Année politique Suisse 1986 : Politique sociale / Population et travail
 
Marché du travail
L'amélioration du marché du travail s'est poursuivie en 1986. En effet, l'effectif des personnes occupées a progressé de 1,0% ou de 28 200 personnes en raison d'une situation conjoncturelle favorable. De nettes augmentations ont notamment été enregistrées dans l'industrie des machines et appareils, résultat d'efforts considérables de restructuration déployés au çours des années précédentes, et dans les banques. Par contre, la tendance était à la baisse dans les industries de l'habillement et du tabac où la rationalisation a été fortement poussé et dont les marges d'expansion étaient restées limitées. Le «trend» décroissant que connaît la courbe du chômage s'est confirmé, puisque le nombre moyen des chômeurs a diminué, passant de 30 345 en 1985 à 25 714 en 1986. Grâce à ce recul de 4631 personnes ou 15,3%, le nombre annuel moyen des chômeurs inscrits auprès des offices de travail a atteint, en 1986, son point le plus bas depuis 1982. Des 25 714 chômeurs enregistrés, 22 770 étaient des chômeurs complets et 2944 des personnes partiellement sans emploi. Ainsi, le taux annuel moyen de chômage s'inscrivait à 0,9% (1985: 1,0%). Il n'est donc pas exagéré de parler de plein-emploi, ou, du moins de chômage marginal ou résiduel, pour caractériser la situation en Suisse. Dans seize cantons, ce taux était inférieur à la moyenne. En revanche, il atteignait 2,5 % dans les cantons de Bâle-Ville, du Jura et du Tessin, 1,9% dans le canton de Neuchâtel et 1,5% en Valais. En décembre 1986, les femmes (37% de la population active) constituaient 47% de l'effectif des chômeurs complets et les trois quarts environ du nombre des chômeurs partiels [3].
La réglementation en vigueur depuis le mois d'avril 1984 accordant des allégements aux chômeurs domiciliés dans les régions économiquement menacées a été abrogée avec effet au ler septembre 1986. Le Conseil fédéral a estimé que la condition fixée parla loi, soit un chômage prononcé, persistant et régional, n'était plus remplie. Le Conseil des Etats a adopté un postulat Jelmini (pdc, TI) invitant le Conseil fédéral à rechercher les causes du chômage dit résiduel et à soumettre des propositions visant à l'éliminer progressivement [4].
Une étude publiée par l'Office fédéral de l'industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT) a fait plusieurs constatations intéressantes. Celle-ci a démontré un décalage très net entre un fléchissement conjoncturel et l'accroissement correspondant du chômage. Parallèlement, l'embauche suit elle aussi avec plusieurs mois de retard la reprise économique. L'étude tendait aussi à démontrer que l'obligation faite aux chômeurs de pointer régulièrement est absurde. En effet, ceux qui s'annoncent une fois par semaine et ceux qui doivent le faire tous les jours ouvrables retrouvent du travail dans des délais tout à fait comparables. Dans cet esprit, la conseillère nationale Fetz (poch, BS) a déposé une motion dans laquelle elle exige que les chômeurs ne doivent plus se présenter qu'une fois par semaine pour le contrôle de leur chômage. Elle a justifié sa requête en indiquant que les possibilités de fraude étaient plus faibles lors d'un pointage hebdomadaire et que les employés des offices de chômage auraient davantage de temps à consacrer à chaque cas en particulier [5].
Certaines branches de l'économie se sont heurtées à des difficultés pour recruter du personnel qualifié disposant de connaissances en informatique. Face à cette pénurie de main-d'oeuvre spécialisée, la Commission fédérale pour les questions intéressant le marché de l'emploi a été d'avis qu'il ne fallait pas chercher à y remédier en recrutant davantage de travailleurs étrangers, mais en prenant tout d'abord des mesures dans les domaines de la formation, du perfectionnement professionnel et de la reconversion [6].
 
[3] La Vie économique, 60/1987, p. 142 ss.; USS, 3, 21.1.87; RFS, 11, 17.3.87. Cf. aussi Y. Abrahamsen e.a., Arbeitsmarkttheorie, Arbeitsmarktpolitik und Beschäftigung in der Schweiz, Grüsch 1986; M. Schuler e.a., «Chômage enregistré et chômage auto-déclaré: une explication socio-culturelle et socio-politique», in Revue suisse d'Economie politique et de statistique, 122/1986, p. 199 ss. ; R. Fluder / E. Stäuble, «Thesen zum Strukturwandel der Arbeitswelt» et R. Fluder / W. Schöni, « Technik-Arbeit-Arbeitszeit », in Schweizerische Zeitschrift für Soziologie, vol. 12, Nr. 1.
[4] NZZ, 17.6.86. Postulat: BO CE, 1986, p. 389 s.
[5] BIGA (éd.), «Risiko und Dauer der Arbeitslosigkeit in der Schweiz», Bern 1986; NZZ et 24 Heures, 13.9.86. Motion: Délib. Ass. féd., 1986, III/IV, p. 60.
[6] SAZ, 49, 4.12.86.