Année politique Suisse 1980 : Infrastructure, aménagement, environnement / Protection de l'environnement
 
Poitique de la protection de l'environnement
Quand les délibérations de la commission parlementaire chargée d'étudier la loi sur la protection de l'environnement ont commencé, les efforts consacrés à l'élaboration d'une législation fédérale en la matière sont entrés dans une phase décisive. Cependant, en concrétisant l'idée de conservation du milieu vital naturel, on remarque, avec toujours plus de netteté, à quel point il est difficile d'utiliser la conscience de la menace qui pèse sur notre environnement pour réorienter la politique en conséquence.
Deux sondages d'opinion ont révélé que les Suisses sont particulièrement conscients du problème que pose la protection de l'environnement ; 71% des personnes interrogées considéraient que cet objectif politique était le plus important. Les avis devenaient plus réservés lorsque l'on prenait en considération les coûts des mesures de protection de l'environnement. 86% se sont prononcés en faveur d'un accroissement des efforts dans ce domaine. Cependant une minorité de 47% seulement était prête à accepter des sacrifices d'ordre financier. La Suisse romande, avec 27%, se situait même nettement au-dessous de la moyenne. Malgré cela, les sympathisants des trois plus grands partis gouvernementaux estimaient que leurs représentants politiques ne s'employaient pas suffisamment à rechercher une solution à ce problème. 58% des sympathisants du PS étaient satisfaits des prestations de leur parti dans ce domaine ; c'était le cas de 48% des électeurs du PDC et de 38% de ceux du PRD [1].
Divers milieux attendent beaucoup du droit de recours, d'ailleurs contesté, des organisations de protection de l'environnement, pour augmenter la pression de l'opinion publique et orienter la politique dans un sens plus favorable à l'écologie. Le projet de loi sur la protection de l'environnement du Conseil fédéral prévoit ces possibilités d'opposition [2]. Bien que la commission compétente de la chambre prioritaire (Conseil national) n'ait pas pu terminer ses délibérations jusqu'à la fin de l'année, elle a déjà pris diverses décisions fondamentales, comme l'introduction du principe de la responsabilité causale et de l'examen de la charge polluante prévisible, tels qu'ils figurent dans le projet [3]. C'est à l'unanimité, si ce n'est sans contestations, que lesChambres fédérales ont approuvé la continuation de la participation suisse au Fonds du programme des Nations Unies pour l'environnement, qui avait été différée l'année passée dans l'attente de quelques éclaircissements supplémentaires. Les représentants du peuple ont refusé la proposition de boycotter la cotisation annuelle en faveur des activités de l'ONU relatives à l'environnement jusqu'à ce que cette organisation promulgue des prescriptions plus efficaces; ils ont estimé qu'un pays non membre de l'ONU ne pouvait légitimement faire de telles interventions [4].
A l'occasion de diverses manifestations et assemblées, on a également débattu les obstacles qui empêchent de faire face aux problèmes écologiques sur les plans national et international. On a alors remarqué qu'il fallait particulièrement se méfier des conventions faibles, car elles renforcent l'illusion que l'on aborde les problèmes d'environnement, alors qu'il ne se passe rien en réalité [5]. Le président du World Wildlife Fund suisse, Hans Hüssy, a souligné le fait qu'il existe justement en Suisse un espace béant entre le oui théorique à la protection de l'environnement et la pratique. Il s'exprimait ainsi à l'occasion de la présentation par les organisations pour la protection de l'environnement de la «stratégie mondiale de la conservation des ressources vivantes». Ainsi toutes les votations qui auraient pu réellement contribuer à l'amélioration de la qualité de la vie auraient échoué devant des intérêts particuliers massivement soutenus financièrement et qui agiraient souvent frauduleusement [6]. Malgré cela, l'indépendant st-gallois Franz Jaeger espère beaucoup que l'on pourra mener une politique économique respectant l'espace vital, en renforçant les bases plébiscitaires au moyen de l'initiative législative [7].
 
[1] Unser Parlament 1979/83 und was das Volk von ihm erwartet. Zürich 1980 (tiré à part du TA), p. 26 ss. ; «Quelles sont les préoccupations des Suisses?», in Bulletin/Crédit Suisse, 86/1980, no 10, p. 7 s. Cf. aussi A. Giger, «Umweltpolitisches Bewusstsein und Partizipation », in Revue suisse de sociologie, 6/1980, p. 447 ss. ; APS, 1978, p. 112.
[2] SGU-Bulletin, sept. 1980, p. 12 ss.; TLM, 38, 7.2.80; NZZ, 36. 13.2.80; 90, 18.4.80; 198, 27.8.80; 259, 6.11.80; 24 Heures, 199, 27.8.80; cf. aussi G. lselin, « Erscheinungsformen der Kooperation von Staat und Privaten im Umweltschutz», in Dokumente und Informationen zur Schweizerischen Orts-, Regional- und Landesplanung, 1980, no 57, p. 23 ss. ; Verwaltungspraxis, 34/1980, no 10, p. 5 ss. Pour le projet de loi, cf. aussi Plan, 37/1980, no 6, p. 42 s.; NZZ, 90, 18.4.80; APS, 1979, p. 123 s.
[3] NZZ (sda), 36, 13.2.80; 75, 29.3.80; 85, 12.4.80; 198, 27.8.80; 259, 6.11.80; Bund (sda), 153, 3.7.80; Vat., 179, 4.8.80; BaZ, 200, 27.8.80; 24 Heures, 199, 27.8.80; TW, 261, 6.11.80.
[4] BO CE, 1980, p. 338 ss. ; BO CN, 1980, p. 1255 ss. ; cf. aussi APS, 1979, p. 123 ; 24 Heures, 97, 26.4.80 ; NZZ (sda), 97, 26.4.80. Pour la Suisse et l'ONU, cf. aussi supra, part. I, 2 (ONU).
[5] NZZ, 57, 8.3.80. Pour la journée mondiale de la protection de l'environnement, cf. Vat. (ddp), 128, 4.6.80; NZZ (sda), 128, 5.6.80. Pour un congrès «Chimie-homme-environnement», cf. Vr, 202, 15.10.80; LNN, 241, 16.10.80; TA, 241, 16.10.80; TLM, 290, 16.10.80. Cf. aussi U. Balsiger, Der Mensch und seine Umwelt. (Office fédéral pour la protection de l'environnement) Bem 1979.
[6] BaZ, 56, 6.3.80; LNN, 55, 6.3.80; NZZ, 55, 6.3.80; TLM, 66, 6.3.80.
[7] TA, 176, 31.7.80; cf. aussi Vat., 83, 10.4.80.