Année politique Suisse 1983 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
 
Parti socialiste
En dépit de l'esprit d'ouverture ménagé dans son manifeste électoral le Parti socialiste suisse (PSS) n'a pas été en mesure, à l'occasion des dernières élections fédérales, d'en rayer la poussée des organisations écologistes et progressistes dont l'émergence sur la scène politique a contribué, en partie, à «l'inertie de la gauche modérée». Ce manifeste est largement ouvert aux préoccupations de l'heure, puisque à côté des thèmes traditionnels du maintien de l'emploi ou du renforcement de la sécurité sociale, deux volets importants sont consacrés à la protection de l'environnement et à la sécurité internationale [5]. Depuis le 7 décembre, les socialistes affrontent de surcroît une crise d'identité. La non-élection de leur candidate officielle au Conseil fédéral — Lilian Uchtenhagen au profit de O. Stich — pourrait déboucher non seulement sur un éventuel retrait du parti de la coalition gouvernementale, mais encore sur une réorientation de sa stratégie politique. Le comité central a approuvé la convocation d'un congrès extraordinaire pour le début de l'année 1984 qui sera chargé de se prononcer sur ces deux importantes questions [6]. Jusqu'alors, le PSS avait été progressivement contraint de se confiner dans un rôle de défenseu:r des «avantages acquis», menacés en période de récession économique par une partie des milieux bourgeois [7].
Cette position a été réaffirmée lors de son congrès électoral où l'essentiel des débats a porté sur le problème de la sauvegarde de l'environnement. Les délégués se sont attelés à l'élaboration d'une initiative populaire qui devrait compléter et renforcer les dispositions de la nouvelle loi fédérale adoptée en automne par le parlement. Les socialistes ont souligné également leur attachement à des objectifs plus traditionnels comme la défense de l'emploi, la réduction de la durée du travail ou la protection des salariés. Ils ont ainsi décidé de s'associer au lancement de l'initiative de l'Union syndicale suisse sur la semaine de 40 heures. Par ailleurs, ils envisagent de lancer une initiative'populaire en faveur d'une assurance-maladie obligatoire, financée selon le modèle de l'AVS. Un texte correspondant devrait être soumis au prochain congrès ordinaire. S'ils n'ont pas dominé les débats, les problèmes de la paix, de la défense nationale et du désarmement ont toutefois alimenté une discussion passionnée. Les délégués ont accepté deux résolutions. La première préconise l'amorce d'un processus de réduction contrôlée et équilibrée des armements stationnés sur le continent européen. La seconde affirme la présence socialiste au sein du mouvement pacifiste [8].
Absente ou presque des travaux de leur congrès, la situation économique a été abordée en d'autres circonstances. Réunie à Bienne au début de l'année, la commission économique du PSS a analysé les divers aspects de la récession et formulé un certain nombre de propositions en matière de création d'emplois. Elle s'est en outre penchée sur les dispositions contenues dans le programme de relance publié en janvier par le Conseil fédéral. Tout en approuvant dans ses grandes lignes le projet, elle a présenté un train de mesures complémentaires ayant trait à une'extension de l'aide fédérale aux régions défavorisées, à une amélioration de la formation professionnelle et au développement de certaines infrastructures [9]. La diminution des emplois a également été au centre des préoccupations du congrès des femmes socialistes. Elles ont adopté une série de résolutions demandant une réduction de la durée du travail et la promotion de possibilités de travail à temps partiel [10].
A la suite du revers électoral enregistré lors du renouvellement des autorités législatives cantonales, les socialistes zurichois se sont efforcés de resserrer les rangs. Au cours d'une assemblée extraordinaire, les délégués ont reconduit dans leurs fonctions les dirigeants qui avaient offert leur démission et décidé d'élaborer un nouveau programme d'action. La désignation des candidats aux élections nationales a donné lieu toutefois à bien des divergences, la section de Bülach menaçant même de lancer une liste dissidente [11]. Par ailleurs, le dernier des socialistes à siéger encore à l'exécutif du canton de Bâle-Ville a rejoint la dissidence dite sociale-démocrate (Demokratisch-Soziale Partei), constituée en parti en 1982 [12]. Enfin, les socialistes jurassiens ont décidé de s'affilier à nouveau au PSS. Cette adhésion met ainsi un terme à la convention transitoire qui avait été négociée entre les deux formations en 1980, au lendemain de l'accession du Jura à la souveraineté cantonale. Le PS jurassien entend néanmoins conserver son option autogestionnaire et renforcer l'aile gauche du PSS [13].
 
[5] PSS, Objectifs 1983-87; Berne 1983; presse du 6.7.83; L'Hebdo, 15.12.83.
[6] Retrait du PSS: presse du 12.12.83; Vr., 14.12.83, ainsi que supra, part. I, 1c (Regierung). Crise d'identité: TA, 14.5.83; Domaine public, 710, 15.12.83; NZZ, 15.12.83; 30.12.83; LNN, 24.12.83.
[7] Voir à cet égard son opuscule consacré à l'idéologie du « moins d'Etat »: Dossier SPS/PSS: Moins d'Etat ou Etat-providence?, Berne 1983. Cf. également l'ouvrage de J.-N. Rey, Trop d'Etat ? Lausanne 1983 et APS, 1982, p. 198 s.
[8] Congrès électoral : presse du 12.9.83. Environnement: cf. supra, part. I, 6d (Umweltschutzgesetz). Durée du travail : cf supra, part. I, 7a (Temps de travail), ainsi que infra, part. IIIb (Arbeitnehmer). Assurancè-maladie: cf. supra, part. I, 7c (Krankenversicherung). Voir en outre SP-Information, 146, 8.9.83; 147, 19.9.83; AT, 8.10.83; Rote Revue, 62/1983, no 10, p. 1 ss.
[9] TLM, 7.2.83; Vr., 8.2.83; SP-Information, 133, 14.2.83. Cf. également TA, 25.2.83; Vr., 18.4.83; TW, 2.8.83, ainsi que supra, part. I, 4a (Konjunkturpolitik) et 7a (Marché du travail).
[10] SP-Information, 144, 15.8.83.
[11] NZZ, 4.7.83; Vr., 4.7.83; 8.7.83; TA, 4.7.83; 8.7.83; 18.8.83, ainsi que supra, part. I, 1e (Parlements cantonaux: Zurich). Le PS zurichois a enregistré de nouvelles démissions notamment celles du conseiller d'Etat A. Bachmann et du président du PS de la ville, L. Fünfschilling, sans parler de la décision de E. Lieberherr de ne plus solliciter un nouveau mandat au CE (TA, 15.1.83; 19.1.83; 13.5.83; 8.10.83).
[12] Il s'agit du conseiller d'Etat E. Wyss (BaZ, 20.8.83; TA, 22.8.83). Cf. APS, 1982, p. 200.
[13] JdG, 15.3.83; Suisse, 25.3.83; 27.3.83; VO, 31.3.83. Cf. aussi APS, 1975, p. 28.