Année politique Suisse 1988 : Chronique générale / Défense nationale
Organisation militaire
Les Chambres fédérales ont approuvé le projet de révision de l'organisation des troupes qui prévoit de former 31 compagnies de chasseurs de chars et 27 compagnies de lance-mines lourds. La constitution de ces nouvelles unités fait suite à l'approbation par le parlement de l'acquisition de véhicules blindés à roues "Piranha" équipés d'engins téléguidés antichars Tow en 1986 et de lance-mines lourds 74 en 1987. Les effectifs de ces nouvelles unités proviendront pour l'essentiel de la suppression des compagnies antichars actuelles
[7].
Le Conseil fédéral a pris connaissance du rapport concernant la participation des femmes à la défense générale. Les propositions qui y sont formulées visent avant tout à renforcer l'information et à rendre le
Service féminin de l'armée (SFA) plus attrayant. Pour y parvenir, les auteurs du rapport songent à améliorer les prestations de l'assurance pour pertes de gain en faveur des femmes et à leur ouvrir plus largement les structures de la protection civile. Convaincu qu'il faut promouvoir et intégrer les femmes dans tous les domaines de la défense générale sur la base du volontariat, le Conseil fédéral s'est néanmoins réservé la possibilité d'introduire une formation de base. Il s'agirait entre autres de donner aux femmes des connaissances pour agir correctement en cas de catastrophes écologiques ou de guerres
[8]. Le DMF a nommé un nouveau chef du Service féminin de l'armée: le colonnel Eugénie Pollack prendra la succession du brigadier Johanna Hurni, à la tête du SFA depuis 1977
[9].
Dans l'espoir d'étoffer les rangs du SFA, le commandant de corps E. Lüthy a évoqué la possibilité de remettre à titre volontaire une arme, destinée à se protéger, aux femmes engagées dans la défense natißnale. Cette mesure devrait selon lui inciter davantage de jeunes Suissesses à joindre ce service auxiliaire. En outre, une telle démarche s'inscrit, pour le chef de l'état-major général, dans le cadre de l'égalité entre hommes et femmes
[10].
Même s'il a promu plusieurs officiers généraux
francophones aux hauts postes décisionnels de l'armée, le Conseil fédéral n'a pourtant pas pleinement rassuré les autorités et les milieux politiques de Suisse romande qui s'inquiètent devant l'emprise alémanique sur les postes clé de la hiérarchie militaire. Après les mutations et nominations intervenues à la fin du mois de juin 1988, la Suisse latine reste toujours sous-représentée dans l'administration militaire. On compte désormais un seul romand au groupement de l'état-major général (sur un total de 15 membres), trois au groupement de l'instruction (sur 11 membres) et deux au sein de la commission de défense militaire (sur 9 membres). En raison d'une relève mal assurée, tant la supériorité numérique que l'influence des officiers suisses allemands dans les hautes sphères de l'armée vont encore s'accentuer
[11].
[7] FF 1988, II, p. 1097 ss.; BO CE, 1988, p. 440 s. et 942; BO CN, 1988, p. 1577 ss. et 1977; RO, 1988, p. 2192.
[10] Presse du 6.1.88; TA, 9.1.88; NZZ, 15.1.88.
[11] Presse du 4.4. et 30.6.88; Lib., 5.4.88; BaZ, 6.4.88; L'Hebdo, 7.4. et 18.8.88. Le divisionnaire A. Tschumy succède au cdt de corps R. Moccetti en qualité de commandant du corps de montagne 3.
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