Année politique Suisse 1985 : Eléments du système politique / Structures fédéralistes / Questions territoriales
Dans le Laufonnais également, les réactions, souvent vives, n'ont pas manqué. Selon le rapport de la commission d'enquête du Grand Conseil bernois, ce sont en effet 333 281 francs qui ont été versés durant les années 1980 et 1983 au mouvement «Aktion Bernisches Laufental», fidèle au canton de Berne
[18]. Le «Laufentaler Bewegung», favorable à un rattachement au demi-canton de Bâle-Campagne et qui avait déjà dénoncé le soutien gouvernemental de ses adversaires à l'époque du plébiscite de 1983, en a profité pour donner encore plus de voix, dans le même temps qu'il opérait un rapprochement vers le Rassemblement jurassien et Unité jurassienne. En envoyant à la Chancellerie cantonale un recours signé par cinq citoyens, le mouvement probâlois a
exigé l'annulation du scrutin de 1983 par lequel le Laufonnais avait choisi de rester dans le canton de Berne, ainsi que la répétition de ce vote. Pour sa part, le Conseil de district du Laufonnais, à l'occasion d'une séance extraordinaire convoquée à la demande du groupe démocrate-chrétien, a formulé une requête à l'endroit du Conseil-exécutif non pas pour que celui-ci répète le scrutin, mais pour qu'une enquête plus approfondie soit entreprise et que les fonds versés sans base légale soient remboursés. Le conseil, au sein duquel les démocrates-chrétiens et les députés socialistes ont pu faire prévaloir leurs revendications face aux radicaux, a également pris position en faveur de l'ouverture d'une procédure disciplinaire à l'encontre des membres du Conseil-exécutif ayant pris part à cette affaire des caisses noires. De leur côté, les citoyens probernois du district n'ont pas cherché à nier le soutien financier obtenu du gouvernement, mais ont estimé que celui-ci était nécessaire pour rétabli un indispensable équilibre entre les deux camps
[19]. En fin d'année, le Grand Conseil bernois, ainsi que le lui avait recommandé le Conseil-exécutif, a décidé de ne pas entrer en matière sur le recours déposé par les cinq citoyens laufonnais, ni de donner suite à la pétition du Conseil de district. Ce dernier n'en a pas pour autant abandonné ses démarches et a adressé au Conseil fédéral un nouveau recours afin que celui-ci forme une commission d'enquête indépendante et organise un nouveau plébisciter
[20].
Demi-cantons
Les deux demi-cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne ont tous deux poursuivi leurs démarches pour revendiquer le statut de canton à part entière au sein de la Confédération. L'association «Pro Vollkanton Baselland» a déposé dans ce sens une initiative populaire, accompagnée d'une seconde soutenue par une cinquantaine de communes, dans le but d'inscrire dans la constitution cantonale un article obligeant les autorités à tout entreprendre pour obtenir un conseiller aux Etats supplémentaire et une voix pleine lors des référendums fédéraux exigeant la double majorité. L'idéal de la réunification prenant de plus en plus l'allure d'un lointain souvenir, 99 députés au Grand Conseil de Bâle-Ville ont formulé une proposition allant elle aussi dans le même sens
[21].
[19] Laufentaler Bewegung: BaZ, 2.9.85; 5.9.85; 9.9.85; APS, 1984, p. 32. Une motion Schärer (poch) a également été déposée au Grand Conseil bernois. Conseil de district: BaZ, 14.9.85; 15.10.85; 25.10.85; 26.10.85; BZ, 26.10.85. Probernois: 24 Heures, 26.10.85. Si les fonds mis à la disposition de la propagande en faveur d'un attachement à leur canton par les gouvernements bâlois et soleurois ont été rendus publics, il n'en a toutefois pas été de même de ceux offerts par le gouvernement bernois.
[21] BaZ, 27.6.85; APS, 1984, p. 32. Voir aussi BaZ, 31.1.85; 13.3.85. Le gouvernement de Bâle-Campagne a recommandé au législatif de soutenir les deux initiatives déposées (BaZ, 18.12.85).