Année politique Suisse 1983 : Eléments du système politique / Elections
 
Elections cantonales
Voir le tableau: elections_ccc_1983.pdf
Tout comme les autres années, les élections pour le renouvellement des parlements cantonaux ont été caractérisées par les structures et les développements propres aux régions [74]. Ce sont avant tout les élections à Zurich qui ont été marquées par la polarisation entre la gauche et la droite. Elles ont fait apparaître de nouvelles dimensions dans l'éventail des partis, en raison notamment de la présence des groupes écologistes [75]. Les principaux résultats sont perceptibles selon une triple perspective [76]: les partis bourgeois (PRD, UDC et PDC) sont parvenus à accroître leur représentation au parlement, bien qu'ils n'aient obtenu globalement aucun gain d'électeurs [77]. Les socialistes ont subi un net recul au législatif ainsi qu'un fléchissement de leur électorat qui fut insécurisé par les évolutions contradictoires au sein du parti depuis les émeutes des jeunes en 1980/81 et qui a tiré de cette situation des conclusions diverses [78]. Le véritable gagnant a été «l'alliance verte» qui est parvenue à canaliser la protestation des nouveaux mouvements sociaux. Elle a fait son entrée au parlement avec 4% des suffrages [79]. Les POCH et l'AN ont profité marginalement des déplacements de voix parmi les électeurs.
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Parlements
Plusieurs facteurs d'incertitude ont marqué les élections du parlement de Bâle-Campagne et les ont rendues particulièrement intéressantes [80]. En effet, c'est la première fois qu'ont été appliqués dans ce demi-canton le droit de vote à 18 ans, instauré en 1980, ainsi qu'une loi électorale régissant de façon nouvelle la répartition régionale [81]. Ces élections ont permis de discerner une nette tendance en faveur des petits partis et elles ont apporté bon nombre de changements de personnes. Dans certains cas particuliers, les mouvements des suffrages ont été insuffisamment représentés, ce qui a suscité quelques critiques a posteriori au sujet du nouveau droit électoral [82]. Parmi les principales évolutions, on distingue une légère poussée de la droite, ainsi que l'avance continuelle des POCH au sein d'une gauche stagnante. On a également constaté que les chances des candidates à cette élection sont restées les mêmes [83].
Il n'y a pas eu de grands changements dans les cantons de Lucerne [84] et du Tessin [85], dont la structure des partis est traditionnellement axée sur le PDC et le PRD. Ils connaissent en outre de solides alliances entre partis ainsi que des taux élevés de participation électorale. Dans le cas lucernois, les POCH sont parvenues à concentrer en leur faveur les pertes subies par les autres partis et à doubler leurs voix, faisant ainsi figure de vainqueur des élections.
Enfin, dans les Grisons, les élections du parlement cantonal au système majoritaire ont provoqué quelques pertes au détriment du PDC et un recul minime du PS. En revanche, l'UDC a enregistré un gain de quelques sièges. Dans ce canton, le rôle des partis d'opposition reste insignifiant [86].
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Gouvernements
La diversité du fédéralisme suisse s'exprime également au travers des résultats des élections aux gouvernements cantonaux. La seule caractéristique commune à l'issue des cinq scrutins pour le renouvellement du Conseil d'Etat de certains cantons fut la stabilité des partis politiques représentés. Cela est d'autant plus remarquable que les systèmes d'élection de ces gouvernements cantonaux sont très différents les uns des autres. En effet, malgré les retraits et un grand nombre de candidatures, aucun siège gouvernemental n'a été attribué à un autre parti [87].
Dans le canton de Zurich, les cinq anciens conseillers d'Etat des partis gouvernementaux bourgeois se sont présentés de nouveau sur une liste commune. En revanche, l'unique représentant de l'AdI est allé seul au combat. Après plusieurs années de désaccord avec son propre parti, Arthur Bachmann, conseiller d'Etat socialiste, a renoncé à solliciter un nouveau mandat, bien qu'il eût obtenu une investiture hors parti. Pour le remplacer, les socialistes ont choisi la conseillère nationale Hedi Lang qui a été ainsi la première femme a être élue au sein d'un gouvernement cantonal dans l'histoire de la Confédération [88]. Les trois autres candidats des partis de l'extrême-gauche et des écologistes ont échoué.
Pour la sixième fois en vingt ans, les socialistes de Bâle-Campagne ont tenté d'obtenir un second siège gouvernemental. Bien que leur candidat Rainer Schaub eût obtenu la majorité absolue, son résultat a été moins bon que celui de Markus van Baerle (prd) soutenu par l'entente bourgeoise (PRD, UDC, PDC) et qui a succédé au radical Theo Meier, démissionnaire [89].
Dans le canton de Lucerne, à l'exception des anciens représentants du PDC, tous les candidats n'ont pas atteint la majorité absolue au premier tour. Ala suite des retraits du radical Rolf Ineichen et des candidats des POCH et de l'AdI, ces derniers n'ayant de toute façon aucune chance d'être élus, ont permis au gouvernement lucernois de se retrouver au complet dans son ancienne formation [90].
