Année politique Suisse 1984 : Politique sociale / Groupes sociaux
 
Jeunesse
Dans la perspective de l'année 1985, déclarée par les Nations Unies «Année internationale de la jeunesse pour la participation, le développement et la paix», de nombreuses voix se sont élevées pour insister sur la nécessité d'une meilleure intégration de la jeunesse dans la vie politique et sociale suisse. Dans une prise de position commune, les porte-parole des grands partis et la Commission fédérale pour la jeunesse ont plaidé pour le renforcement de la participation des jeunes au niveau du processus de prise de décision et du dialogue entre générations. Ils ont lancé un appel pressant en faveur d'une plus grande tolérance et une meilleure compréhension à l'égard des formes d'expression culturelles et politiques manifestées par une partie de la jeunesse. Les discours ont également mis en évidence la nécessité d'accorder aux jeunes davantage de responsabilités afin de faciliter leur insertion sociale [12]. Dans cette optique, la Commission fédérale pour la jeunesse a publié un rapport controversé, sur les relations entre les jeunes et les médias. Ce document souligne leur sous-représentation dans le monde des médias et condamne un mode de communication qui véhicule l'image trop souvent négative d'une génération marginalisée et passive, considérée comme simple produit de la société de consommation. En contrepartie, il propose une démocratisation de l'accès aux médias pour les jeunes et une conception des échanges qui leur permette de s'exprimer et de participer à l'information [13].
Quant à l'organisation de l'année de la jeunesse, le Conseil fédéral a chargé la Communauté d'action suisse pour l'année de la jeunesse créée en 1983 par le Cartel suisse des associations de jeunesse (CSAJ), d'assurer la coordination entre les organisations intéressées et les autorités fédérales. Le Conseil fédéral a donc renoncé à constituer un comité national contrairement à ce qu'il avait pratiqué pour les années de la femme, de l'enfant ou des handicapés. Par ailleurs le crédit budgétisé est de moindre importance. La communauté d'action pour l'année de la jeunesse a vivement critiqué cette retenue, stigmatisant par là la timidité de la politique fédérale à l'égard de la jeunesse [14].
Du côté du CSAJ on s'est mobilisé autour du projet d'un «congé jeunesse». Une pétition a été déposée au Conseil national revendiquant une semaine de congé payé supplémentaire par année, pour les jeunes de moins de 30 ans qui assument des responsabilités au sein des mouvements de jeunesse. Le mobile s'appuie sur la nécessité de rétablir l'équilibre entre les étudiants d'une part et les apprentis, sous-représentés dans les activités de jeunesse; dans la mesure où ces derniers disposent de moins de temps libre par rapport aux étudiants. Tout en adhérant à la proposition, les Chambres ont souligné les difficultés juridiques et les problèmes financiers qu'occasionnerait sa concrétisation. Les employeurs ont d'ailleurs d'ores et déjà manifesté leur désapprobation [15]. Toutefois, la promotion des activités extrascolaires, de même que l'institution d'un congé de formation pour les jeunes travailleurs, dispositions qui s'étaient heurtées à maintes reprises au refus du parlement, figurent dans le rapport du Conseil fédéral sur les priorités de la législature 83/87 [16]. Dans ce sens et pour répondre aux voeux des pétitionnaires, le Conseil national a accepté un postulat de Leni Robert (-, BE). Il priait le Conseil fédéral de présenter au parlement, au cours de la présente législature, les projets concernant les bases législatives permettant de soutenir les activités extrascolaires des jeunes et d'introduire le congé de formation [17].
 
[12] Participation de la jeunesse: NZZ, 4.1.84; TA, 12.10.84; Vat., 9.6.84; Suisse, 21.12.84; voir aussi Lib., 26.3.84, NZZ, 5.6.84.
[13] TA, 14.9.84; Vat., 18.9.84; BaZ, 17.9.84; NZZ, 17.9.84. Situation de la jeunesse des années 1980: Dossier du TA, 26.6.84: 3.7.84; 5.7.84; 21.8.84; Coop-Zeitung, 52, 27.12.84. Autre thème débattu: Suicide des jeunes (NZZ, 24.3.84; TW, 5.6.84; BO CN, 1984, p. 1025); voir aussi H.P. Kriesi, Die Zürcher Bewegung, Bilder, Interaktionen, Zusammenhänge, Frankfurt/New York 1984 et A. Willener, L'avenir instantané. Mouvement des jeunes à Zurich, Lausanne 1984.
[14] Année de la jeunesse: 24 Heures, 21.4.84; NZZ, 24.8.84; 31.12.84; Bund, 22.12.84: BaZ, 31.12.84. Initiatives cantonales: 24 Heures, 10.10.84; SZ, 17.1.84; Vat., 4.8.84. Le CE a accepté un postulat de la députée Bauer (pl, GE) qui, en vue de l'Année de la jeunesse et dans l'intention d'établir un véritable dialogue entre générations demandait au Conseil fédéral de proposer des moyens propres à assurer la participation des jeunes au processus de décision (BO CE, 1984, p. 306 s.).
[15] SGT, 5.1.84; L'Hebdo, 18.3.84. BO CN, 1984, p. 967 ss.; BO CE, 1984, p. 522 s. Concernant la durée des vacances voir aussi supra, part. I, 7a (Temps de travail).
[16] FF, 1984, II, p. 1348 ss.
[17] BO CN, 1984, p. 1928. Voir aussi BO CE, 1984, p. 675; BO CN, 1984, p. 1969.