Année politique Suisse 1989 : Chronique générale / Défense nationale / Défense nationale et société
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Commémoration de la Mobilisation
Les manifestations de commémoration de la Mobilisation de 1939, dont le financement a été assuré par le parlement dans le cadre d'un crédit supplémentaire de 6 millions de francs au budget 1989 de la Confédération, ont été vivement critiquées. Dénommées «Diamant» selon le poème «Eidgenossenschaft» de Gottfried Keller, elles ont été attaquées par le GSsA et la gauche. Parmi les reproches qui leur ont été adressés figure l'aspect amoral de la «célébration du début d'une guerre» à laquelle la Suisse n'a pas payé de lourds tributs. Si on leur a également reproché de n'être en fait qu'une opération de relation publique en faveur du militaire peu avant une votation d'importance, le fait que les femmes en soient exclues n'a pas été passé sous silence. Cette contestation s'est traduite par un grand nombre de propositions alternatives au Conseil national — toutes refusées — allant de la suppression du crédit à son doublement, en passant par sa compensation à charge du crédit budgétaire 1989 du matériel d'armement ou des programmes de recherche militaires [23]. Le projet de doublement du crédit a également été soutenu au Conseil des Etats par Yvette Jaggi (ps, VD) et ce afin de remercier de façon tangible les femmes ayant participé à cette difficile époque [24]. Pour les partisans de Diamant, il s'agissait avant tout de témoigner respect et gratitude à ceux qui s'étaient engagés à cette période.
Exprimer la reconnaissance du pays à la génération mobilisée, présenter des informations de ce temps, démontrer l'importance de la neutralité armée et éveiller l'intérêt des médias, tels étaient les buts de ces manifestations. Pour cela, deux expositions – l'une fixe, l'autre itinérante – ont été mises sur pied ainsi que des journées commémoratives pour les vétérans. Une cérémonie officielle au Grütli, la frappe d'une pièce à l'effigie du général Guisan et la publication d'une carte géographique montrant le déploiement de l'armée suisse en 1939 ont complété ces mesures [25]. Afin de contrer l'argument d'une collusion avec la votation fédérale, celle-ci, initialement prévue en septembre, fut déplacée en novembre [26]. Selon Kaspar Villiger, ces manifestations ont constitué un succès presque total puisqu'elles ont permis d'établir un contact entre les générations. Cependant, un aspect a été négligé – et pas des moindres – celui de la gratitude envers les pays qui ont libéré l'Europe [27].
L'ensemble de ce débat a néanmoins permis de donner une nouvelle impulsion à la recherche historique concernant le rôle de la Confédération helvétique durant la seconde Guerre mondiale. Ce «renouveau» a conduit à la reformulation d'hypothèses jusqu'alors claires comme, notamment, celle ayant trait à l'explication de la non-invasion de la Suisse par les troupes allemandes [28].
 
[23] BO CN, 1989, p. 779 ss. et 805 ss.
[24] BO CE, 1989, p. 321 ss.
[25] Lib., 6.2.89; Bund, 23.2.89; JdG, 23.2. et 24.2.89.
[26] JdG, 7.3. et 8.8.89.
[27] Presse du 28.10.89. Cf. aussi supra, part. I, 1b (öff. Ordnung).
[28] L'Hebdo, 11.5. et 27.7.89. Cf. aussi sélection bibliographique.