Année politique Suisse 1983 : Politique sociale / Population et travail / Conventions collectives de travail
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Conflits de travail
Bien que les relations entre partenaires sociaux se soient sensiblement durcies, rares sont les conflits de travail qui se sont terminés par une grève. La statistique officielle n'a recensé pour 1983 que 5 conflits collectifs d'une journée au moins. Ces grèves ont été observées par 985 personnes (1982: 55), occupées dans 5 établissements; le nombre de journées perdues s'est élevé à 4438. Trois d'entre elles ont été motivées par des licenciements, les deux autres en raison de revendications salariales non satisfaites [35]. Ainsi, 48 employés de la firme Matisa, implantée dans la banlieue lausannoise, ont observé un arrêt de travail de douze jours pour s'opposer à des mesures de suppression d'emplois. Ce conflit a suscité un certain émoi dans les milieux politiques. Le conseiller national Gloor (ps, VD) est intervenu auprès du Conseil fédéral pour lui demander notamment de renforcer la protection des travailleurs contre les licenciements décrétés par des entreprises étrangères établies dans notre pays. En dépit des efforts déployés par l'Office cantonal de conciliation, les suppressions d'emplois ont été maintenues [36]. Par ailleurs, 650 ouvriers des aciéries Monteforno à Bodio (TI) se sont mis en grève pendant cinq jours pour protester contre une décision du tribunal arbitral concernant la compensation du renchérissement [37]. De son côté, le Tribunal cantonal zurichois a rendu l'un des jugements les plus importants pris en matière de droit de grève. Chargé de statuer en deuxième instance sur un arrêt prononcé en 1981 par un tribunal de prud'hommes du canton, relatif à un conflit collectif survenu à la suite du licenciement sans préavis de treize employés, il a estimé en effet que la participation à cette grève ne représentait pas une violation des dispositions de droit privé sur le travail [38].
 
[35] La Vie économique, 57/1984, p. 102.
[36] BO CN, 1983, p. 1207 ss. ; TLM, 18.2.83 ; 24 Heures, 18.2.83 ; 3.3.83 ; 4.3.83. Une grève avait déjà éclaté en 1976 dans cette entreprise (cf. APS, 1976, p. 126).
[37] TA, 3.11.83; 7.11.83; CdT, 5.11.83; 7.11.83; 23.11.83. Les autres grèves ont éclaté dans l'imprimerie de la «Tribune de Genève» (Suisse, 8.2.83; 10.2.83; Tribune de Genève, 11.2.83), dans une imprimerie zurichoise (Vr, 4.8.83; 5.8.83; 8.8.83) et dans une entreprise de construction à Oron (VD) (TLM, 5.11.83; 24 Heures, 8.11.83).
[38] TA, 3.6.83 ; 24 Heures, 9.12.83. Cf. en outre NZZ, 18.1.83 ; Ww, 10, 9.3.83 ; G. Casetti, «Coopération entre partenaires sociaux», in La Vie économique, 56/1983, p. 198, ainsi que APS, 1981, p. 208; 1982, p. 124.