Année politique Suisse 1983 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
 
Système des partis
Les élections fédérales de 1983 n'ont pas apporté de modifications sensibles dans la représentation populaire. Certes, à ne considérer que la répartition des sièges, il s'en dégage globalement un glissement continu vers la droite, auquel la gauche conventionnelle a de la peine à résister. Mais le mode de scrutin ne reflète que partiellement le rapport réel des forces en présence. Certains observateurs ont relevé cependant des tendances au changement dans le régime des partis en Suisse. L'évolution la plus significative concerne l'affirmation sur la scène nationale de nouvelles organisations qui, agissant en marge des structures politiques traditionnelles, ont réussi à propulser leurs représentants au parlement. La progression des écologistes, même si elle ne s'est pas traduite par un gain de sièges correspondant, se conjugue aux mandats conquis par les partis classiques grâce au soutien de milieux favorables à une protection active de l'environnement [1]. Simultanément, les partis gouvernementaux sont victimes, à des degrés divers, d'une lente érosion. Bien que détenant encore 77,6% des suffrages, ils sont pourtant touchés par les doutes qui se font jour à propos de la démocratie de concordance. Cette défiance du souverain à l'encontre de la politique consensuelle s'est manifestée notamment à l'occasion des consultations portant sur la naturalisation facilitée des jeunes immigrés et de l'article constitutionnel sur l'énergie [2]. Les perspectives sont à cet égard d'autant plus difficiles que la succession de W. Ritschard au Conseil fédéral a laissé des traces dans les rangs socialistes. Le secrétaire de l'UDC, M. Friedli, a du reste vivement stigmatisé l'attitude des délégations gouvernementales lors de leurs réunions traditionnelles à la Maison de Wattenwyl. Pour remédier à certaines carences, il souhaiterait l'instauration d'un nouveau «style de relations» et l'amélioration des méthodes de travail dans le cadre de la préparation des sessions parlementaires [3].
Le Conseil national s'est penché à son tour sur l'initiative parlementaire Hubacher (ps, BS) demandant l'octroi d'une aide financière de l'Etat aux partis politiques, indexée sur le montant des dépenses inscrites au budget de la défense nationale. Tout en rejetant la proposition du député socialiste, le National a néanmoins adopté une motion de sa commission chargeant le gouvernement d'établir un catalogue de mesures destinées à apporter un soutien indirect aux formations politiques représentées au parlement [4].
 
[1] Domaine public, 704, 3.11.83, ainsi que supra, part. I, 1e (Conseil national). Sur les formes de participation politique institutionnelles et alternatives, cf. NZZ, 12.2.83 ; 16.6.83 (H.-P. Fagagnini); E. Gruner / H.-P. Hertig, Der Stimmbürger und die neue Politik, Bern 1983.
[2] Cf. supra, part. I, 1b (Bürgerrecht) et 6a (Conception globale de l'énergie).
[3] SVP-Pressedienst, 38, 2.11.83; NZZ, 5.11.83, ainsi que supra, part. I, 1c (Institutionen).
[4] BO CN, 1983, p. 1269 ss. Voir aussi BaZ, 27.8.83; Suisse, 26.9.83; TLM, 26.9.83; NZZ, 6.10.83, ainsi que APS, 1981, p. 202, note 4 et 1982, p. 199.