Le Tessin connaît un système électoral tout à fait particulier. Les sièges de l'exécutif y sont attribués selon une forme de représentation proportionnelle différenciée. En outre, les grands partis présentent chacun une liste complète. Cette fois, la composition en place depuis 60 ans (PRD, PDC et PS) a été sérieusement menacée par le Parti socialiste autonome dont le candidat principal, Pietro Martinelli, a même obtenu un nombre de voix plus élevé que Rossano Bervini, nouveau leader socialiste. Martinelli n'a pourtant pas fait son entrée au gouvernement à cause de la participation électorale de son parti demeurée insuffisante pour obtenir un siège lors de la répartition. Outre Bervini, Claudio Generali (prd) et Renzo Respini (pdc) ont été élus pour la première fois au Conseil d'Etat tessinois [91].
Le blâme infligé à Rudolf Reutlinger, Landammann d'Appenzell Rhodes-Extérieures, pour manque d'initiative dans l'exercice de ses fonctions, est resté sans conséquence pour sa carrière personnelle, puisque la Landsgemeinde a confirmé l'exécutif dans une composition inchangée [92].
 
[74] Pour les mêmes cantons, cf. APS, 1979, p. 42 ss.; APS, 1975, p. 37 s. Rétrospective des élections cantonales durant la dernière législature: SGT, 3.5.83.
[75] Rétrospective de l'évolution politique depuis 1979: NZZ, 16.4.83.
[76] Elections du 24.4.1983. Résultats: NZZ, 25.4.83; 26.4.83. Candidatures: TA, 23.4.83. Apparentement de listes: TA, 8.4.83. Prises de position des partis principaux: TA, 25.4.83. Premières analyses: BaZ, 26.4.83; Bund, 26.4.83; NZZ, 29.4.83.
[77] Malgré une perte de voix de 0,4%, le tandem PRD/UDC est parvenu à augmenter le nombre de ses mandats et manque la majorité absolue de 4 sièges. Principalement en ville de Zurich, un léger écart entre le PDC et les autres partis de la coalition bourgeoise était perceptible (TA, 7.4.83).
[78] Options principales du PS: SP Zürich, Standortbestimmung, Zürich 1983. Premières analyses de la défaite: TW, 26.4.83; Vr, 26.4.83. Cf. également APS, 1980, p. 193.
[79] Alliance se composant du parti écologiste (GP) et du parti pour la paix et l'environnement (PFU), cf. TA, 24.1.83; 31.1.83. A Hinwil, le PFU opta pour une alliance avec l'AN (TA, 6.4.83). Portraits des élus verts : TA, 26.4.83.
[80] Elections du 20.3.1983. — Des signes d'un intérêt croissant furent un record de candidatures et une plus grande participation aux élections (BaZ, 1.3.83).
[81] NZZ, 15.3.83; TA, 18.3.83. Cf. également APS, 1980, p. 166; 1981, p. 177.
[82] La relative augmentation des suffrages a bénéficié aux POCH, PL, PEP et à l'AN. Par contre, l'UDC et I'AdI ont augmenté leurs mandats tout en perdant une partie de leur électorat. Résultats définitifs par région: BaZ, 23.3.83 ; 28.3.83. Critique: Motion H. Fünfschilling (prd) ; cf. BaZ, 29.4.83 ; recours de droit public L. Kuhn (BaZ, 6.5.83). Un malaise général dans le mécanisme électoral; BaZ, 21.3.83 (B. Degen).
[83] BaZ, 22.3.83; NZZ, 22.3.83; TA, 22.3.83.
[84] Elections du 24.4.1983. — Résultats: LNN, 25.4.83; 29.4.83; Vat., 25.4.83; 26.4.83; 29.4.83. Particularités de la campagne électorale: LNN, 7.2.83; 14.2.83; 5.4.83; 14.4.83; 15.4.83; Vat., 7.4.83; NZZ, 18.4.83; TA, 21.4.83. Elus par parti: Vat., 17.6.83.
[85] Elections du 17.4.1983. — Résultats: CdT, 20.4.83. Interprétation de la stabilité politique: TA, 20.4.83.
[86] Elections du 1.5.1983. — Résultats: NZZ, 2.5.83.
[87] Cf. APS, 1979, p. 42; 1975, p. 37.
[88] Elections du 24.4.1983. — Bachmann/PS: NZZ, 19.5.83; TA, 20.5.83; Vr, 20.5.83. Candidature Lang: NZZ, 23.2.83; TA, 23.2.83. Résultats: NZZ, 25.4.83. Première séance: NZZ, 31.5.83. Particularités de la campagne électorale: NZZ, 21.4.83.
[89] Elections du 20.3.1983. — Résultats : BaZ, 21.3.83. Portraits des candidats: BaZ, 14.3-18.3.83. Situation du PS: TA, 21.3.83.
[90] Elections du 24.4.1983. — Résultats : LNN, 25.4.83 ; Vat., 25.4.83. Revue de presse : Vat., 26.4.83. Abandon de R. Ineichen: LNN, 2.5.83; Vat., 2.5.83.
[91] Elections du 17.4.1983. — Résultats: CdT, 19.4.83. Portraits: CdT, 13.4.83. Rétrospective depuis le scandale du Crédit suisse en 1977: Ww, 25.5.83.
[92] SGT, 15.3.83; TA, 15.3.83; NZZ, 25.4.83.