Année politique Suisse 1988 : Chronique générale / Politique étrangère suisse
 
Organisations internationales
Comme le Conseil des Etats en 1987, la chambre basse a, à son tour, accepté la Convention sur la guerre de l'environnement qui interdit l'utilisation de techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou à toutes autres fins hostiles. Mais elle l'a ratifiée, comme le Conseil fédéral, sans grand enthousiasme en raison de ses lacunes. En effet, la convention ne couvre que la seule utilisation de ces techniques mais pas leurs actes préparatoires. Les groupes parlementaires ont décelé ce manque; néanmoins, ils se sont prononcés en faveur de la ratification en raison de l'implication de la Suisse dans le contrôle des armements et le droit humanitaire. De surcroît, un refus aurait pu être interprété, a contrario, comme l'acceptation de la guerre de l'environnement [30].
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Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
Il est parfois difficile de différencier le statut de nationalité de celui de membre d'une organisation internationale. Cette réflexion aurait pu être faite par le CICR après l'enlèvement de l'un de ses délégués au Liban, le Suisse Peter Winkler. Kidnappé en novembre, celui-ci était libéré en décembre sans que l'on connaisse avec certitude les tenants et aboutissants de cette affaire. Si, durant les deux premières semaines de détention, celle-ci relevait de la seule Croix-Rouge, la publication d'une lettre de Peter Winkler, spécifiant qu'il avait été enlevé en tant que ressortissant suisse et non en tant que délégué du CICR, obligeait le DFAE à intervenir. Dès lors, une certaine ambiguïté au niveau des compétences a régné entre le CICR et les autorités fédérales. En effet, pour le CICR Winkler était un délégué de nationalité suisse alors que pour le DFAE, il était un ressortissant suisse délégué du CICR.
Certaines sources ont cependant affirmé que la Suisse n'aurait ni négocié directement avec les ravisseurs ni fait aucune concession, qu'il s'agisse du pirate de l'air Hariri (détenu à Genève) ou d'une demande de rançon. Ce dénouement rapide pourrait être lié aux contacts établis par la Suisse lors de la session de l'Assemblée générale de l'ONU qui s'est tenue en décembre à Genève, suite au refus des Etats-Unis d'octroyer un visa au leader palestinien Yasser Arafat. De même, l'intervention de l'ambassadeur de Suède en Syrie a certainement contribué à la rapidité du processus [31].
 
[30] FF, 1988, I, p. 1386; BO CN, 1988, p. 104 ss. et 473; BO CE, 1987, p. 648 ss. et 1988, p. 120. Cf. aussi APS 1987, p. 69 s.
[31] Pour les différents soupçons et rumeurs liés à cet enlèvement, voir Suisse, 3.12.88; 24 Heures, 17.12., 21.12. et 24.12.88; JdG, 19.12. et 23.12.88; NZZ, 23.12.88; L'Hebdo, 22.12.88. Ali Hariri est responsable du détournement d'un avion sur Genève-Cointrin et de l'assassinat de l'un des passagers.