Année politique Suisse 1989 : Chronique générale / Politique étrangère suisse / Aide publique au développement
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Pays de l'Est
En février, René Felber s'est rendu trois jours en visite officielle en Pologne, dans le but d'intensifier les relations entre les deux pays. Il s'agissait du premier voyage d'un ministre suisse des affaires étrangères dans cet Etat depuis la seconde Guerre mondiale. Après avoir rencontré les autorités (le général Jaruzelski et le premier ministre Rakowski), l'Eglise (Mrg. Glemp) et l'opposition (Lech Walesa), le conseiller fédéral a encouragé la volonté de libéralisation polonaise alors que tous les milieux sus-mentionnés ont appelé la Suisse à se lancer sur le marché économique polonais [56]. Ces mots furent entendus par notre gouvernement puisque, en octobre, il décida d'accorder à ce pays une première aide alimentaire urgente, s'élevant à cinq millions de francs, composée à 60% de produits laitiers et à 40% de blé acheté en Hongrie [57]. Début novembre, les deux Etats signèrent un accord de promotion et de protection réciproque des investissements dans lequel, pour la première fois, la Suisse accepta de soumettre à l'approbation des autorités le rapatriement d'une partie des bénéfices [58].
Fin novembre, le Conseil fédéral a présenté son message concernant le renforcement de la coopération avec des Etats d'Europe de l'Est, dans lequel il demande un crédit de programme de 250 millions de francs pour une période de trois ans minimum. Cette aide est subordonnée à deux conditions: la volonté manifestée par les Etats concernés de réformes institutionnelles, politiques et économiques ainsi que des demandes concrètes de leur part. La Confédération assurera le financement des projets d'aide mais ceux-ci ne seront pas mis en oeuvre par l'administration fédérale. Si près de la moitié de ce budget est consacrée à des aides pécuniaires (encouragement à l'investissement, politique commerciale), son sòlde sera affecté à la formation (transfert de savoir-faire par un enseignement dispensé dans ces pays ou par des stages en Suisse), à la culture (création de centres de documentation), aux sciences et à l'environnement (amélioration du processus de fabrication industrielle, incinération des déchets) ainsi qu'à un soutien technique alimentaire (vivres, médicaments) [59]. Par l'ensemble de ces mesures, les volontés exprimées par les postulats du conseiller aux Etats Huber (pdc, AG) — transmis par la petite chambre — et du député Mühlemann (prd, TG) sont satisfaites [60].
Après les terribles soubresauts survenus en Roumanie, l'aide helvétique s'organisa rapidement. Une première équipe du Corps suisse d'aide en cas de catastrophe arriva le 26 décembre à Bucarest. Le CICR installa deux bases logistiques en Bulgarie et en Hongrie alors que les oeuvres suisses d'entraide et Médecins sans frontières (CH) acheminèrent plusieurs dizaines de tonnes de matériel de secours et de vivres [61].
 
[56] 24 Heures, 6.2.89, JdG, 8.2.89; Suisse, 9.2.89; BaZ, 10.2.89.
[57] 24 Heures, 3.10.89.
[58] Presse du 9.11.89; TA, 10.11.89. Les bénéfices des firmes d'exportation peuvent être rapatriés librement.
[59] FF, 1990, I, p. 121 ss.; Suisse et 24 Heures, 23.11.89.
[60] BO CE, 1989, p. 706 s.; Dé/ib. Ass. féd., 1989, IV, p. 93.
[61] 24 Heures, 27.12. et 29.12.89; NZZ, 28.12.89. Les oeuvres d'entraide sont: la Croix-Rouge suisse, Caritas, l'Entraide protestante et l'Entraide ouvrière.