Année politique Suisse 1980 : Chronique générale / Politique étrangère suisse
 
Principes de la politique étrangère
La politique étrangère prend une importance toujours plus grande en raison, d'une part, du climat politique menaçant à l'échelle mondiale et, d'autre part, de l'interdépendance croissante des Etats qui s'accentue. Les Grandes lignes de la politique gouvernementale pour la législature de 1979 à 1983 tiennent compte de cette évolution puisqu'elles accordent aux relations avec l'étranger une place plus en vue que par le passé [1]. C'est précisément en relation avec cette nouvelle appréciation de la politique étrangère que l'on doit juger le nouveau style de direction du DFAE, voulu par le conseiller fédéral Aubert [2]. Pour la Suisse, qui n'est pas membre des Nations Unies, cet engagement plus marqué se reflète surtout et naturellement dans des relations bilatérales plus intenses, nouées notamment à l'occasion des voyages qu'effectue notre ministre des affaires étrangères, par. exemple au Portugal, en Roumanie, en Suède, Finlande, Yougoslavie et Angleterre [3], ainsi que lors des visites en Suisse de représentants de pays étrangers. Ces nombreux voyages du chef de notre diplomatie, cette année, ont été d'autant moins critiqués que la visite à Moscou, qui était prévue, a été radiée du programme de M. Aubert, ce qui a supprimé une pierre d'achoppement [4].
Le postulat Barchi (prd, TI) a été une conséquence de la discussion concernant la réactivation de notre politique étrangère. Il a proposé de repenser la répartition des attributions entre l'exécutif et le législatif, compte tenu de notre politique étrangère qui est aujourd'hui plus engagée que par le passé. Le Conseil national n'a accepté ce postulat que partiellement [5].
Depuis le 1er septembre, l'ambassadeur Probst assume la charge de Secrétaire d'Etat du DFAE [6]. Comme successeur de l'ambassadeur Weitnauer, il est le numéro deux du département. Ce changement au sommet de la hiérarchie a provoqué, au début de l'année, de vives discussions dans la presse et l'opinion publique, cela d'autant plus que l'information officielle a été bien maigre à ce sujet. Le bruit selon lequel M. Weitnauer avait offert l'asile en Suisse au shah d'Iran n'a pas cessé, môme après le démenti du Conseil fédéral. La plupart des observateurs ont attribué la mise à la retraite anticipée de ce haut fonctionnaire, distingué et méritant, à des divergences d'ordre personnel avec M. Aubert. La presse bourgeoise a jugé scandaleuse la politique du ministre des affaires étrangères en matière de personnel et a parlé d'un «cas Aubert». Dans une interpellation urgente, le groupe parlementaire UDC du Conseil national a demandé si le fait de se séparer de M. Weitnauer inaugurait un changement de notre politique étrangère dans le sens d'une nouvelle dynamique. Dans sa réponse, M. Aubert a relevé que le choix des hauts fonctionnaires incombe au Conseil fédéral. Celui-ci doit s'entourer de collaborateurs qui sont, à ses yeux, les plus capables d'exercer leur fonction. Il n'y a pas lieu de s'attendre à un changement d'orientation de la politique étrangère [7].
 
[1] FF, 1980, I, p. 615 ss. et 761 ss.; cf. BO CN. 1980, p. 136 ss. ainsi que BO CE, 1980, p. 139 ss. ; SGT, 38, 15.2.80. Sur l'importance de la politique extérieure, cf. Innen- und Aussenpolitik. Primat oder Interdependenz?, Festschrift zum 60. Geburtstag von W. Hofer, Bern 1980.
[2] Cf. APS, 1978. p. 39.
[3] Portugal : BaZ, 83, 9.4.80; NZZ, 83, 10.4.80. Roumanie : NZZ, 92, 21.4.80; 24 Heures, 94. 23.4.80. Suède, Finlande: NZZ, 144, 24.6.80; TLM, 182. 30.6.80. Yougoslavie: TLM, 295, 21.10.80; 302, 28.10.80. Angleterre: NZZ, 261, 8.11.80; 24 Heures, 261, 9.11.80.
[4] Cf. infra, Relations bilatérales, URSS.
[5] La partie refusée du postulat visait la constitution d'une commission d'experts. BO CN, 1980, p. 50s. ; NZZ, 36, 13.2.80; 54, 5.3.80; cf. APS, 1979, p. 48.
[6] TA, 202, 1.9.80; 24 Heures, 204, 2.9.80.
[7] BaZ, 32, 7.2.80 ; presse du 21.2.80; TW, 57.8.3.80 ; Vat., 66, 19.3.80 ; BO CN, 1980, p. 309 ss. ; APS, 1979. p. 47.