Année politique Suisse 1993 : Chronique générale / Politique étrangère suisse
 
Pays en développement
Le Conseil fédéral a nommé Walter Fust à la tête de la Direction de la coopération au développement et de l'aide humanitaire (DDA) pour succéder à Fritz Staehelin. Cette nomination a suscité de nombreuses critiques de la part de plusieurs parlementaires romands et des organisations d'entraide; ces dernières ont estimé que c'étaient avant tout des critères administratifs et politiques qui avaient présidé à cette décision, alors que d'autres candidats, en particulier le directeur suppléant de la DDA, Jean-François Giovannini, leur paraissaient mieux convenir au profil du poste [60].
Le Conseil national a rejeté une motion du groupe des Démocrates suisses et de la Lega qui priait le Conseil fédéral d'orienter la coopération suisse au développement en s'inspirant de principes écologiques dans le sens d'un appui à la stabilisation démographique, en contribuant à la promotion de l'artisanat adapté aux conditions locales et en liant la coopération à la volonté des pays en développement d'appliquer des programmes efficaces de contrôle des naissances ou de planning familial. Déclarant qu'il lui paraissait contre-productif de conditionner l'aide suisse à l'introduction de programmes de planification familiale, le Conseil fédéral s'est prononcé contre cette motion; il fut suivi par une très large majorité des députés. La chambre basse a par contre transmis un postulat Seiler (pdc, ZH) qui demande au Conseil fédéral de présenter un rapport sur les négociations du GATT vues sous l'angle de la politique de développement [61].
Bien que l'aide au développement ait subi certaines coupes budgétaires, les engagements pris par la Confédération furent nombreux en 1993. Des accords de financements mixtes ont été conclus avec le Vietnam, la Thaïlande et le Pakistan. Plusieurs négociations sur des actions bilatérales de désendettement se sont déroulées en 1993; des accords de réduction de dette ont ainsi pu être conclus avec la Bolivie, le Honduras, le Nicaragua, le Pérou, la Jordanie, le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie. Des aides à la balance des paiements ont également été octroyées à l'Ethiopie, au Vietnam, à Madagascar et à l'Ouganda. Enfin, des accords bilatéraux de consolidation et de rééchelonnement de dettes ont été signés avec le Brésil, le Honduras, la Guinée, le Mali et la Sierra Leone [62].
En ce qui concerne l'aide humanitaire, 237 millions de francs ont été mis à disposition par la Suisse. Ce montant a été réparti de la façon suivante: Afrique (40,7%), Asie (22,1 %), Amérique latine (7,8%) et Europe (29,4%). Un effort particulier a été consacré à l'ex-Yougoslavie; depuis le début de la guerre, environ 80 millions de francs ont été dépensés afin de soulager les souffrances des populations [63].
Les Chambres fédérales ont ratifié l'accord international sur le sucre ainsi que la prorogation d'une année de l'Arrangement multilatéral concernant le commerce international des textiles, en raison du report de l'aboutissement des négociations du cycle de l'Uruguay [64]. Lors d'une conférence des Nations Unies, un nouvel accord international sur le cacao a également été adopté, le précédent accord arrivant à échéance en' 1993. Son objectif est de stabiliser le marché en équilibrant l'offre et la demande et de faciliter une limitation de la production. La Suisse a également signé ce texte d'une grande importance pour son industrie chocolatière [65].
 
[60] BZ, 8.2.93; TA, 21.4.93; NQ, 8.5 et 2.6.93; presse des 9.6, 15.7 (retrait de F. Staehelin) et 7.9.93; 24 Heures, 31.8.93.
[61] BO CN, 1993, p. 841 ss. (motion) et p. 1399 s. (Seiler).
[62] FF, 1994, I, p. 760 ss. (rapport sur la politique économique extérieure); DP, 23.3.93.
[63] Rapp. gest. 1993, p. 35 ss.
[64] FF, 1993, II, p. 349 ss.; BO CE, 1993, p. 598 ss.; BO CN, 1993, p. 1630 ss.
[65] FF, 1994, I, p. 1031 ss.