Année politique Suisse 1980 : Politique sociale / Population et travail
 
Marché du travail
A l'occasion de son cinquantième anniversaire, l'OFIAMT a édité un document sur la politique du marché du travail en Suisse. Cet ouvrage est essentiellement consacré à la situation et à l'évolution du marché de l'emploi, aux tâches et aux limites d'une politique appropriée en la matière, à l'assurance-chômage et à certaines catégories de travailleurs — main-d'oeuvre étrangère, femmes, handicapés, personnes âgées — qui soulèvent des problèmes particuliers. On se souvient que la récession avait provoqué, en relation avec un fort recul de l'indice de l'emploi, une augmentation inhabituelle du chômage pendant la période d'après-guerre. En 1976, la moyenne des chômeurs complets s'était élevée à 20 703 unités. Il en allait de même pour le chômage partiel [7].
A partir de la fin de cette année, le chômage complet et partiel n'a cessé de se résorber. C'est ainsi que le nombre des chômeurs complets est tombé de 11 371 personnes (fin janvier 1980) à 8815 (fin janvier 1981). En ce qui concerne la répartition par branches économiques, peu de variations ont été enregistrées en regard de l'année précédente. Comparés à la population active, les taux de chômage les plus élevés ont été signalés dans les cantons du Tessin (0,8%) et de Genève (0,7%). La moyenne annuelle nationale s'est située aux alentours de 0,2% (1979:0,3%). L'évolution de l'effectif des chômeurs complets par sexe infirme la tendance qui s'était manifestée pendant les années 1976 à 1979, à savoir celle d'un accroissement de la part des femmes au chômage total. Pour sa part, la moyenne des chômeurs partiels a été de 2128 (1979: 11 935) et le nombre des heures chômées par mois s'est chiffré à 85 305 heures (1979: 431 053), soit une diminution de 80,2%. Enfin, le nombre des offres d'emplois a dépassé pour la première fois depuis la récession celui des chômeurs complets [8]. Malgré tout, l'avenir du marché de l'emploi devrait être caractérisé par la disparition progressive de la pénurie actuelle de main-d'oeuvre. Quant à l'offre, elle pourrait être dans l'ensemble relativement abondante, du moins jusqu'au début des années quatre-vingt-dix. En outre, les principaux problèmes de l'emploi se poseront moins au niveau de l'ensemble de l'économie que dans les différentes branches et régions. Enfin, il faudra s'attendre à des difficultés spécifiques provenant de la structure des âges et des groupes professionnels. Mis à part la politique à l'égard des étrangers, il s'agira d'accorder une importance croissante au placement, à la formation professionnelle et à l'aide aux régions défavorisées [9].
L'évolution plus favorable du marché du travail et la volonté politique de remédier à certaines carences d'ordre sectoriel vont-elles être entravées par l'introduction toujours plus massive des technologies de pointe? Toujours est-il que plusieurs études tendent à montrer que la vague de rationalisation déclenchée par l'avènement de la micro-électronique risque de favoriser à nouveau l'éclosion du spectre du chômage. Si l'industrie paraît la mieux armée en raison de sa productivité traditionnellement meilleure, bien que là aussi des réductions de personnel sont à envisager, en revanche, le secteur des services est de loin le plus vulnérable [10]. Les griefs et les craintes exprimés à l'encontre de cette explosion électronique doivent être inscrits dans le contexte de la crise de l'emploi que connaissent pratiquement tous les pays industrialisés. Cette importante question préoccupe depuis quelques années déjà les milieux syndicaux [11]. Elle figurait au centre des débats du dernier Congrès de la Fédération suisse des travailleurs de la métallurgie et de l'horlogerie (FTMH). Les délégués ont exigé à cette occasion que l'on institue des commissions technologiques paritaires chargées d'étudier toutes les répercussions possibles de l'électronique sur les conditions de travail [12]. Enfin, l'initiative populaire «Un emploi pour tous», lancée en février 1979 par l'extrême gauche, n'a pas obtenu le nombre de signatures nécessaires pour être validée [13].
 
[7] OFIAMT, Politique concernant le marché du travail en Suisse: caractéristiques et problèmes, 2 vol., Berne 1980. Au 4e trimestre 1975, on recensait plus de 122 000 chômeurs partiels et leur moyenne était encore de 55 000 en 1976 (op. cit., p. 5).
[8] La Vie économique, 54/1981, p. 87 ss. La part des femmes au chômage total est tombée de 43,8% en 1979 à 40,9% en 1980.
[9] Cf. OFIAMT, op, cit. ainsi que La Vie économique, 53/1980, p. 289 s. ; Bund, 26, 1.2.80; Lib., 101, 1.2.80: SAZ, 7, 14.2.80; presse du 18.11.80; RFS, 6, 10.2.81.
[10] Etude de Prognos S.A. de Bâle (NZZ, 24, 30.1.80; USS, 4, 31.1.80; BaZ, 27, 1.2.80). Etude du Bureau International du Travail (24 Heures, ats, 260, 7.1 1.80). Cf. également NZZ, 41, 16.2.80; 47, 26.2.80 ; 72, 26.3.80 ; BaZ, 224, 24.9.80.
[11] Cf. APS, 1978. p. 119 ; 1979, p. 134; Revue syndicale suisse, 72/1980, p. 227s.
[12] SMUV-Zeitung, 38, 17.9.80; 40, 1.10.80; 47, 19.11.80; 48. 26.11.80; Suisse, 326, 21.11.80; BaZ, 274. 21.11.80; USS, 38. 26.11.80.
[13] FF, 1980, Il, p. 1578 ; TLM, 226, 3.7.80; VO, 32, 15.8.80; NZZ (sda), 188, 15.8.80; 190, 18.8.80; Ww, 34, 20.8.80. Cf. APS, 1979, p. 133.