Année politique Suisse 1985 : Politique sociale / Population et travail
 
Marché du travail
L'emploi global a connu une croissance qui est allée en se renforçant au courant de l'année. Malgré la reprise conjoncturelle amorcée depuis déjà trois ans, le marché du travail n'a pas encore rejoint le niveau d'emploi atteint avant la dernière récession et ce, en partie en raison d'une rationalisation toujours plus grande réalisée par les entreprises. Après des progressions de 100% en 1983 et de 25,8% en 1984, le nombre moyen des chômeurs (complets et partiels) a diminué de 13,8% passant de 35 185 à 30 345. Le total des personnes partiellement sans emploi s'est accru de 197 unités passant à 3321. Le nombre des chômeurs complets a donc nettement diminué, passant de 32 061 en 1984 à 27 024 en moyenne sur l'année. L'amélioration du marché du travail s'est également traduite par la hausse des offres d'emploi. Si le taux de chômage calculé pour l'ensemble de la Suisse reste, avec 1,0% (1984: 1,1%), considérablement bas comparativement aux autres pays de l'OCDE, les disparités entre cantons sont cependant assez fortes. Ainsi, des cantons frontaliers comme Bâle-Ville (2,7%) et le Tessin (2,1 %) ou les cantons de l'arc horloger tels Neuchâtel (1,9%) et le Jura (2,1 %) connaissent des taux de chômage sensiblement plus élevés que la moyenne helvétique. Par groupes de professions, on a compté le plus grand nombre de chômeurs dans l'administration et les bureaux, dans l'hôtellerie, la restauration et l'économie domestique, dans l'industrie des métaux et des machines et dans les professions de la vente [2].
Alors que 1984 avait été marquée par la mise en place du nouveau régime de l'assurance-chômage, il s'est agi cette fois de modifier l'ordonnance et d'organiser des cours d'instruction pour faire connaître ces modifications. Après avoir été soumise à la procédure de consultation, cette révision a été arrêtée par le Conseil fédéral et est entrée en vigueur au début du mois de juillet. Du point de vue des indemnités de chômage, les modifications ont porté entre autres sur le délai d'attente usuel dans certaines professions, avec des adoucissements relatifs aux exigences imposées. En outre, le contrôle obligatoire a été quelque peu assoupli. En matière de conversion du gain mensuel en gain journalier, un nouveau facteur plus favorable au chômeur a été fixé. La liste des branches d'activité ayant droit à une indemnité en cas d'intempéries a quant à elle été étendue aux scieries et entreprises de transport travaillant dans le secteur de la construction. Cet assouplissement dans l'application de l'assurance-chômage s'est également fait sentir aux Chambres fédérales. Ainsi, le Conseil national a adopté un postulat Pitteloud (ps, VD) invitant le Conseil fédéral à améliorer les statistiques en matière de chômage, notamment en ce qui concerne les chômeurs ayant épuisé leur droit à l'assurance. Le Conseil des Etats a adopté, pour sa part, un postulat Jelmini (pdc, TI) allant dans le même sens et invitant le Conseil fédéral à présenter un rapport écrit, notamment sur la possibilité de renforcer la responsabilité de la Confédération en matière d'assistance aux chômeurs ayant épuisé tout droit aux prestations de l'assurance-chômage [3].
 
[2] La Vie économique, 59/1986, p. 111 ss. et informations de I'OFIAMT; TA, 16.1.85 ; Suisse, 5.4.85 ; 19.11.85 ; 24 Heures, 22.4.85. Cf. APS, 1984, p. 127, ainsi que supra, part. I, 4a (Konjunkturlage). Voir aussi H. Schelbert-Syfrig, «Zur Arbeitsmarktforschung in der Schweiz», in Revue suisse d'Economie politique et de Statistique, 121/1985, p. 285 ss.; H. Schelbert-Syfrig, «Arbeitswelt im Umbruch: Ein Überblick» et K. W. Rothschild, «Beschäftigungsmöglichkeiten: Verlust und Gewinn an Arbeitsplätzen. Sind Arbeitsplätze in Zukunft knapp?», in Wirtschaft und Recht, 37/1985, p. 147 ss. et 196 ss.
[3] RO, 1985, p. 648 ss. Postulat Pitteloud: BO CN, 1985, p. 1259 s. Postulat Jelmini: BO CE, 1985, p. 461. Cf. aussi Rapp. gestion, 1985, p. 282; Suisse, 15.11.85; Domaine public, 800, 12.12.85.