Année politique Suisse 1989 : Chronique générale / Politique étrangère suisse / Europe
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Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE)
En janvier s'est achevée à Vienne la troisième réunion principale organisée dans le cadre du suivi de la CSCE. Selon Edouard Brunner, la phase viennoise de la CSCE — débutée en 1986 — a marqué un tournant important dans les relations Est-Ouest. Pour la première fois, les 35 pays membres de cette conférence ont élargi le domaine de leurs discussions à l'environnement, au désarmement conventionnel et aux droits humanitaires. Ainsi, le document final — qui n'est pas un traité international mais un accord politiquement contraignant — contient des principes sur la circulation des personnes et la suppression des entraves aux contacts [40]. Les droits de l'homme deviennent l'objet d'une conférence à part entière qui siégera à Paris (1989), Copenhague (1990) et Moscou (1991) [41].
Ce texte de clôture a également entériné l'accord intervenu entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie quant à l'ouverture d'une négociation sur la réduction des armes conventionnelles. Si ces pourparlers — débutés à Vienne en 1989 — sont particulièrement délicats, ils interviennent néanmoins dans un contexte politique favorable. De surcroît, les deux alliances ont pu établir un consensus de départ sur certains points. Si les forces navales ainsi que les armes chimiques et nucléaires ont été exclues des discussions, la définition des objectifs généraux de la négociation a été fixée, de même que le principe d'un régime de vérification strict et l'élimination des disparités militaires existant entre les deux alliances. Parallèlement à cette conférence se sont ouvertes des tractations, entre tous les pays membres de la CSCE, en vue de l'adoption de nouvelles mesures de confiance et de sécurité (MDCS). Celles-ci visent une forme particulière de détente, suscitée par la possibilité de connaître et d'observer la nature des mouvements de troupes d'un ennemi potentiel. La délégation suisse, très active au sein du groupe des neutres et des non-alignés (N+N), a atteint un grand nombre de ses objectifs, notamment dans les droits de l'homme, le désarmement et le règlement pacifique des différends. Elle a néanmoins dû émettre une réserve relative aux systèmes de milice et de mobilisation de l'armée suisse et a demandé qu'on en tienne compte dans les négociations sur les mesures de confiance dans le domaine militaire [42].
 
[40] Presse du 18.1.89 (bilan de la CSCE par Edouard Brunner).
[41] Dans le cadre de la conférence de Paris, la Suisse a proposé d'autoriser la présence d'observateurs civils dans la vérification des droits de l'homme et ce tant à l'Ouest qu'à l'Est. Presse du 31.5.89.
[42] FF, 1989, II, p. 414 ss. (document de clôture); Vr, 16.1. et 18.1.89; TA, 18.1.89; JdG, 28.2. et 7.3.89; Europa, 1989, no 1/2, p. 10 (délégation suisse).