Année politique Suisse 1984 : Eléments du système politique / Elections / Elections communales
Les élections dans les deux villes bernoises furent plus mouvementées, notamment celles des exécutifs. A Berne, les tensions internes du PS ont joué un rôle décisif. L'aile gauche, dominant au sein des organes du parti, s'est efforcée d'obtenir un renouvellement de la représentation socialiste à
l'exécutif. Alors que K. Schweizer ainsi que K. Kipfer, seulement en fonction depuis 1979, remettaient leur mandat à la disposition du parti, H. Bratschi, bien qu'on lui ait reproché ses implications présumées dans un scandale hospitalier, persistait à vouloir se représenter devant les électeurs. Lorsque le parti socialiste désigna trois candidats plus jeunes, son président P. Vollmer, le conseiller national A. Neukomm et Gret Haller, des syndicalistes et d'anciens socialistes prominents soutinrent la candidature de Bratschi en tant que représentant de la social-démocratie traditionnelle. L'Union syndicale de la ville, dont le candidat n'avait pas été pris en considération par le PS, ne se prononça ni en faveur des candidats officiels du parti ni pour Bratschi. Du côté des partis bourgeois, le PRD, l'UDC et le PDC présentèrent une liste de quatre candidats. Elle comportait deux nouveaux noms, M.-R. Peter (udc), pour remplacer H. Hubacher démissionnaire, et J. Bossart (pdc). L'Action nationale, l'Alliance des indépendants, le groupe «Junges Bern», les POCH ainsi que d'autres formations de gauche ou dites «alternatives» proposaient chacun leurs candidats. Par ailleurs, Ruth Geiser, hors parti, la seule femme membre de l'exécutif, n'entrait plus en lice
[19]. Les élections, organisées selon le système de la représentation proportionnelle, ont donné la victoire à la liste bourgeoise des quatre avec seulement 39% des voix; en revanche, deux des candidats officiels du PS, A. Neukomm et Gret Haller, ainsi que H. Bratschi ont été élus. En conséquence, pour la première fois depuis 1955, l'exécutif de la ville de Berne a retrouvé une majorité composée de représentants des partis bourgeois. Bratschi est resté membre du PS, bien que les organes du parti le tiennent à distance
[20].
L'élection simultanée du
parlement de la ville n'a toutefois pas renforcé mais, au contraire, affaibli la position des milieux bourgeois. Les résultats ont très largement concordé avec le modèle prédominant en Suisse. A l'exception du PRD qui, à la différence des élections au Conseil national, est parvenu à maintenir sa position, les grands partis ont perdu des électeurs. En revanche, l'Action nationale a conquis la troisième place derrière le PS et le PRD, car elle a tiré profit du malaise diffus lié à la présence de nombreux réfugiés tamouls. Diverses petites formations de gauche ont obtenu des gains plus modestes
[21].
[19] TW; 4.5.84; 28.9.84; Ww, 27, 5.7.84: Bund, 22.8.84; 23.8.84; 2.10.84. Affaire de l'hôpital: cf. APS, 1983, p. 143.
[20] Elections du 2.12.1984: Bund, 3.12.84; 4.12.84. Bratschi: Bund, 7.12.84. Lors de l'attribution des départements, la majorité bourgeoise réservera la direction des finances à J. Bossart (pdc) et celle des travaux publics à M.-R. Peter (udc), tandis que les écoles et les régies reviendront aux socialistes G. Haller et A. Neukomm (Bund, 18.1.85).
[21] Bund, 2.10.84; 4.12.84; TA, 4.12.84. Pour les réfugiés, cf. infra, part. I, 2 (Asile politique).