Année politique Suisse 1988 : Chronique générale / Politique étrangère suisse
 
Aide humanitaire
Dans le cadre des efforts généraux menés en matière de paix, le Conseil fédéral a obtenu des Chambres l'ouverture d'un nouveau crédit de programme de 530 millions de francs au titre de la continuation de l'aide humanitaire internationale et ce sur une période minimale de trois ans. Le précédent crédit, alloué en 1985 pour un laps de temps de quatre années, s'élevait à 440 millions de francs. L'accroissement de ce montant correspond d'une part aux nécessités mondiales et, d'autre part, à la volonté gouvernementale d'atteindre, en matière d'aide, la moyenne des pays de l'OCDE.
La continuation de ce soutien sera liée à une meilleure coordination entre les mesures d'aide humanitaire et celles de coopération au développement. L'aide humanitaire est composée de trois volets: les activités du Corps suisse d'aide en cas de catastrophe, le soutien financier aux programmes et projets d'organisations suisses et internationales ainsi que l'aide alimentaire. Celle-ci a été soumise, de la part du DFAE, à une sérieuse critique d'où il apparaît qu'elle doit absolument éviter de créer des habitudes alimentaires nouvelles par l'exportation irréfléchie des excédents agricoles occidentaux. C'est en raison de demandes néanmoins nombreuses que cette aide alimentaire, malgré les objections formulées, a été maintenue dans la nouvelle allocation [37].
Si les deux chambres ont accepté ce crédit à l'unanimité, quelques points ont été mis en exergue au sein du Conseil national. Ainsi, les démocrates-chrétiens ont insisté sur une motivation accrue des citoyens et sur une plus grande utilisation des organisations non gouvernementales dans les programmes d'aide, les libéraux sur le respect des structures alimentaires des pays receveurs, les agrariens sur le maintien du contrôle et de l'évaluation des projets, les indépendants et les évangéliques sur l'encouragement de l'autonomie agricole des pays en développement, alors que les radicaux ont avoué préférer l'aide bilatérale à celle multilatérale [38].
En 1988, les dépenses globales en faveur de l'aide humanitaire se sont élevées à 170,25 millions de francs, soit une augmentation de 13,4% par rapport à 1987 [39].
top
 
print
Namibie
La Suisse s'engagera directement et concrètement dans le cadre des opérations de paix des Nations Unies puisque le Conseil fédéral a décidé d'accorder un soutien sanitaire au Groupe d'Assistance de ces dernières pour la période de transition en Namibie. En réponse à leur demande, une équipe médicale rejoindra la Namibie afin de prendre la relève du personnel soignant sud-africain en place dans les centres médicaux de ce pays. Pour cette action, le DFAE a fait appel non seulement au Corps suisse d'aide en cas de catastrophe mais aussi à l'armée, à la Croix-Rouge helvétique, au CICR et aux hôpitaux cantonaux [40].
top
 
print
Corps suisse d'aide en cas de catastrophe
En 1987, la structuration du Corps suisse d'aide en cas de catastrophe avait été perturbée par le départ quelque peu mouvementé de son chef Eduard Blaser [41]. Si ces agitations se sont finalement apaisées, le choix du nouveau directeur du Corps ne s'est pas fait dans la plus grande sérénité. Elu par le Conseil fédéral, Charles Raedersdorf, chef de l'état-major de la police bernoise, a vu sa nomination contestée par la délégation parlementaire des finances. Celle-ci ne remettait pas en cause la personne choisie mais l'accord financier conclu entre le gouvernement et Charles Raedersdorf, concernant notamment le rachat de sa caisse de pension [42].
 
[37] FF, 1988, II, p. 1141 ss.; Rapp. gest. 1988, p. 23 ss.
[38] BO CN, 1988, p. 1421 ss.; BO CE, 1988, p. 782 ss.; FF, 1988, III, p.1427 s.; RFS, 41, 11.5. et 49, 6.12.88.
[39] Rapp. gest. 1988, p. 23 ss.
[40] JdG, 26.8. et 9.9.88; 24 Heures, 2.9.88; NZZ, 8.9. et 3.11.88.
[41] Cf. APS 1987, p. 73.
[42] Suisse, 17.5. et 14.6.88; Documenta, 1988, no 1, p. 17 s.