Année politique Suisse 1984 : Eléments du système politique / Elections / Elections cantonales
Le demi-canton dé Bâle-Ville reflète une variante quelque peu dissociée de la tendance dominante. C'est en effet le seul canton dans lequel les dissensions des socialistes avaient abouti à une scission formelle du parti. Au terme de la législature, le PS officiel n'était plus représenté dans le gouvernement des sept et n'occupait plus qu'un sixième des sièges au Grand Conseil, tout comme le PRD. A l'exécutif, siégeaient alors trois anciens membres du PS: H. Schmid, chef du Département de la santé publique, élu en 1976 avec le soutien des milieux médicaux et sans appartenance partisane, ainsi que K. Schnyder, chef du Département de la police, et E. Wyss, chef du Département de l'économie publique et des affaires sociales, tous deux représentants du DSP (Demokratisch-Soziale Partei), fondé en 1982. C'est à ce nouveau parti que s'étaient ralliés deux cinquièmes des membres du groupe socialiste au Grand Conseil.
Le renouvellement de l'exécutif occupa le premier plan de la scène politique. Parmi les anciens conseillers d'Etat, A. Schneider (prd) et E. Wyss (dsp) étaient démissionnaires. Tout comme en 1980, les partis bourgeois avaient établi une liste de quatre candidats (2 PRD, parmi lesquels, pour la première fois, le physicien H.-R. Striebel, 1 PL et 1 PDC). De son côté, le DSP présentait K. Schnyder dont la candidature était appuyée aussi bien par des milieux syndicaux que bourgeois, tandis que H. Schmid se représentait seul et hors parti. Pour tenter de reconquérir sa position perdue en 1976, le PS avait choisi pour sa part trois nouveaux candidats, dont une femme. Participaient également à ces joutes électorales, le Parti évangélique populaire (PEP), plus connu à Bâle sous la dénomination de «Vereinigung evangelischer Wähler», les POCH et d'autres petites formations de gauche et de droite
[8].
L'enjeu de la lutte électorale consistait à désigner parmi les forces du centre (dissidents socialistes, PEP) ou de la gauche le futur partenaire principal des magistrats bourgeois au sein du gouvernement. Cette situation provoqua une légère remontée du taux de participation électorale, en baisse depuis de nombreuses années. Au premier tour de scrutin, seuls deux conseillers d'Etat bourgeois sortants (1 PRD, 1 PDC) obtinrent la majorité absolue, le premier socialiste ne figurant qu'au septième rang. Pour le second tour, la simultanéité de l'élection avec les votations fédérales sur le service civil et les redevances routières permit notamment au PS de mobiliser davantage d'électeurs. La participation fut de 50% au second tour contre 42% seulement au premier; l'alliance bourgeoise réussit à placer ses quatre candidats, alors que seuls les deux candidats masculins du PS bénéficièrent de l'aval électoral (M. Feldges et R. Gysin). De son côté le DSP parvint à confirmer le conseiller d'Etat Schnyder dans sa charge. Pour H. Schmid, critiqué pour sa gestion à la tête de son département; la base électorale se révéla trop étroite; de surcroît, certains milieux bourgeois n'étaient pas favorables à une faible représentation du PS
[9]. En effet, le PS avait nettement renforcé sa position lors des élections parlementaires, tandis que le DSP y avait perdu des mandats. Cependant, cette victoire du PS sur les dissidents fut plus modeste que celle obtenue lors des élections au Conseil national. Considérées globalement, les deux formations socialistes ont à nouveau atteint un niveau de représentation qui correspond à peu près à la force du PS en 1976.
Toutefois, si l'on ne prend en compte que les voix du PS officiel, on constate qu'à Bâle également tous les grands partis ont perdu du terrain par rapport à 1980, le PRD subissant la perte la plus légère. Les principaux gagnants furent —à l'exception du DSP — l'AN et le PEP; en revanche l'électorat de l'AdI est resté le même, tout comme celui des POCH.
Le Parti du travail a poursuivi son déclin; il ne dispose plus que du dixième des sièges qu'il possédait en 1947. Pour ce qui est des nouveaux élus au Grand Conseil, on constate un renforcement de la tendance écologique, bien que les groupuscules se réclamant des «verts» n'aient pas obtenu un seul mandat. Le nombre des femmes élues a considérablement augmenté ; il a passé de 21 à 32 sièges, soit à 24,6% de l'ensemble des mandats. La proportion féminine au Grand Conseil bâlois a ainsi atteint celle de Genève, canton qui jusqu'alors était en tête sur le plan suisse
[10].
[8] BaZ, 20.12.83; NZZ, 27.12.83; 31.1.84; TA, 14.1.84. Cf. APS, 1976, p. 34; 1982; p. 200; 1983, p. 219.
[9] 1er tour (29.1.1984): BaZ, 30.1.84. 2e tour (26.2.1984): BaZ, 27.2.84 ; 28.2.84; cf. également NZZ, 21.2.84; BaZ, 23.2.84. Pour la votation fédérale, cf. infra, part. I, 3 (Dienstverweigerung) et 6b (Generelle Verkehrspolitik). Aux deux nouveaux élus socialistes ont été attribués les départements délaissés par les dissidents restés sans succès: l'économie et les affaires sociales à M. Feldges, la santé publique à R. Gysin (BaZ, 7.3.84).
[10] Elections du 29.1.1984: BaZ, 1.2.84; 2.2.84; cf. également NZZ, 17.1.84; 2.2.84; TA, 31.1.84; 2.2.84. Le PdT avait obtenu 31 mandats en 1947 (BaZ, 11.7.84). Part des députées au parlement cantonal: GE 1981 24%, avril 1985 25%; BS 1984 24,6%, avril 1985 26,4% (informations des administrations cantonales).
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