Année politique Suisse 1985 : Politique sociale / Population et travail
Salaires
Selon une statistique de l'OFIAMT, les salaires ont progressé en moyenne de 3,1 % d'octobre 1984 à octobre 1985. L'indice des prix à la consommation a accusé quant à lui une progression moyenne de 3,0%. En conséquence, les revenus, en termes réels, ont légèrement augmenté (1984: -0,4%). Ainsi, si le renchérissement a, en moyenne, été compensé, on a constaté toutefois de sensibles différences entre les catégories d'emplois. Tandis que la progression a été de 3% en moyenne pour les professionnels et les semi-qualifiés, les salaires des non-qualifiés ont été améliorés de 3,5%. Dans l'industrie et les arts et métiers, la hausse des salaires a été de 3,3% en moyenne, alors qu'elle n'a pas dépassé 3,0% dans le secteur tertiaire et 2,7% dans la construction. Les salaires des femmes se sont accrus, quant à eux, de 3,4%
[8].
L'USS a décidé d'essayer de faire profiter les travailleurs des fruits de la croissance en réclamant des hausses de salaires supérieures au renchérissement ou des réductions de la durée du travail. Les dirigeants syndicalistes ont insisté sur le fait que la reprise profiterait surtout aux employeurs qui enregistreraient des bénéfices records et en profiteraient pour rationaliser plutôt que de créer de nouveaux emplois. Pour l'USS, les travailleurs ont été doublement grugés. Selon elle, ils n'ont pas pu retrouver le niveau d'emploi escompté et n'ont pas bénéficié suffisamment des avantages de la reprise. En effet, lors des cinq dernières années, les gains réels des salariés se sont accrus de 3,3%, alors que la productivité a progressé de près de 7%. Au niveau des revenus, la centrale syndicale a émis deux revendications essentielles. En premier lieu, les travailleurs devraient pouvoir légitimement prétendre à une amélioration de leur salaire ou à une réduction de leur temps de travail (ou aux deux ensemble). Ensuite, le réajustement des salaires au renchérissement constituerait une exigence syndicale minimale. L'USS s'est ainsi refusée à entrer en matière sur l'individualisation de la compensation prônée par certains employeurs
[9].
Malgré la reprise économique, le
patronat a souligné qu'il était impossible de généraliser la hausse des salaires. L'adaptation au renchérissement doit se faire normalement, mais les différences entre les branches et à l'intérieur des branches empêcheraient une généralisation de la hausse des revenus en fonction de la bonne marche de l'économie. En pourcentages, les augmentations ont souvent été proches du taux d'inflation. Toutefois, les syndicats ont déploré la décision de la Confédération des coopératives Migros de ne compenser le renchérissement qu'en occurrence de 2,5% même si la masse salariale a globalement (avec les augmentations individuelles) été accrue de 4,5%. Par contre, la Fédération suisse des travailleurs du commerce, des transports et de l'alimentation (FCTA) a pu se réjouir des négociations entreprises avec Coop Zurich. En plus de l'adaptation au renchérissement, l'employeur avait en effet prévu de consacrer 5% de la masse salariale pour des augmentations individuelles en termes réels. Dans la chimie et les banques, les représentants des salariés s'étaient satisfaits, en 1984, d'une adaptation des salaires à l'inflation sur trois années. Aucune négociation n'a donc été entreprise. La métallurgie a connu un accroissement de 3,5%. L'Association suisse des arts graphiques a pour sa part accordé 3% d'augmentation aux travailleurs de la production
[10].
[8] La Vie économique, 59/1986, p. 355 ss.; USS, 3, 22.1.86; SAZ, 18/19, 1.5.86.
[9] 24 Heures, 11.2.85; 23.10.85; TW, 21.9.85; Suisse et NZZ, 23.10.85; BaZ, 23.10.85; 30.10.85; JdG, 24.10.85.
[10] LNN, 10.1.85; L'Hebdo, 26, 27.6.85; 24 Heures, 26.10.85; 26.11.85; Le Gutenberg, 1/2, 9.1.86; Service de presse FOBB, 118, 21.1.86; USS, 6, 12.2.86; SP, VPOD, 8/9, 20.2.86. Pour l'égalité des salaires entre hommes et femmes, voir infra, part.I, 7d (Condition de la femme). Cf. aussi A. Rossi, Ein Sonderfall Schweiz? Die Gewerkschafien und die Entwicklung der Arbeiterentlöhnung in der Schweiz von 1950 bis 1982, Lausanne 1985.
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