Année politique Suisse 1988 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Ecoles obligatoires
L'on se demande si une durée scolaire usuelle suffira désormais à contenir toutes les disciplines enseignées, d'autant que les mouvements en vue de raccourcir la
semaine scolaire à cinq jours tendent à se multiplier. Actuellement, huit cantons suisses l'ont introduite
[15]. Mais la décision est difficile tant les arguments des partisans comme des opposants sont pertinents. Un week-end prolongé, une occasion de rencontre parents-enfants, une phase de repos plus longue donc plus efficiente, une attractivité supplémentaire de la profession d'enseignant et sa fréquence au niveau européen parlent en faveur du samedi libre. Mais l'augmentation du stress de fin de semaine dû au départ en week-end, le report des leçons sur les autres journées scolaires et la liberté des parents le samedi matin parlent en sa défaveur. Certains pensent que la solution ne réside pas dans une compression de la matière mais dans sa diminution
[16]. En ville de Zurich, la conférence des directeurs d'écoles avait décidé de temporiser suite aux résultats mitigés du questionnaire effectué auprès des parents d'élèves
[17]. Cependant, le conseil de l'éducation du canton l'a autorisée à tenter un essai lors de l'année scolaire 1989/90
[18]. Dans le canton de Thurgovie, l'initiative demandant que le samedi soit libre a été nettement refusée par le peuple
[19].
L'école à horaire continu propose également un remodelage considérable des traditions de l'instruction publique. Si la famille et sa vie quotidienne ont aujourd'hui changé, l'école demeure basée sur une structure domestique traditionnelle. Ainsi le hiatus entre horaires des parents et des enfants va croissant. L'
école de jour se substitue presque à l'autorité parentale puisqu'elle prend en charge non seulement la scolarisation des enfants mais aussi leurs soins (repas) et leurs loisirs. Selon l'Alliance des sociétés féminines suisses, la Suisse alémanique semble plus avancée dans ce domaine que la Romandie, bien qu'au niveau européen notre pays soit globalement en retard
[20]. Ainsi le canton de Bâle-Campagne a ouvert, lors de l'année scolaire 1988/89, sa première école de jour au niveau primaire
[21]. En ville de Lucerne, le parlement a accepté l'initiative populaire proposant la création d'écoles de jour publiques, bien que le gouvernement municipal ait recommandé son rejet mais soit favorable à un essai de quatre ans
[22].
Si beaucoup de mouvements rénovateurs agitent les milieux de l'instruction publique, signalons quand même que l'harmonisation de la
rentrée scolaire à la fin de l'été a été réalisée et se concrétisera dès l'automne 1989. Rappelons néanmoins que le peuple s'était prononcé favorablement (59% de oui) en 1985 déjà, obligeant ainsi la grande majorité des cantons alémaniques à mettre en oeuvre ce changement
[23].
[15] Voir APS 1987, p. 217.
[17]13 242 questionnaires distribués; 12 245 réponses dont 12 158 valables. 52,6% des parents en faveur de cette semaine contre 47,9% en sa défaveur (NZZ, 15.1., 4.3., 10.3. et 26.10.88; TA, 16.1., 30.1. et 3.3.88).
[19] 31 338 non contre 8 154 oui (SGT, 7.3.88).
[20] BaZ, 26.1.88; JdG, 5.2.88.
[21] BaZ, 15.1. et 20.1.88.
[22] Vat., 1.7. et 13.7.88.
[23] Bund, 9.1.88. Cf. aussi APS 1987, p. 217 (note 4).
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