Année politique Suisse 1983 : Partis, associations et groupes d'interêt / Partis
Parti radical-démocratique
C'est avec la devise «
Plus de libertés et de responsabilités — moins d'Etat» que le Parti radical-démocratique (PRD) s'est engagé une nouvelle fois dans la campagne électorale. Une campagne menée sur la base d'un programme, abordant pas moins de 24 thèmes différents. Au niveau de la politique générale, l'appel pressant lancé contre l'emprise de l'Etat se veut le reflet de la résistance que les radicaux entendent opposer aux interventions toujours plus marquées des pouvoirs publics. Toutefois, dans certains domaines, comme la politique économique, ils ne refusent pas d'emblée toute ingérence. Ils insistent cependant pour qu'elle ne s'exerce qu'à titre complémentaire, la priorité devant être accordée à l'initiative privée et à la concertation entre partenaires sociaux
[14]. Le PRD se déclare également partisan d'une protection active de l'environnement. De plus, il approuve une politique énergétique, fondée sur des mesures diversifiées. Par rapport aux «Objectifs 79/83», de nouveaux accents ont été mis sur les problèmes de l'emploi, de la défense nationale et de la jeunesse. Pour le reste, le PRD réaffirme la nécessité de parvenir à un équilibre des finances fédérales, par une nouvelle compression des dépenses, et, en matière de sécurité sociale, de préserver l'acquis, tout en développant la prévoyance privée
[15].
Soumis à l'assemblée ordinaire des délégués, le projet n'a pas soulevé d'objections majeures. Les amendements présentés par les sections cantonales plutôt «conservatrices» (LU, SO) ou plus «progressistes» (BL), avec l'appui des Jeunes radicaux, ont été généralement rejetés. Les délégués ont néanmoins accepté d'inclure des propositions portant sur une réduction graduelle de la durée du travail, l'intégration de la femme dans la défense générale et la création d'un service civil pour les objecteurs de conscience se réclamant de motifs religieux ou éthiques
[16]. Soucieux de ne pas heurter une partie de sa base, le PRD a décidé en revanche de s'accorder un délai de réflexion avant de se prononcer sur des dossiers aussi controversés que l'adhésion de la Suisse aux Nations Unies, l'harmonisation scolaire ou l'avortement
[17].
A l'heure où l'aide publique au développement est particulièrement contestée, les radicaux ont publié un document demandant que les contributions fédérales soient augmentées, afin de parvenir progressivement au niveau moyen des prestations fournies par les pays membres de l'OCDE (actuellement 0,35% du PNB). Ce renforcement de l'aide publique est toutefois subordonné à certains critères d'évaluation
[18]. Par ailleurs, dans le cadre du débat portant sur la participation des salariés, le PRD a réactualisé le principe de l'«intéressement financier» des employés au capital de leur firme. Ce projet, inspiré de la doctrine économique libérale, entend développer l'idée de solidarité dans l'entreprise
[19]. Enfin, les radicaux ont présenté des thèses et postulats relatifs à l'intégration de la femme dans la société. Ces recommandations s'apparentent davantage à des déclarations de principe qu'à une volonté de s'engager activement à concrétiser les revendications féminines. Du reste, aucun chapitre spécifique n'est consacré à la condition de la femme dans leur volumineux programme pour la législature en cours
[20].
A la suite de la décision prise par le comité directeur du PRD de la ville de Berne de ne pas faire figurer sur sa liste la députée au Grand Conseil, L. Robert, un certain nombre de personnalités ont décidé de se retirer de la section cantonale
[21].
[14] Voir à cet égard les thèses et propositions du PRD pour l'amélioration des conditions cadres de l'économie et la sécurité de l'emploi à long terme: Bund, 30.8.83; NZZ, 30.8.83; Freisinn, no 9, sept. 1983 et no 12, déc. 1983.
[15] PRD, Nos convictions, Berne (1983). Cf. également Revue politique, 62/1983, no 3, p. 1. ss. (« Radicalisme et protection de l'environnement ») et no 4, p. 1 ss. (« Positions radicales sur la politique de la jeunesse »). Voir aussi APS, 1979, p. 195.
[16] En dépit de cette position de principe sur l'objection de conscience, le PRD rejette l'initiative populaire en faveur d'un service civil dit de la preuve par l'acte (NZZ, 26.9.83). Cf. aussi supra, part. I, 3 (Dienstverweigerung).
[17] Assemblée des délégués: presse des 7.5 et 9.5.83. Cf. également SGT, 6.5.83; 27.9.83; NZZ, 14.5.83; AT, 15.10.83.
[18] NZZ, 26.2.83; Freisinn, no 4, mars 1983. Cf. aussi supra, part. I, 2 (Politique de développement).
[19] Revue politique, 62/1983, no 1, p. 25 ss.; NZZ, 2.7.83, ainsi que supra, part. I, 7a (Participation).
[20] Revue politique, 62/1983, no 2, p. 1 ss.; NZZ, 9.7.83.
[21] TA, 4.5.83; Bund, 10.5.83; 2.7.83; Ww, 2.7.83. Cf. aussi APS, 1982, p. 203, ainsi que supra, part. I, 1e (Candidatures).
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