Année politique Suisse 1987 : Politique sociale / Groupes sociaux / Politique à l'égard des étrangers
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Xénophobie
Avec l'adoption de la révision sur le droit d'asile, les thèmes liés à la surpopulation étrangère semblent avoir quelque peu perdu de leur acuité et de leur effet mobilisateur. Ainsi, l'initiative "Contre la surpopulation étrangère", lancée en 1986 par la section de Winterthour de l'Action nationale, mais sans le soutien de son comité directeur, n'a pas atteint le nombre de signatures requises. Son texte exigeait de limiter à 500 000 le nombre d'étrangers en Suisse en échelonnant la diminution à raison de 12 000 personnes par an et de fixer à quinze ans au lieu de dix ans en général, le délai pour obtenir le permis d'établissement [3].
Quant à l'initiative "Pour la limitation de l'immigration", lancée en 1983 par l'Action nationale, le Conseil fédéral en a proposé le rejet sans contre-projet. Déposée en 1985, ladite initiative vise à ramener puis à maintenir la population globale de notre pays au seuil des 6,2 millions d'habitants. Pour y parvenir, le nombre des autorisations de séjour accordées chaque année ne devrait pas excéder les deux tiers des étrangers ayant quitté la Suisse au cours de l'année précédente. Au terme d'une durée de 15 ans ou moins si la population atteignait plus rapidement la limite fixée, entrerait en vigueur une disposition générale postulant l'équilibre entre arrivées et départs. Les initiants entendent également abaisser l'effectif-plafond actuel des saisonniers et contingenter les frontaliers et l'admission définitive des réfugiés.
Le Conseil fédéral a justifié son rejet en indiquant que, face à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, toute diminution préconisée du nombre des étrangers exerçant une activité lucrative aurait des répercussions néfastes sur l'économie suisse et plus particulièrement dans les secteurs du textile et de l'habillement, de la santé, du bâtiment, de l'hôtellerie et du nettoyage. En outre, la demande de produits et services diminuerait entraînant, par conséquent un recul des affaires qui menacerait l'emploi des Suisses. Qui plus est, a poursuivi le gouvernement, l'acceptation d'une telle initiative irait immanquablement à l'encontre des efforts européens visant à favoriser la libre circulation des personnes et affecterait nos relations avec l'étranger. Le patronat a également fustigé cette initiative qui, à ses yeux, ignore les réalités économiques de notre pays. Les syndicats l'ont également stigmatisée car elle réduirait selon eux à néant tous les progrès qui ont pu être réalisés pour améliorer la situation juridique et humaine des travailleurs immigrés en Suisse [4].
 
[3] FF, 1987, Il, p. 1400; cf. aussi Volk+Heimat, 1987, Nr. 10 ainsi que APS, 1986, p. 169.
[4] FF, 1988, I, p. 557 ss.; cf. aussi APS, 1985, p. 154. Réactions: USS, 38, 2.12.87; RFS, 48, 1.12.87.