Année politique Suisse 1986 : Politique sociale / Population et travail / Conventions collectives du travail
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Conflits collectifs du travail
La fréquence des grèves est restée extrêmement faible. Seuls deux conflits collectifs du travail ont éclaté en Suisse en 1986, et un seul a entraîné un débrayage pendant une journée au moins, l'interruption d'activité étant restée limité à quelques heures dans l'autre cas. L'unique conflit (1985: 3) d'une durée d'un jour au moins a touché une entreprise (10) de la branche de la menuiserie, et avait pour objet le licenciement d'ouvriers. Le nombre de travailleurs impliqués s'était élevé en tout à 36 (366) et celui des journées perdues à 72 (662). Un accord a pu être trouvé et l'entreprise a annulé les licenciements prononcés. Mais ceux-ci deviendront effectifs à la fin de l'année, avec la fermeture de la succursale. S'agissant de l'autre conflit collectif du travail, il a trouvé son origine dans le différend qui a opposé l'Association suisse de l'industrie graphique aux membres de l'Union suisse des lithographes. Et cette dernière d'organiser dans tout le pays des assemblées de protestation assorties d'interruptions du travail de quelques heures pour contraindre l'association patronale précitée à signer une convention professionnelle garantissant les acquis des travailleurs [18].
Le Conseil national a rejeté, par 84 voix contre 39, une initiative parlementaire déposée par le communiste genevois Magnin demandant une modification de la Constitution fédérale en vue de garantir le droit de grève à tous les travailleurs, y compris aux fonctionnaires des administrations publiques. Les partisans de l'initiative ont indiqué que le droit de grève était un droit fondamental qui devait être également reconnu au personnel de la fonction publique et qu'il fallait en finir avec la discrimination dont il faisait l'objet. Pour sa part, la majorité bourgeoise a justifié son hostilité en arguant que le droit de grève n'avait pas sa place dans le secteur public, car là, les conditions de travail sont déterminées par la loi, et qu'il constituerait le cas échéant, un moyen de pression contre le peuple et le parlement [19].
 
[18] La Vie économique, 60/1987, p. 163. L'unique grève de plus d'un jour a éclaté à fin septembre dans l'entreprise de menuiserie Schlatter à Biasca (TI), mais dont le siège principal est à Saint-Gall (USS, 38, 22.10.86). Conflit USL-IGS: USS, 38, 10.12.86; 39, 17.12.86; Le Gutenberg, 50/51/52, 11.12.86; presse du 18.12.86. Syndicats et conflits du travail: C. Roig e.a., Syndicalisme au futur, Lausanne 1986.
[19] BO CN, 1986, p. 612 ss. Cf. aussi USS, 19, 11.6.86. L'interdiction du droit de grève a été introduit en 1927 dans le statut des fonctionnaires. Seuls les cantons du Jura et de Genève accordent expressément le droit de grève aux fonctionnaires.