Année politique Suisse 1990 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Hautes écoles
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Etudiants et études
Lors du semestre d'hiver 1990/91, le nombre total des étudiants en Suisse s'est élevé à près de 86 000, soit une croissance de 3% par rapport à 1989/90. Le nombre des nouveaux immatriculés a augmenté de 4% par rapport à l'an passé, pour se chiffrer à 16 000. L'Université de Fribourg a connu la plus forte progression (+9%), alors que celles de Saint-Gall et de Zurich ont enregistré, pour la première fois, une diminution de leurs effectifs [30].
Le problème de la durée des études semble se poser avec de plus en plus d'acuité en Suisse et préoccupe nombre de milieux. Selon l'Office fédéral de la statistique, la longueur moyenne des études était, en 1988, de 11,3 semestres et l'âge des étudiants à la fin de leur cursus de 27-28 ans. Ces données agrégées ne doivent cependant pas occulter les différences existant entre les régions et les facultés. En effet, la durée des études en Romandie et dans les deux EPF est, en général, de six mois à une année plus courte qu'en Suisse alémanique. Toutefois, la tendance globale est à une augmentation de la durée de la formation, en raison de la propension croissante à faire des cycles postgrades, des pauses sabbatiques prises par de plus en plus de jeunes avant de débuter le cursus supérieur et du nombre grandissant d'étudiants travaillant à côté de leurs études. Les remèdes proposés vont d'une scolarisation plus précoce à l'éducation permanente au niveau universitaire, en passant par une limitation à douze ans de la durée de l'école jusqu'à la maturité [31]. '
L'Institut universitaire d'études européennes (IUEE), créé en 1963 par .Denis de Rougemont à Genve, a connu un certain nombre de péripétes en 1990. La crise éclata lorsque le corps professoral demanda la démission Ou directeur nommé en 1989, Peter Tschopp, invoquant son autoritarisme et son absence de connaissances au niveau européen. Suite à cette prise de position, les enseignants virent, dans un premier temps, leurs contrats de travail ne pas être renouvelés après le 31 septembre 1991. En raison des tensions régnant à l'IUEE, Peter Tschopp démissionna effectivement en juin. Le Conseil de fondation, désireux d'assurer la rentrée universitaire 1990/91, réengagea les professeurs par des mandats à plus court terme. Cependant, l'avenir de cet institut demeure, à fin 1990, très incertain puisqu'il est soumis à une évaluation et que sa gestion, à titre temporaire, est assurée par le rectorat de l'Université [32] . Le Conseil national a, par ailleurs, transmis sous forme de postulat une motion Pini (prd, TI) demandant un soutien financier accru de la Confédération au Centre européen de la culture, deuxième institution fondée à Genève par D. de Rougemont [33] .
L'Université de Zurich a élaboré, dans son plan de développement 1991-1995, un catalogue de mesures afin d'encourager la présence des femmes en son sein. Il comporte trois grandes lignes: la destruction des barrières existantes, la motivation des femmes pour la carrière universitaire et l'encouragement actif de la nouvelle génération académique féminine [34]. Des initiatives similaires ont été présentées par l'Université de Genève, qui espère ainsi pouvoir concurrencer un projet de loi actuellement à l'étude [35] . Elles mentionnent notamment le principe du choix préférentiel ainsi que des suggestions permettant de tenir compte des années consacrées par les femmes à l'éducation de leurs enfants [36] . Le rapport final publié dans le cadre de l'Alma mater bernoise propose, afin de corriger la sous-représentation féminine, une réglementation par quota ainsi que la création d'un poste pour la promotion de la femme à l'Université. Ce dernier souhait a été concrétisé, la haute école bernoise faisant oeuvre, en cela, de pionnière en Suisse [37] .
La Conférence universitaire suisse a sollicité, pour la prochaine période académique 1992-1995, un crédit de 1983 millions de francs de subventions de base ainsi que 540 millions de francs de subsides d'investissements. Ces sommes devraient permettre d'augmenter de 3% par an, en termes réels, les moyens financiers des universités, afin qu'elles puissent procéder au renouvellement du corps professoral ainsi que des équipements et faire face aux nouveaux défis que constitue notamment l'intégration europénne [38] . Elle demande également que la Confédération octroie un soutien pécuniaire extraordinaire de 120 millions de francs, répartis sur six ans, à la recherche en informatique, afin de combler le retard pris par la Suisse dans ce domaine [39] .
En septembre, les universités romandes et les hautes écoles de la région Rhône-Alpes ont signé une convention de collaboration impliquant une organisation commune du troisième cycle (doctorat), une reconnaissance mutuelle des acquis correspondant aux études effectuées, la création d'instituts conjoints ainsi que la réalisation de projets scientifiques et de réseaux de banques de données [40] .
 
[30] Cette décroissance serait liée au fait que les examens de maturité ont désormais lieu en janvier. Pour les chiffres, cf.: Office fédéral de la statistique, "Etudiants des hautes écoles suisses 1990/91 ", in Info à la carte, Berne 1991.
[31] Presse du 4.5.90.
[32] Presse des 8.2., 21.2., 1.3., 9.3. et 8.6.90; JdG, 10.10.90; NZZ, 12.2. et 8.6.90.; L'Hebdo, 15.2. et 18.10.90; DP, 988, 22.3.90.
[33] BO CN, 1990, p. 1252 s. Le Centre européen de la culture partage ses locaux avec l'IUEE.
[34] Vr, 14.3.90.
[35] Cf. APS 1989, p. 232.
[36] JdG, 4.7.90.
[37] Bund, 23.3.90; TW, 23.3. et 2.6.90.
[38] Presse du 10.10.90.
[39] NZZ, 31.3.90.
[40] JdG, 13.7.90; Suisse, 28.9.90.