Année politique Suisse 1988 : Politique sociale / Population et travail / Marché de l'emploi
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Pénurie de main-d'oeuvre qualifiée
Si l'économie suisse peut se targuer de connaître un taux de chômage parmi les plus faibles des pays industrialisés, elle souffre cependant d'une pénurie de travailleurs qualifiés. Dans un marché de l'emploi caractérisé par un déséquilibre entre une demande dépassant l'offre de personnel, les nouveaux postes de travail créés ne peuvent souvent être occupés que grâce au recours à la main-d'oeuvre étrangère, notamment frontalière, et grâce au relèvement du taux d'activité des femmes. La stagnation, voire la régression, de l'offre de main-d'oeuvre a conduit de nombreux responsables des milieux économiques et politiques à s'interroger sur la capacité de notre pays à faire face aux défis du Marché unique européen. Pour remédier de façon durable aux déséquilibres, ils préconisent un développement des possibilités de perfectionnement et de recyclage professionnels ainsi qu'un accueil plus sélectif des travailleurs étrangers et, partant, une compression des besoins de main-d'oeuvre non qualifiée. Ils exhortent par conséquent les pouvoirs publics à s'efforcer de réserver les permis de travail à des étrangers hautement qualifiés [3].
En 1988, le nombre des personnes occupées a augmenté globalement de 1,2% par rapport à l'année précédente. Cela signifie que 37 000 nouveaux postes de travail ont été créés. Amorcée il y a quelques années déjà, la tendance à l'accroissement de la demande d'emplois à temps partiel s'est confirmée. Si en 1982 seuls 12,5% des salariés travaillaient à temps partiel, ce taux s'est élevé à 16,1% en 1988. La part des personnes engagées selon ce mode de travail dépend fortement du type d'activité économique, s'échelonnant entre 2,6% dans le secteur de la construction et 44,1 dans celui de l'enseignement et de la recherche. Si le travail à .temps partiel semble bénéficier actuellement d'un certain intérêt auprès de la population active, il présente néanmoins une insécurité matérielle plus grande et offre des conditions de travail moins satisfaisantes qu'un emploi à temps complet [4].
 
[3] Presse du 9.1.88. Avec 21 004 chômeurs (0,7%) à fin décembre 1988, le nombre de personnes sans emploi a atteint son niveau le plus bas depuis novembre 1982 (Rapp. gest. 1988, p. 340). Sur l'emploi: presse du 7.1.89; Vat., 9.1.88. (Interview K. Hug). Cf. aussi La Vie économique, 62/1989, no 1, p. 11 ss.
[4] La Vie économique, 62/1989, no 4, p. 22 ss. ; presse du 16.2.89. Pour l'emploi cf. supra, part. I, 4a (Konjunkturlage).