Année politique Suisse 1989 : Economie / Agriculture / Politique agricole
Dès le lendemain de la votation sur l'initiative en faveur des petits paysans, l'
USP lança la sienne intitulée «
pour une agriculture paysanne compétitive et responsable de l'environnement». La récolte des signatures démarra tambour battant, I'USP ayant mobilisé toutes ses énergies. La centrale paysanne, consciente du désir de changement manifesté par le souverain, a agi ainsi, selon son directeur Melchior Ehrler, pour éviter que l'on ne fasse une politique agricole sans les paysans. Dans le même temps, l'Alliance des Indépendants (Adl) et le groupe de travail pour une Nouvelle politique agricole (NAP, sigle alémanique) annonçaient leur intention de lancer leurs propres initiatives. Après de longues négociations, ces deux derniers sont arrivés à un accord et présenteront un texte unique qui reste à rédiger
[9].
Les trois projets originels ont un tronc commun qui comprend la volonté d'une agriculture plus proche de l'environnement, plus favorable aux exploitations paysannes familiales et moins industrielle. Cependant, les modalités diffèrent et des divergences existent. Le texte de l'AdI est le plus «européen» et insiste sur un plus grand respect des lois du marché en même temps qu'une meilleure protection de la nature par le biais de bases fourragères suffisantes, de paiements directs et de taxes sur les engrais chimiques. Celui de la NAP est axé sur des objectifs écologiques où la Confédération et les cantons auraient un rôle accru. Il vise à protéger les petites exploitations, à diminuer le nombre d'unités de bétail autorisé à l'hectare et à assurer que les fourrages importés soient produits selon des normes identiques à celles de la Suisse. L'initiative de I'USP est celle qui apporte le moins de changements à la politique officielle. Toutefois, elle permet à la centrale paysanne de soutenir le principe d'un usage plus généralisé des paiements directs. Néanmoins, la plupart du revenu paysan devrait toujours être assurée par les prix agricoles. Ce projet veut également encourager les exploitations paysannes qui cultivent le sol et qui ont une base fourragère propre. La Confédération devrait adapter la production aux conditions d'écoulement et réglementer l'utilisation des produits auxiliaires. L'objectif d'avoir une production susceptible d'assurer l'indépendance du pays est maintenu. Pour leur part, J.-P. Delamuraz et l'Office fédéral de l'agriculture ont estimé qu'il n'y a pas besoin de nouvelles initiatives pour procéder aux réformes nécessaires
[10].
[9] Généralités sur les 3 initiatives: Bund, 16.6. et 19.8.89; SGT, 15.7.89; TW, 17.1.89; NZZ, 18.7. et 14.10.89; Lib., 22.8.89; L'Hebdo, 8.6.89. Initiative de l'USP: FF, 1989, III, p. 439; presse du 6.7., 22.9. et 26.9.89; JdG, 14.10.89; Vat., 15.11.89.
[10] AdI: presse du 19.6. et 21.8.89. NAP: presse du 6.6. et 7.7.89; SGT, 1.7.89; AT, 5.8.89. Sur le rapprochement entre l'Adl et la NAP: LNN, 5.8.89; Bund, 10.8., 19.8. et 21.8.89; presse du 4.11. et 10.11.89; NZZ, 8.11.89.
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