Année politique Suisse 1988 : Politique sociale / Groupes sociaux / Réfugiés
print
Centres fédéraux d'hébergement
Avec l'arrivée massive de requérants d'asile turcs et kurdes, les cantons sont rapidement parvenus aux limites de leurs capacités d'hébergement. Les quatre centres d'enregistrement ont eux aussi connu momentanément des problèmes liés au manque de place. Pour les décharger, le Conseil fédéral avait pris la décision, très controversée, de loger provisoirement 500 requérants d'asile sans abri dans les baraquements militaires de Melchtal (OW). Mais devant les protestations, tant de la part des autorités locales et cantonales que de celles de la population, le DFJP a finalement décidé d'abaisser de 500 à 150 le nombre des réfugiés. Pour beaucoup d'observateurs, l'exemple de Melchtal a montré qu'il fallait que les centres de la Confédération ne soient pas trop grands et qu'ils s'intègrent raisonnablement à leur environnement afin de ne pas déclencher une vague d'hostilité [16].
La désignation de nouveaux centres fédéraux d'hébergement, réservés aux requérants entrés illégalement en Suisse et dont la demande d'asile est manifestement infondée, découle de la modification de l'Ordonnance sur l'asile. Dans un premier temps, le délégué aux réfugiés avait projeté d'en ouvrir quatre, mais devant la vague de protestation des autorités et de la population des sites concernés, amplifiée par le fait que les communes se sont trouvées devant le fait accompli, il a finalement dû se résoudre à renoncer aux emplacements de Chandolin (VS) et de Wangs-Pizol (SG) et, pour d'autres motifs, à celui d'Aquarossa (TI). En définitive seul celui de Goldswil (BE) a pu ouvrir ses portes. Avec les centres d'hébergement de Gorgier (NE) et de Klosters (GR), il recevra les demandeurs d'asile qui, après une première audition dans l'un des quatre centres fédéraux, seront soumis à une audition accélérée [17].
Le Conseil des Etats a décidé à l'unanimité d'allouer un crédit d'ouvrage de 5,1 millions de francs pour la construction et l'exploitation de deux centres d'enregistrement pour requérants d'asile. Cet arrêté fédéral va permettre à la Confédération de mettre en place des installations définitives tant à Bâle qu'à Chiasso. Afin d'appliquer les nouvelles dispositions de procédure découlant de la deuxième révision de la loi sur l'asile, le Conseil fédéral avait ouvert des centres d'enregistrement à Bâle, Chiasso et Kreuzlingen (TG) dans des locaux provisoires et à Genève dans des locaux définitifs. En mars 1988, le gouvernement avait approuvé le crédit d'engagement destiné à la construction d'un centre définitif à Kreuzlingen [18].
 
[16] Presse 24.9., 28.9. et 3.10.88; WoZ, 30.9.88.
[17] Presse 12.10. et 23.11.88.
[18] FF, 1988, II, p. 1455 ss.; BO CE, 1988, p. 932.