Année politique Suisse 1989 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Ecoles obligatoires
Après les votations zurichoise et thurgovienne de l'an passé, ayant conduit à l'acceptation de l'enseignement précoce du français, le résultat du scrutin populaire
saint-gallois était attendu avec impatience. Par 63 213 non contre 39 586 oui, le souverain du canton de Saint-Gall a refusé l'initiative «Pour une école primaire sans enseignement d'une langue étrangère». Alors que les partisans de l'initiative – se recrutant principalement dans les rangs des enseignants (Association cantonale, Conférence des écoles secondaires) et de l'AdI – invoquèrent la surcharge scolaire des enfants, ses adversaires – réunissant le gouvernement et le parlement cantonaux, le PDC, le PRD et le PS – arguèrent de l'amélioration des capacités de communication entre les générations et du climat politique entre les différentes régions linguistiques. Ils firent également part de leur crainte.d'un isolement langagier après les décisions de leurs voisins zurichois et thurgovien
[2]. Cette inquiétude a par ailleurs été partagée par le canton de
Schaffhouse puisque le parlement de ce dernier a accepté – malgré l'opposition de l'AdI et d'une partie de l'UDC — le principe de l'introduction du français en cinquième primaire dès la rentrée scolaire de 1992/93. Rappelons qu'en 1985, le législatif cantonal s'était montré fort sceptique quant à cette instruction, les enseignants et les parents lui étant hostiles
[3].
La connotation ludique d'un enseignement étant particulièrement importante dans les premiers degrés primaires, le canton de Schwyz rendra obligatoire l'apprentissage du français en cinquième et sixième primaire dès l'année scolaire 1993/94 mais sans notes, sans devoirs à domicile et sans être une branche de sélection. Ce principe est partagé par le département de l'éducation du canton d'Obwald, qui a élaboré un enseignement basé sur la compréhension orale, la discussion et la lecture, l'écriture n'étant qu'un soutien au processus d'acquisition des connaissances
[4]. Une idée directrice similaire animera l'enseignement précoce du français dans le canton de Bâle-Campagne, tel que proposé, après beaucoup de tergiversations, par le Conseil de l'éducation dans le cadre du nouveau plan d'enseignement pour les écoles primaires. Dès 1990/91, trois à quatre heures de français par semaine pourraient être dispensées aux classes de quatrième et cinquième primaire, sous réserve de l'approbation par le parlement et, peut-être, par le peuple, des crédits y afférants. Il s'agirait là d'un compromis puisque le Conseil souhaitait initialement une telle introduction en troisième année
[5].
A l'heure actuelle, la plupart des cantons alémaniques, sous la probable influence de Zurich et Saint-Gall, se sont prononcés favorablement à l'introduction précoce du français en primaire, à l'exception d'Appenzell Rhodes-Intérieures, dont on attend toujours la décision, d'Argovie, où existe une classe pilote, et des Grisons, caractérisés par un système mixte complexe
[6].
A la totalité de ces choix, propices à une meilleure entente confédérale, a correspondu l'échec, dans le canton de Genève, de l'initiative populaire «Contre la suprématie de l'allemand». Lancée en 1988 par le Rassemblement démocratique genevois (RDG), elle n'a pu recueillir les 10 000 signatures nécessaires pour aboutir
[7].
[2] SGT, 1.5., 17.5., 23.5. et 5.6.89. Cf. aussi APS 1988, p. 224 ss.
[4] LNN, 24.1.89 (OW); Var., 2.6.89 (SZ).
[5] BaZ, 12.7. et 27.10.89. Cf. aussi APS 1988, p. 226.
[6] Bund, 28.6.89. Cf aussi APS 1988, p. 225.
[7] JdG et Suisse du 12.4.89. Cf. aussi supra, part. I , 1d (Beziehungen zwischen Bund und Kantonen).
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