21.2.79; cf. aussi APS, 1978, p. 142.
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