Année politique Suisse 1984 : Chronique générale / Politique étrangère suisse / Politique économique extérieure
print
Relations économiques bilatérales
Un certain nombre de contentieux ont assombri quelque peu les relations économiques bilatérales privilégiées que la Suisse entretient avec la plupart des pays membres de la CE. Ces derniers ont ainsi protesté à diverses reprises contre l'introduction dans notre pays de redevances routières, adoptées par le peuple et les cantons lors de la double votation de février. Présentées par les autorités helvétiques comme un simple «péage routier», ces taxes sont considérées par les gouvernements européens comme une nouvelle entrave au transport international et contraire à l'esprit des accords de libre-échange signés par la Suisse en 1972. Le Parlement européen a ainsi approuvé une résolution dans laquelle il demande l'abrogation ou, du moins, l'application non discriminatoire des redevances routières perçues à partir de janvier 1985 par la Confédération. Des menaces de rétorsion ont même été proférées par certains pays, tels que la République fédérale d'Allemagne, la France et l'Italie [61].
En dépit de nombreux points de friction, les contacts avec la France sont restés intenses tout au long de l'année. Le chef du DFEP s'est entretenu à Paris avec son homologue français, notamment sur les discriminations et les taxes parafiscales dont sont victimes certains produits suisses. Le contentieux le plus sérieux demeure toutefois celui de l'industrie pharmaceutique. L'accord conclu en 1978 prévoit entre autres la promotion des investissements suisses en France dans ce secteur. Or les filiales suisses hésitent à investir car les prix de vente très bas imposés aux médicaments en France ne leur permettent pas d'obtenir des rendements suffisants. Aux termes des pourparlers, aucune entente n'est intervenue sur ce dossier de première importance. La France a néanmoins manifesté sa volonté de rechercher des solutions propres à aplanir ce contentieux [62].
Le chef du DFEP a reçu en mars à Berne le ministre du commerce extérieur d'Italie. Cette visite a notamment permis de débattre des procédures d'autorisation imposées par l'Italie à l'importation des produits textiles suisses. Ces mesures restrictives ont été levées en juillet [63].
Le fléchissement de nos échanges avec les pays de l'Est, observé ces deux dernières années, a cédé le pas à une légère reprise. Au cours de l'année, nos exportations vers ces pays ont augmentés en moyenne de 10,1 %. Si nos importations en provenance de la Bulgarie, de l'Union soviétique et de la Tchécoslovaquie ont singulièrement regressé, celles des autres Etats membres du COMECON se sont fortement accrues. En dépit de cette hausse des échanges, le bloc socialiste n'en demeure pas moins confronté à de sérieuses difficultés financières. C'est ainsi qu'au terme de laborieux pourparlers préliminaires, des négociations ont été entamées en octobre à Paris entre la Pologne et ses 17 principaux pays créanciers sur le rééchelonnement de sa dette. Le montant total des dettes polonaises envers la Suisse, arrivées à échéance et devant être échelonnées, s'élevait en 1984 à 240 millions de francs. Un nouvel accord de rééchelonnement avec la Yougoslavie a également été signé par la Suisse au cours de l'année [64].
Le commerce avec les Etats-Unis d'Amérique a continué de se développer de manière réjouissante. La fermeté du dollar et la vigueur de la reprise économique ont entraîné une augmentation de nos exportations supérieure à la moyenne. Cette évolution positive est toutefois entravée par des litiges croissants dans le domaine du droit économique. C'est ainsi que la Suisse a finalement décidé d'accéder à la demande d'entraide judiciaire formulée par Washington dans l'affaire Marc Rich, dont la société zougoise, spécialisée dans le commerce des matières premières, est accusée de fraude fiscale aux Etats-Unis. D'autre part les autorités helvétiques ont également accordé l'entraide judiciaire demandée parce pays dans la fameuse affaire «Santa Fe», une affaire exemplaire d'opérations de bourse, dites d'« initiés». Par ailleurs, les fortes tendances protectionnistes qui règnent aux Etats-Unis n'ont pu être totalement enrayées, notamment dans les secteurs des machines-outils et des textiles. Lors de sa visite officielle en février à Washington, le chef du DFEP a exposé la position de la Suisse face à ces foyers conflictuels bilatéraux [65].
 
[61] Presse du 14.11.84; NZZ, 20.11.84; Ww, 47, 22.11.84. Voir aussi NZZ, 11.10.84 (RFA); LM, 22.11.84 (France); 24 Heures, 22.11.84 (Italie). Cf. infra, part. I, 6 b (Generelle Verkehrspolitik).
[62] NZZ, 6.7.84; TA, 7.7.84. Cf. APS, 1983, p. 81.
[63] 24 Heures, 18.4.84; CdT, 23.11.84.
[64] Pologne : Suisse, 30.8.84. Yougoslavie: NZZ, 1.2.84. Voir aussi FF, I, 1985, p. 355 s. ; Suisse, 2.8.84 ainsi que APS, 1983, p. 82.
[65] TLM, 1.2.84; 5.2.84; Bund, 6.2.84; NZZ, 8.2.84; 24 Heures, 8.2.84. Cf. APS, 1983, p. 80 s. et infra, part I, 4b (Banken).